Partie 5: Badge et Menottes

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— Oui, c'est bon, on peut y aller, mais te sens pas obligé je peux aussi appeler un taxi, si ça t'embête tant de me reconduire.

Mon ton est comme je le voulais, juste assez sec.

Il me répond avec autorité en m'attrapant par la main, ce qui me surprend.

— Allez en route avant que je change d'avis, lance-t-il irrité.

Il fait de grandes enjambées et mes chaussures raisonnent dans l'église, ce qui donne un cliquetis très énervant.

Je n'ai pas le courage de dégager ma main après cette mâtinée, et puis il faut avouer que j'ai du mal à soutenir mon propre poids. Une fois arrivée devant la voiture, je lui tends les clés, il m'ouvre la portière, chose qu'il ne ferait jamais si je n'étais pas sur le point de m'écrouler. Il démarre puis s'engage sur la route, en silence. Après quelques minutes, les bonnes manières me reviennent.

— Merci de me raccompagner.

L'épuisement dans ma voix est perceptible.

— Pas de problème, depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ? me demande-t-il d'une voix plus que sérieuse.

— Quoi ?

Je me retourne vers lui, mais c'est quoi son problème

Il était sympa depuis deux minutes, et dans le cas de Jace, sympa veut dire silencieux, et voilà qu'il recommence à me prendre pour une enfant. Jusqu'à ce que je me rende compte que mon estomac est vide depuis deux jours peut-être, je ne me souviens plus très bien. C'est pour ça que j'ai failli tomber dans les vapes tout à l'heure. Alors que j'essaye de compter les jours depuis mon dernier vrai repas, Jace insiste.

— Réponds-moi.

— Je ne sais pas, un petit moment, avouais-je un peu honteuse.

Il serre le volant un peu plus fort, la jointure de ses doigts tire sur le blanc. Il est trop bizarre.

— Je peux te cuisiner quelque chose, mon service ne commence que dans deux heures., propose-t-il d'une voix neutre.

L'image de lui en cuisine, essayant d'allumer le gaz me fait rire. Je ne le vois pas du tout en chef cuisinier. L'imaginant émincer, assaisonner, enfin, cuisiner tout simplement, est à mourir de rire. J'essaye de me retenir, mais c'est impossible, j'éclate.

— Ha haha ! Je ne veux pas être méchante, mais si tu es responsable de tout ce qui n'est pas en rapport avec la cuisine au restaurant, c'est sûrement pour une bonne raison.

Il se tend et je ne peux pas m'empêcher de rire de plus belle, quand il me regarde d'un air faussement offusqué. Je ne sais même plus si c'est la situation qui est comique, ou si c'est mon épuisement qui ressort.

— Tu te fiches de moi j'espère ! La seule raison pour laquelle je ne suis jamais en cuisine, c'est parce que je suis le seul à savoir me servir d'une clé de douze.

Ses fossettes se creusent lorsqu'il rajoute.

— Tu vois Hailey ou mes parents essayer de réparer l'enseigne du restaurant ?

Ça remarque n'est pas bête, j'ai du mal à imaginer monsieur ou madame Hitton tenter de rafistoler quoi que ce soit, et encore moins Hailey, elle est débrouillarde, mais pas à ce point.

— Je n'y avais pas pensé, alors tu sais cuisiner en faite ? dis-je d'une voix intéressée.

— Bien sûr que je sais, enfin, pas que beaucoup de gens ont déjà gouté à ma cuisine. Mais je pense que oui. Il se met à bredouiller. Enfin, je me débrouille...

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant