Chapitre XXI

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Il faisait nuit. Rafael se surprit à penser que à chaque fois qu'il avait un mauvais pressentiment il faisait nuit. Au loin, les ombres des ruines de Volulina se dessinaient tranquillement, un vent fin faisait danser la sable. Il n'y a rien de plus poétique que le désert. Et les chants d'Hicham ne faisait qu'accentuer ce fait. Il arrêta de chanter en apercevant la ville ancienne. Il expliqua, toujours sur son cheval:

-Ici, à Volulina, mourut le deuxième fils d'Auguste. Il mourut en désirant se battre pour l'amour de Lina, une chanteuse, elle chantait si bien qu'il en tomba amoureux. Mais elle était mariée à un vieil homme. Le deuxième fils d'Auguste, Anis, se fit tué après leur seul nuit d'amour.

- Mourir pour si peu. Dit Alice. 

-Au contraire, fit Rafael, autant mourir d'un feu ardent, que de se laisser mourir à petit feu. 

-Tu deviens trop poétique Rafael. Affirma Alice. 

-On n'est jamais trop poétique. Le défendit Hicham. Volulina est la cité antique de l'amour impossible.

Un bruit étrange interrompit la conversation. Hicham ne put finir son histoire: de l'amour de Lina et Anis naquit Émir d'Auguste. Aysha étant son descendant direct. Alice haussa les oreilles. La nuit ne lui permettait pas d'utiliser sa vue, alors elle se servit de son ouïe. Rafael l'observait avec attention. Il eut envie de sourire mais une douleur immense à l'épaule l'en empêcha. Il tomba de son cheval en criant. Il sentit du sang coulé le long de son bras. Alice cria:

-Rafael!

Puis un cri rauque résonna à travers les dunes. Hicham quitta sa monture à son tour après qu'un homme lui ait sauté dessus. Ils se battirent sur le sol. Le cheval d'Alice hennit de peur, se cabra et elle tomba sur le dos en criant. Elle tenta de se débattre de toutes ses forces en hurlant. Des hommes en noirs lui mirent des cagoules sur la tête, elle crut étouffer. Rafael ne parlait plus, de bougeait plus. Il ne sentait que le sang coulé dans sa manche, et la peine immense qui le rongeait. Étrangement il n'avait qu'une pensée en tête. Pendant 8 ans, il n'y a pas eu un jour où il ne s'est pas demandé où était Alice, si quelqu'un l'aimait, si elle aimait quelqu'un, si elle était heureuse...Il ne voulait pas mourir sans qu'elle sache...Il sombra dans l'inconscience.

Tout était sombre, juste une petite lucarne éclairait les murs anciens et poussiéreux. Rafael grimaça de douleur. Il avait si mal à l'épaule. Il ouvrit les yeux un par un. Alice l'appela:

-Rafael. Rafael. Réveille toi. 

-Aie. 

-Fais pas ta mijaurée. La balle t'a à peine effleuré. 

-La balle? Murmura Rafael.

Il regarda la plaie à sa gauche, on l'avait recousu assez négligemment. Une belle cicatrice était à prévoir dans le meilleur des cas, ou une maladie du sang dans le pire. Hicham n'était pas là. Rafael avait du mal à parler, alors Alice expliqua:

-J'ai vu leur chef, la soeur d'Hicham. Elle a l'air sévère, et je sais de quoi je parle. On est enfermé dans le seul bâtiment qui a un toit. Moi qui voulais bronzer. 

-Je dois rire. Grimaça Rafael. 

-J'essaye. Voyons le bon côté des choses. Ça fait quand même quatre heures que tu es inconscient. 

-Tu as vu Daniel? 

-Non. Pas encore. J'imagine que c'est la cerise sur le gâteau. J'ai faim en plus. Oh! Oh!

Elle cria en tapant du pied puisque ses mains étaient liées par une corde épaisse dans son dos. Du sable vola:

-Oh! Oh! J'ai faim!

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant