Chapitre 9

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POV Emma

Jamais de toute ma vie je n'avais été si humiliée.

Je n'avais rien dis, rien fais. J'étais juste là...

Etait-ce suffisant pour me faire traiter ainsi ?

Il semblerait qu'Harry était de cet avis...

Les trois prochains mois risquaient d'être gais.

- Ne fais pas attention à lui ! me dit Gemma en posant sa main sur mon bras, sentant ma gêne.

Elle semblait peinée, tout comme sa mère.

- Tu lui montres sa chambre ? proposa Anne en regardant Gemma, souriante, tentant de chasser l'air embarrassant présent dans la pièce.

- Avec plaisir ! sourit Gemma en me tirant déjà par le bras. Tu verras, il changera vite d'avis, affirma-t-elle ensuite en se penchant vers moi alors que nous venions de gravir l'escalier.

Puis une porte, un peu plus loin, sur ma droite, claqua.

Gemma déglutie difficilement, sachant que ce qu'elle venait de dire n'était qu'un mensonge.

Mes mains, le long de mon corps, se mirent à trembler : je m'empressais d'attraper d'une main la bretelle de mon sac que retenait mon épaule et emprisonnait l'autre dans ma poche de sweat.

Ce n'était pas l'énervement qui m'avait fait réagir ainsi.

Pourquoi aurais-je été énervée contre quelqu'un que je ne connaissais pas ?

Pourquoi Harry l'était-il contre moi alors ? Il ne me connaissait pas après tout...

- Allez ! Viens, sourit Gemma en me tirant une fois encore par le bras. Et voilà ton sanctuaire pour les trois prochains mois, rit-elle ensuite en poussant la porte d'en face de celle venant de claquer bruyamment.

Ma chambre, en face de celle d'Harry.

Trois mois. Quatre-vingt dix jours.

Quatre-vingt dix longs jours.

Seraient-ils plus longs pour lui ou pour moi ?

Anne interrompit une fois encore mes songes, les bruits de ma valise grattant le parquet à l'entrée de ma chambre :

- J'aurai pu le faire vous savez, ris-je en attrapant ma valise et en la calant dans un coin de la chambre, assez grande et claire.

- Peut-être, répondit-elle en riant. Mais ce que tu vas pouvoir faire et ce que tu vas être obligée de faire, c'est de me dire 'tu'. Suis-je si vieille que ça ? fit-elle semblant de demander à sa fille à mon côté, le sourire aux lèvres.

Voyant le mutisme hilare de Gemma, Anne s'empressa de dire :

- Non, ne répond pas finalement !

Heureusement qu'Anne était quelqu'un de joyeux : elle allait me permettre d'oublier la rage de son fils à mon encontre.

Et Gemma semblait tout aussi gentille que sa mère : deux épaules sur qui compter, pensais-je en souriant.

- Allez, viens Gemma, laissons Emma déballer ses affaires, déclara Anne en sortant de sa chambre, attrapant sa fille par le bras.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, frappes à ma porte : juste à gauche de ta chambre, rajouta Gemma en souriant.

- J'y penserais, souris-je alors.

Puis elles sortirent de la chambre, la porte restant entrebâillée, tandis que je m'asseyais sur le bord du lit, le matelas s'enfonçant sous moi.

La tête dans les mains, les larmes ne purent s'empêcher de couler sur mes joues.


French Girl. HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant