Chapitre 30

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POV Harry

Assis à table, déjeunant, je restais muet, ne m'attendant pas qu'elle ne prenne la parole, encore moins en présence de ma mère et ma sœur, Robin étant déjà parti travailler.

- Bon allez, je monte me préparer, déclara ma mère en déposant un baiser sur le haut de mon crâne. Bonne journée Harry.
Le rouge montait dangereusement à mes joues, mais, après tout, c'était ma mère, et elle m'aimait.
Puis, posant sa main sur la nuque d'Emma, elle caressa distraitement ses cheveux :
- Passes une bonne journée, Emma, sourit-elle, avant de quitter la cuisine.
Puis cela redevint silencieux dans la cuisine, silence seulement troublé par des bruits de mastications : le silence des morfales ! avait-on l'habitude de dire chez nous.
- C'est pas le tout, mais faut que j'y ailles ! rit Gemma en abandonnant ses couverts sales dans l'évier. Frangin ! déclara-t-elle comme au revoir. Emma, tu vas tous les faire tomber avec ton uniforme.
Puis, riant, elle nous abandonna également dans la pièce, provoquant les rires vite maîtrisés d'Emma.
L'avais-je déjà vraiment vu rire ? Ne serait-ce qu'entendu ?
Jamais.
Continuant de manger, attablé en face d'elle, j'attendais : qui d'elle ou de moi allait prendre la parole en premier ?
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? ne pus-je m'empêcher de demander enfin, en chuchotant.
Relevant doucement les yeux de son assiette, elle déclara :
- Tu souffles le chaud et le froid : je ne comprends pas pourquoi tu veux te racheter à mes yeux... Enfin, c'est ce que tes mots laissaient comprendre au travers d'eux, rajouta-t-elle alors, incertaine.
- J'en sais rien, répondis-je. Ce que je sais, c'est que j'ai fais et dis des conneries... que je regrette, finis-je, les mots bloquant ma gorge.
Car oui, je regrettais alors tout ce que j'avais dis et fais.
Tout ce que je lui avais dis et fais.
- Je suis vraiment désolé Emma...
Son nom n'avait pas griffé ma langue comme je l'avais cru encore hier.
Ses yeux bruns fixant les miens, elle cessa de porter à sa bouche sa fourchette, son regard me transperçant.
On aurait dit qu'un combat acharné se déroulait à l'intérieur d'elle : que pensait-elle à ce moment là ?...
- Mieux vaut tard que jamais... souffla-t-elle alors.
Je ne pus m'empêcher de sourire en l'entendant prononcer ses mots.
Elle allait m'excuser.
J'en étais certain.
Je le voulais tellement.

French Girl. HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant