Partie 41: 2 + 1 = 3

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Après avoir remis de l'ordre dans les dossiers éparpillés aux quatre coins de la pièce due à notre fuite, je me retourne sur Jace qui termine de recoudre le bras de blessé de Julian. 

J'ai décidé que j'allais faire un effort, enfin, plus qu'un effort. Je vais m'endurcir. Il faut absolument que je téléphone à Stephane pour arranger les choses également. J'espère que ma démarche, aussi tardive soit-elle, le poussera à me donner des détails sur ce foutoir, ce qu'il m'a jusqu'ici refusé.

Pour être tout à fait honnête, je ne lui ai pas trop laissé le temps de s'expliquer. Après avoir encaissé sa fausse mort, mes disputes incessantes avec Jace, et l'effraction chez moi, je veux dire chez nous, je ne lui ai pas donné une seconde pour en placer une.

Oh putain ! Comment ai-je pu oublier ça ? Je peux sentir le sang quitter mon visage. Ma main qui tient le sac poubelle s'immobilise, comme l'ensemble de mon corps. De ma main libre, je me pince l'arête du nez pour m'aider à mieux réfléchir, les sourcils tellement froncés que j'en ai mal au crâne. 

Je n'ai pas fait ça, si ? Comment ai-je pu être autant à côté de la plaque ? L'ordinateur de Stephane qui a disparu ! Je devais absolument en parler à Jace, ça m'est complètement sorti de la tête ! Notre petite bulle était trop jolie pour que je l'éclate avec cette épine de merde qui va éclabousser mon histoire, ou plutôt mon début d'histoire avec Jace, merde, putain de merde. 

Je dis n'importe quoi ! Il n'y a jamais eue de bulle, et même si c'était le cas, entre mon caractère de merde et les mensonges qui se sont accumulés - même si j'essaie vraiment très fort des oubliés - l'on rendu complètement noir. Arrête de te trouver des excuses Nina, c'est encore ta tête-de-moineau qui a oublié. Le combo entre ma bulle sombre de bonheur et ma mémoire de poisson rouge ne fait vraiment pas bon ménage. 

Jace va péter un câble quand il saura que j'ai omis ce léger détail. Qui j'essaye de convaincre, vu les circonstances, ce n'est pas comme si j'avais oublié de sortir la poubelle, merde. Je le vois d'ici me hurler dessus comme du poisson pourri, et ces yeux verts virés au noir, et le pire, c'est que je le mérite amplement. 

Et ma bêtise pourrait avoir des conséquences. Je n'ai aucune idée de ce qu'il peut y avoir sur ce fichu ordinateur, et pour quoi Stephane ne l'a pas pris quand il a élu domicile post-mortem chez Jace, nom d'un lutin irlandais. Et c'est quoi ça encore, je divague complètement.

– Je vais nettoyer la scène de crime, dis-je en souriant pour masquer mon inquiétude.

Jace esquisse un sourire en coupant le fil de suture du bras de Julian. Quand il a terminé son entreprise, le brun qui se trémousse sur son tabouret en serrant les dents, se retourne vers moi en levant un sourcil. Je lui demande alors en marchant à reculons vers la salle de bain :

– Trop tôt ?

- Non, tu crois ? dit-il en montrant son bras que Jace recouvre de gaz.

– Désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher, j'ai toujours rêvé de dire ça, dis-je en levant les bras au-dessus de ma tête en feignant l'innocence.

J'espère que Jace va comprendre ce que j'essaie de lui dire sans ouvrir la bouche. Et étonnamment, il plisse les yeux, enlève ses gants puis les jette sur la table avant d'attraper la bouteille de vodka que Julian a sortie pour s'anesthésier le cerveau contre la douleur. Il en verse sur son épaule en souriant un peu trop au goût de son patient qui lui tape sur la main.

– Arrête de tirer du plaisir espèce de maso, lui lance-t-il.

– Ne le prend pas comme sa princesse, lui répond-il en lui servant un verre du liquide transparent que Julian ingurgite aussi tôt.

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant