Chapitre XVII

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La bataille avait fait rage du lever au coucher du soleil, et le sable était chaud, chaud de sang. La nuit était sombre, les nuages recouvraient le monde de leur intense épaisseur grise. Allumant une cigarette, Daniel se contempla un instant dans le miroir fendu qui reposait sur une coiffeuse de sa tente. Il jouait avec sa barbe. Quelle était sale! Il la maudissait. La cigarette au coin de sa bouche, il effleura ses cheveux d'un geste, et descendit jusqu'à son menton suivant la ligne de cheveux puis de poils qui recouvraient plus de la moitié de sa face. Il avait donné rendez-vous à Magnus. Ce dernier était d'une grande ponctualité et ne devrait pas tarder. Justement la voici, une lampe à pétrole à la main ce qui éclairait sa face blanchâtre. Daniel se demandait souvent comment Harald et Pia avaient pu avoir trois enfants si diffèrent? Magnus avança dans la tente sans un mot, ses bottes craquèrent sous les cailloux et le sable:

-Tu es prêt Magnus? S'enquit Daniel en le regardant à travers le miroir.

Étrangement la fêlure du miroir concordait exactement avec le visage de Magnus. Le jeune De Harval acquiesça:

-Tu as dit que tu ferais n'importe quoi pour moi, tu t'en souviens? Murmura Daniel comme s'il priait. 

-Oui. Répondit Magnus sur le même ton. Oui, je m'en souviens. 

-Alors te trembles pas. Tout se passera bien.

Daniel se leva, et fit face à Magnus. Il mit ses deux mains sur les joues froides du jeune homme, le fixant du regard:

-Tu es un homme bon Magnus. Je ne t'ai jamais jugé tu le sais.

Magnus était bercé par la voix de Daniel, une telle emprise était forcément de l'amour. Cela ne pouvait pas être autre chose. Une larme coula, telle la pointe d'une arme, descendant jusqu'à la bouche du jeune Magnus. Il avait peur, mais ne pouvait pas décevoir Daniel:

-Allons-y Magnus. Il est temps. 

-Quand cela va-t-il s'arrêter?

Daniel fut surpris par la question, avant de répondre en souriant:

- Cela ne s'arrêtera jamais, car j'en voudrais toujours plus.

Ils quittèrent la tente, s'enfonçant dans la nuit noire.

Leila ne dormait pas. Elle quitta la tente d'Énis, personne ne devait savoir pour eux, ou alors les surprendre. Une lampe à la main, elle traversa une partie du camp. Le calme régnait. Sa tente était près de la jungle, à l'écart, elle était la seule femme présente. À peine entra-t-elle dans son lieu d'habitation qu'elle comprit que quelque chose n'allait pas. Ses gardes étaient absents, et Daniel Moscov debout au milieu du tapis. Elle le fixa, il eut ce sourire annonceur de mauvaises augures:

-Daniel, que fais-tu ici?J

-e t'attendais. Il faut qu'on discute. 

-De quoi?

Daniel sortit un révolver de sa ceinture et le pointa sur elle. Elle voulut s'enfuir mais Magnus était juste derrière elle, plaçant un poignard sous sa gorge:

-Tu vas m'écouter ma chère Silmani. Murmura Daniel en s'approchant. 

-Je n'ai guère le choix. Balbutia-t-elle les yeux paniqués.

-Tu pensais vraiment que j'étais assez stupide pour avoir confiance en toi. Je sais très bien ce que tu comptais faire de moi. 

-Je ne vois pas de quoi tu parles. 

-Tu as toujours voulu te débarrasser de moi dès la guerre finie. Je ne suis pas stupide, je suis Daniel Moscov, petit-fils de Vladimir le Grand, fils de Salim d'Auguste et d'Elizabeth IV. Je suis un Moscov. 

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant