Partie 64 : Destination inconnue

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C'était le repas le plus stressant et étrange de ma vie. Au début, je n'ai pas pu manger la moindre bouchée, de peur que ce soit un piège. Puis je me suis dit que, si ça l'était, ce serait ridicule de mettre en place une telle mise en scène pour ensuite, m'empoisonner.

Je me sens beaucoup mieux après avoir aussi bien mangé, même si je ne voulais pas me sentir redevable, après tout c'est de leur faute si je me retrouve dans cette situation. Alors rien à faire, je me suis goinfré au point de ne plus pouvoir rien avaler.

Angeline m'a posé tout un tas de questions que j'ai esquivé avec brio, hors de question de donnée des munitions à son mafieux de père. William m'a complètement ignoré, mais j'ai remarqué les regards en coin qu'il me jeter sans arrêt. Il était aussi tendu qu'un fil de fer et semblait ne pas être habitué à ce genre de diner. Heat quant à lui, ne faisait que m'observer se montrant intéressé par les quelques réponses que j'ai concédées à sa fille, et quelques fois, un rictus venait souligner son visage impassible.

Quant à Marie, elle semble avoir rempli le rôle que son atroce époux lui a confié à la perfection, joué les plantes vertes. Elle me fait de la peine. Cette femme semble complètement ailleurs, comme perdue dans un monde qu'elle s'est créé pour échapper à la cruauté et au contrôle que son mari exerce sur elle depuis des années surement.

Je n'ai rien appris de nouveau qui pourrait nous aider, Suarez et moi.

L'homme au bouc m'a ensuite raccompagné à ma cellule ou j'attends William avec impatience, allongée dans mon petit lit. Il m'a promis que je verrais Iris et Sarah, j'espère qu'il tiendra sa promesse.

Mes yeux papillonnent à la recherche de lumière qui semble s'être tamisée, j'ai dû m'assoupir, quand je me réveille William est la et fume une cigarette en m'observant.

— Tu me regardes dormir maintenant, pervers, je lui lance sans détour en me redressant.

Il ricane, mais ne réponds pas tout de suite à ma pique.

— Allez viens je t'emmène les voir, dit-il en tirant une dernière bouffée de nicotine.

Je me relève d'un bond manquant de me casser la figure et le suit sans demander mon reste hors de la cellule.

Un dernier filet de fumée s'échappe de sa bouche quand William referme la lourde porte derrière nous. Il jette son mégot en donnant une pichenette calculée au bout puis m'attrape par le bras et je proteste aussitôt.

— Ne me touche pas, lui dis-je en me dégageant.

Mais il me saisit une nouvelle fois en serrant un peu plus sa prise, m'obligeant à lui faire face.

— Ne fait pas de bruit, dit-il en fronçant les sourcils puis en me relâchant.

Je m'exécute, il n'a pas dû recevoir l'autorisation pour cette visite, mais il a quand même tenu sa promesse.

Il passe devant moi et parcourt un couloir sombre derrière les escaliers en fer forgé qui mène au quartier luxueux de son père. Il fait signe de m'arrêter et je me colle contre le mur en béton et essai de faire le moins de bruit possible. Will regarde à droite puis à gauche, son pull suit ses mouvements et ses muscles se détendent quand il me chuchote que la voie est libre. Nous nous engouffrons dans un couloir vide, sans porte, juste deux murs parallèles ou l'on passe à peine à deux.

Je reste derrière le blond qui mène notre excursion et ressent une pointe de reconnaissance devant les risques qu'il prend pour me permettre de voir Iris et Sarah, je réfléchis à la possibilité de le remercier quand une voix nasillarde retenti devant nous à peut être quelques mètres sur la droite.

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant