Partie 13: Apparences trompeuses ?

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Le téléphone n'arrête pas de sonner depuis que je suis rentrée. J'ai postulée pour une place de serveuse dans plusieurs restaurants du centre commercial, et j'ai reçu quelques réponses positives. J'ai un entretien la semaine prochaine, et un autre lundi, ça serait bien d'économiser encore un peu pour l'Université.

À la mort de nos parents, Stéphane et moi avons touché la police d'assurance, puisque c'était un accident et que nos parents n'étaient pas responsables. Nous avons eu assez d'argent pour vivre comme on l'a toujours fait, ni plus ni moins. La maison étant payée depuis plus de dix ans, nous n'avions que les factures, de quoi nous nourrir, et l'essence à payer. Nous avons eu de la chance dans un sens.

Mais maintenant, il faut que je pense à la suite, les études ne sont pas données, et je n'ai pas eu les notes suffisantes pour prétendre à une bourse. J'espère au moins être prise à l'Université locale. J'ai fait ma demande pour intégrer le cursus en mi-semestre étant donné les événements. De toute façon, je n'ai pas la prétention ni les moyens d'espérer mieux. Du moment que j'étudie ce que j'aime, je me fiche de l'endroit où ce sera.

Mira aussi a téléphoné, elle et Jessica organisent un weekend au lac, dans le chalet de ses parents. Elles ont eu la gentillesse de m'inviter ainsi que Hailey. Quand j'y pense, j'ai toujours cru que Jace, Mira, Jessica et Bastien, étaient avant tout les amis de Stéphane. Mais en y réfléchissant d'avantage je me rends compte, qu'ils ont toujours été là pour moi.

Mira m'a accompagnée avant chaque rentrée scolaire pour m'acheter de nouveaux vêtements. Je la soupçonne d'avoir suppliée Stéphane de la laisser faire, le connaissant, il n'a pas dû s'acharner plus que ça avant de capituler en sa faveur. Stéphane, s'occupait de tout, sauf de faire les magasins, et les courses, que je faisais avec Jessica tous les samedis. Bastien, quant à lui, me donnait des cours du soir, surtout dans les matières scientifiques. Grâce à lui, j'ai pu maintenir ma moyenne en mathématiques. Et Jace, et bien... Jace a toujours été dans le décor. Il me gardait plus jeune, pendant les gardes de nuit de Stéphane. Pas que j'avais besoin d'une nounou, mais ça rassurait Stéphane, et étant son meilleur ami, il ne lui disait jamais non, et c'était réciproque. Et puis il était sans arrêt là, pour bricoler des tas de bidules avec mon frère, alors qu'ils pouvait parfaitement les racheter, mais non, tant qu'ils étaient capables les réparer, il était hors de question de les jeter.

Je prends conscience, assise dans mon salon, une tasse de thé à la main, que ça n'a jamais seulement été Stéphane et moi. C'était nous, mais avec des amis extraordinaires qui gravitaient autour et avec nous. Ils ont toujours fait preuve d'abnégation, au profit de notre petit groupe, non notre famille ! Parce que c'est ce qu'on était, et ce qu'on est toujours même après la mort du centre de notre monde. Nous ne partageons peut-être pas les liens du sang, mais nous avons en commun, quelque chose que même des familles, plus conventionnel en apparence, n'ont pas forcément. C'est cet amour qu'on a, les uns pour les autres, et qu'on a toujours entretenu. Je suis comme la petite dernière d'une fratrie bancale, mais une tribu qui n'en reste pas moins aussi belle. Comme Aristote l'a dit : « le tout est plus que la somme de ces parties ».

Avant de pouvoir finir l'analyse de notre clan, le téléphone sonne pour la énième fois

— Allô ?

Je bois une gorgée en attendant une réponse. Mais rien ne vient, je répète alors :

— Allô ? Qui est-ce ?

Ma voix commence à se faire pressente, mais toujours rien.

Je raccroche le téléphone après avoir attendu dix secondes, une possible réponse à l'autre bout du fil. Bizarre, c'est sûrement un faux numéro, ou moi qui hallucine à force d'avoir entendu la sonnerie du téléphone tout l'après-midi.

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant