Une fois froissé il ne peut plus être parfait

Partie 43: Park & Hell

– Non, mais ça ne va pas ! Dis-moi que c'est une blague ?! Ne me lance pas de coup aussi dur, espèce de sauvage !

Bastien reste planter là devant moi, en riant, le menton haut et fier de lui, les mains posées sur les hanches de son short rouge. Pas une pointe de transpiration ne recouvre son impressionnante musculature, alors que moi, je suis en nage, peu habituée à autant de sport.

Le vélo, la course à pied c'est une chose, mais ce n'est rien comparé à l'entrainement quasi militaire qu'il m'impose. Bon d'accord, j'étais partante pour ça, je me disais que ça serait marrant, et que ça m'aiderait à me défouler. Et Jace est rassuré depuis que je prends en plus des cours de boxe, de la musculation et du reste, des cours de self-défense avec l'infatigable Bastien. Et, même si c'est une période creuse entre mon flic et moi, je suis encore capable d'écouter ses conseils et de faire ce qu'il me demande. Pour le sport je comprends l'utilité, et si ça peut lui fait plaisir, tant mieux !

– Bastien, je suis débutante, comme tu le dit si bien, alors, calme-toi, tu vas me casser quelque chose.

Je remets en place mon jogging et ressers, tant bien que mal, ma queue de cheval qui colle à ma nuque.

Ça fait deux heures que je suis ma session privée avec Bastien pour tyran, mais je m'estime heureuse, aujourd'hui on est loin des quatre heures d'entraînement qu'il m'inflige le vendredi. À ce rythme-là, dans un mois, je vais finir par ressemblait à, The Rock.

Quand je suis arrivée la première fois dans le gymnase Park & Hell, l'odeur de transpiration mélangée à la testostérone et à une espèce d'odeur âcre que je n'ai toujours pas réussi à identifier, me gênait vraiment. Maintenant que je participe à cet éventail peu reluisant de parfum, et surtout depuis que Bastien continue à me mettre à terre aussi facilement, je n'en ai plus rien à faire. Je m'inquiéterai de ma puanteur plus tard, là j'ai la haine.

– C'est simple, il faut que tes pieds bougent constamment, que tu puisses anticiper mes mouvements. Tu réfléchis trop Nina, me dit-il en repositionnant sa garde. C'est plus un ressenti, tu vois, le sentiment que je vais frapper ici, dit-il en pointant mon épaule gauche, ou ici, finit-il en pointant mes côtes. Tu vois ? Arrête d'analyser, laisser toi porter par tes sentiments.

Je hoche la tête peu convaincue de son explication. Faire confiance à mes sentiments ? C'est vrai que ça m'a aidé jusqu'ici, me nargue ma conscience. Ça va être compliqué en ce moment de les écouter, encore plus que d'habitude. Ça fait plus d'une semaine que j'évite subtilement Jace. Depuis qu'il m'a avoué que Jessica était tout aussi, implique que lui, Bastien et mon frère, je suis perdue. Je ne sais plus quoi penser.

Je suis contente qu'il me l'ait dit, pour une fois il n'a pas attendu que je le découvre par moi-même. Il a fait un pas en avant, mais ça ne fait pas moins mal pour autant. Je ne lui en veux pas. C'est ce qui est le pire. Si j'étais sur et certaine d'une chose, c'est que Jessica ne pouvait pas me mentir, elle ne l'a jamais fait. Et quand je me souviens de son visage baigné de larme à l'enterrement de Stephane, j'ai envie de vomir. Et ça me met dans une rage folle.

Comment ai-je pu me tromper à ce point ? J'analyse parfaitement les gens d'habitude, c'est d'ailleurs ce que me reproche Bastien en ce moment. Puisqu'apparemment, en boxe, ce défaut que je pensais être une qualité que je possédais ne m'ai d'aucune utilité d'après lui. Et dans le monde extérieur à cette salle de gym non plus apparemment, puisque mon radar est défectueux, depuis combien de temps ? Je l'ignore, mais je n'aime pas ça.

J'ai décidé de changer, mais ça ne va pas se faire du jour au lendemain, surtout si mes proches s'obstinent à me cacher la vérité comme si j'étais le maillon faible, la personne à préserver. Je peux être utile aussi, nom de Dieu ! Donc j'ai décidé de le leur prouver.