Chapitre VIII

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Il était une ombre d'où émanait une fine fumée blanche. Une fumée de cigarette. Il la jeta d'un geste, tira sur sa veste noire, toucha son noeud papillon, et marcha d'un pas décidé sur les graviers. De la lumière, de la musique sortaient de la demeure immense des Radmacher. Tobias avait revêtu son plus beau costume noir avec sa chemise blanche. Il se sentait un peu ridicule, mais qu'importe. Un portier lui demanda son invitation, et s'annonça d'un ton fort. Le portier répondit en rendant l'invitation cartonnée:

-Bienvenu Monsieur Dinkel.

-Merci. Sourit Tobias.

Il y avait de l'agitation, beaucoup de monde, des gens de la « haute » en robe de soirée, et costume dansant sur des rythmes endiablés. Une réception? C'était une fête, pensa Tobias, rien à voir avec les morts Garmaniens dû à la révolution. Pathétique. La salle était grande, spacieuse, haute de plafond, du paquet ciré, des lustres sur des peintures somptueuses...De la richesse à chaque coin de mur. Un orchestre en fond jouait les deniers morceaux à la mode, et beaucoup dansaient des pas enflammés, souvent des couples ravis d'être ici. Tobias remarqua que plusieurs personnes fumaient à l'intérieur alors il gratta une cigarette qu'il sortit de son plus bel étui en argent. Tobias n'avait jamais vu les Radmacher de sa vie, sauf en photo à Finack et une fois au balcon du palais lorsqu'ils saluaient la foule lors de telle ou telle occasion. Marchander avec eux allait être amusant, car il se sentait en position de force. Les Radmacher étaient ici, dans un pays qui n'était pas le leur, démunis, et Tobias jubilait de l'intérieur. Il fuma comme-si c'était sa dernière cigarette. Il observa un à un chaque personne présente. Ah! Francis Radmacher était là, son costume devait le serrer vu sa musculature. Il souriait à toutes les personnes qui venaient le saluer. Il était si blond, cela en était effrayant, à coté de lui Tobias était tel un mouton noir. Le mouton noir avait soif. Le buffet était imposant, il se servit une coupe de champagne, la cigarette dans le coin de la bouche:

-Ce champagne est horrible. Vous ne trouvez pas?

Il se retourna. Tobias se retrouva face à une femme d'une rare beauté. Une grande brune, aux yeux immenses et profonds, les lèvres rouges, le teint légèrement bronzé, elle eut un sourire qui dévoila une rangée de dents blanches et parfaites. Il écrasa sa cigarette. Elle tendit sa main gantée pour que Tobias l'embrasse, ce qu'il fit après un rapide moment de contemplation. Il l'avait déjà vu. Il savait de qui il s'agissait:

-Enchanté Princesse.

-De même, Monsieur?

-Dinkel.

Elle avait un accent garmanien adorable. Tobias chérissait chacune de ses phrases:

- J'ai entendu parler de vous. Fit-elle malicieuse.

-En bien ou en mal? Demanda-t-il.

-En bien, mais j'ai supposé que parler de vous en mal nous attire quelques problèmes.

-Vous supposez bien. Sourit Tobias dans sa flute de champagne. Mais où une Princesse entend parler de personne comme moi?

-Dans certains cercles.

Les invités se dispersèrent. Ils se retrouvèrent seuls près du buffet:

-Alors on m'a dit que vous travaillez dans l'import/export, mais que faites-vous en réalité?

Gabriel et son boss avaient mis en place une couverture au cas où: David Dinkel travaillait dans l'import/export. Ainsi Tania était au courant de tout:

-J'exporte et après j'importe. Les gens ont tendance à confondre.

Tout à coup elle se rapprocha de lui, assez pour être menaçante, ou l'embrasser:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant