Chapitre VII

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Le bateau amarra dans le port. La liaison maritime entre Diavie et Balsam était conséquente: dix à douze navires par jour faisaient l'aller-retour. Mais c'était le bateau de Massoa que Rafael attendait sur le quai, les mains jointes, le dos droit dans sa veste noir aux coutures dorées, et dans un pantalon noir en tissu léger. Il avait pris les habitudes d'un homme du Sud. Il avait laissé poussé ses cheveux noirs qui bouclaient légèrement mais se refusait la barbe, il se préférait sans. Bel homme, une femme se retourna sur lui, il rougit en baissant les yeux. Il avait toujours été un grand timide. Il se racla la gorge en apercevant le navire, au bout du mat un drapeau allénien. Alice Nikonov arrivait à Balsam. Aysha avait envoyé son demi-frère l'accueillir. Jamais Rafael n'avait imaginé revoir Nikonov un jour. Depuis leurs adieux à Rebourg, ils ne s'étaient jamais re-croisés. Rafael passait sont temps entre Mont-Riche chez ses parents, Diavie, son travail et Balsam, pour voir ses neveux et nièces. Il avait un quotidien et une vie bien délimités et qui lui plaisait. L'Allénie était un pays hors de son champ de vision à présent. Quant à Alice, elle avait pris les rennes d'un des bureaux de la SEA, et était chargée de pourchasser les criminels politiques en fuite à travers le monde. Rafael n'était guère surpris par ce fait. Elle avait toujours aimé l'aventure et bouger. Rester derrière un bureau n'était pas pour elle. Ça y est! Le moment qu'il redoutait arrivait. Alice Nikonov descendit du navire en marchant sur le ponton en fer. Un pantalon enfoncé dans ses bottes noires, une chemise blanche impeccable et une veste trop épaisse pour le temps, Alice débarquait à Balsam. Toujours aussi blonde, les cheveux attachés en un chignon négligé, des yeux clairs, et un sourire significatif qu'elle adressa à Rafael. Sa face longue et charmante lui rappelait des souvenirs transcendants. Il lui tendit la main pour qu'elle la serre, elle ria:

-Voyons Rafael. Viens dans mes bras!

Elle l'enlaça subitement. Il en fut surpris et le serra à son tour. Ce corps si frêle et en même temps si fort de par son intellect sa manière d'être, le fit frémir étrangement:

-Je suis ravie de te voir Alice. Murmura-t-il dans son oreille.

Elle s'écarta:

-De même. Tu n'as pas changé en huit ans, juste une ou deux rides par ci par là. Mais tu as toujours cette même tête d'innocent qui ne sait pas ce qu'il fait là.

-Très juste. Ria-t-il doucement. Tu es déjà venue en Auguste?

-Une fois, j'étais enfant. J'ai peu de souvenir. J'ai hâte de voir à quoi ressemble ce pays.

-Aysha va te recevoir.

-Oh! Tu sais qui j'ai hâte de voir?

-Non?

-Le Prince Jacob. Un Manaé qui vit en Auguste, c'est comme un chaton qui vit avec des lions. Je me demande comment il survit?

Rafael explosa de rire, et accompagna Alice d'un geste en lui montrant la voiture entourée de gardes qui les attendaient. Si Alice savait que ceux qui malmenaient le plus Jacob n'était pas les Augustins, mais ses propres enfants.

A peine Alice arriva dans le grand salon qu'une petite fille d'a peine 2 ans se rua vers elle, enfin vers Rafael en hurlant:

-Oncle Rafael!!

Son oncle la réceptionna en espérant ne pas tomber. Lina courait toujours trop vite, et des fois elle ne mesurait pas sa vitesse et même Jacob tombait parfois. Justement ce dernier arriva juste après, Samira dans ses bras, et Sofiane à ses cotés. L'ainé du couple était sage comme une image, très sérieux, tout comme Samira. Alice n'en revenait pas de la beauté des enfants qu'elle voyait. Jacob la salua rapidement, épuisé:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant