Chapitre XXX

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L'éléphant n'effraya en rien Jacob. Lors des premières années de leur mariage, Aysha et lui avaient l'habitude de monter dessus, riant aux éclats car Jacob n'arriva pas à tenir. Il pleuvait abondamment quand il arriva à Parlo. Il n'y avait personne dehors, pas un chat. La pluie était menaçante, trop présente pour faire quoi que ce soit à l extérieur. Jacob aperçut un enfant courant et rejoignant sa soeur ainée dans un coin abrité. Jacob eut l'impression que son cœur allait explosé, explosé d'une tristesse infinie et si grande qu'il eut envie de pleurer. Ses enfants. Il pleura. Il était persuadé que jamais il ne pouvait aimé autant une personne qu'il aimait Aysha, néanmoins à la naissance de Sofiane, il eut cette bouffé de bonheur si grande que rien qu'en y repensant il n'arrivait pas à respirer. Et plus il avait d'enfants, plus il lui semblait que le bonheur avait un sens si grand qu'il ne pouvait l'expliquer. Il pensa à sa mère, et à son père, et à cette amour qu'ils lui portaient sans que jamais il n'en soupçonne l'existence, jusqu'à atteindre lui-même cet état. Jacob se vida l'esprit, respirant fortement, comme-si l'air qui pénétrait ses poumons pouvait remplacer ses pensées. Le palais était en hauteur, sa monture était épuisée, il lui fallait de l'eau et de la nourriture. Jacob n'avait aucune idée de comment pénétrer dans le palais pour retrouver son frère et le convaincre de rentrer, d'oublier ses rancoeurs, de pardonner leur mère pour sa décision. Jacob voulait être celui qui ramènera Magnus à la maison, il voulait se faire pardonner de sa désertion, de l'abandon fait à sa famille. Abandon qu'il répétait avec la famille qu'il avait créé. La honte rongeait Jacob. La porte du palais était fermée. Jacob frappa une fois, deux fois, trois fois. Un garde fit apparaitre ses yeux par une petite ouverture:

-Oui? Demanda-t-il suspicieux.

Jacob n'avait jamais su mentir, et Énis ne lui ferait aucun mal, sinon Aysha allait le tuer:

-Je suis Jacob de Harval, Tariq d'Auguste.

Le garde écarquilla les yeux et répondit d'un ton fort et méchant:

-Et moi je suis le Sultan du Limar. Va t'en!

Jacob frappa de nouveau la porte, encore et encore en hurlant:

-Je suis Jacob de Harval! Je suis Jacob de Harval!

La porte s'ouvrit enfin et deux gardes attrapèrent Jacob brutalement avant de le plaquer au sol. Il cria. Les gardes l'empoignèrent avant de le guider, en le trainant, jusqu'à un sous-sol moite, sentant la viande sèche et le moisie. Jacob continuait de déclarer son identité, mais personne ne semblait le croire. La cellule sentait si mauvais. Jacob eut envie de vomir quand ils le balancèrent directement sur le sol mouillée de la prison. Une main l'aida à le relever:

-Bonjour Jacob. Dit Rafael en l'aidant à se mettre debout.

-Toi! Ici! S'étonna Jacob. Et avec...

-Alice. En effet. Compléta Rafael.

Jacob, la surprise passée, expliqua la raison de sa présence ici. Alice eut un rire nerveux:

-Ridicule Votre Altesse, vous voulez sauver un monstre. Votre frère est un monstre sans coeur.

-Alice. Dit Rafael gêné. Calme-toi.

-Que je me calme! Nous sommes en prison depuis trois jours, et Monsieur de Harval pense pouvoir sauver son frère qui n'a pas de coeur. J'ai le droit d'être énervée. Non?

Rafael soupira et s'excusa du regard envers Jacob. Ce dernier ne dit pas un mot. Alice se fit un plaisir de raconter leurs aventures désastreuses. Rafael regardait déambuler dans la cellule en expliquant tout ce qui était arrivé:

-Et nous voici, tous les trois prisonniers. Nous allons mourir ici.

- S'il m'arrive quelque chose, fit Jacob, Aysha enverra l'armée et tuera tous ceux qui m'ont fait du mal.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant