Chapitre X

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Dans une relation de couple, la confiance en est le ciment, le point d'appui, et Madim n'avait aucune confiance en son époux, et ce depuis le jour même de leur mariage. Il était parti en guerre et elle était tiraillée entre deux sentiments. Qu'il ne revienne pas, qu'il meurt et que Milo devienne Roi. Néanmoins s'il meurt, la guerre serait une défaite, et le Royaume dont Milo hériterait serait en proie à de grands maux qu'elle n'osait imaginer. Buvant un verre de vin montois, elle se laissa divaguer, pensant au meilleur moyen de faire souffrir son époux sans mettre en péril le royaume. Une idée fulgurante lui traversa l'esprit de part en part. Elle posa son verre de vin, traversa le palais et descendit vers les geôles des prisonniers. Depuis quelques jours Rafael et Alice ne s'adressaient plus la parole et Jacob se mourrait psychologiquement, pensant à ses enfants et à sa femme. Madim débarqua, et demanda aux gardes de la laisser seule. Ils obéirent. Alice s'approcha des barreaux, défiant du regard la Reine:

-Que voulez-vous? 

-Vous êtes ici chez moi Allénienne, traitez-moi avec respect. 

-Ma question ne manquait pas de respect.

Jacob et Rafael attendaient derrière tels deux gardes du corps, deux piliers:

-Je viens vous libérer. Avança Madim.

Ils se regardèrent:

-Je hais mon mari, et le meilleur moyen de le faire enrager, c'est celle-ci.

Elle prit les clés qui trônait sur un vieux clou et déverrouilla les trois serrures imposantes datant d'un siècle lointain. Alice se méfiait mais quand Madim sortit trois pistolets de sous sa robe, elle en prit un, vérifiant le chargeur. Jacob et Rafael firent de même:

-Merci. Dit Alice. Que voulez-vous? 

-Rien, cette guerre n'a pas de sens. C'est Leila qui est l'investigatrice de cette mascarade. Mon mari est un idiot qui ne pense qu'avec son phallus, rien de plus.

Rafael eut envie de rire. Alice le toisa du regard:

-Partez. Il doit rencontrer la Tariqua à Volulina. Dit Madim. Allez vers l'est, traversez la jungle. Bonne chance.

Elle remonta les marches qui la séparaient du palais. Alice se tourna vers ses deux camarades et dit:

-Vous êtes prêt à tuer. Les gardes vont revenir.

- À moins qu'on prendre ça.

Jacob pointa du doigt des uniformes qui reposaient sur un portemanteaux. Un bon moyen de passer inaperçu.

La jungle était boueuse, la pluie venait de passer par là, et les bottes de Rafael s'enfonçaient tellement qu'il ne les voyait presque plus. Ils s'étaient débarrassés des uniformes dans une rivière, s'étant nettoyés, et avaient remis leurs vêtements, Alice mit le revolver dans sa ceinture et grimpa à un arbre sous les regards interloqués de Jacob et Rafael:

-Que fais-tu Alice? Demanda ce dernier. 

-J'aurai une meilleure vue d'en haut.

Elle allait si haut et au milieu des feuilles si nombreuses qu'au bout d'un moment les deux hommes ne la voyaient plus. Rafael mit les mains autour de sa bouche, formant un rond, et hurla:

-Alice! Alice! 

-N'ai pas peur Rafael, elle sait ce qu'elle fait, c'est un agent des services alléniens. Précisa Jacob. 

-Elle n'en reste pas moins humaine.

En haut, Alice n'entendait rien d'autre que le vent sur les feuilles et le bruit des oiseaux qui survolaient la jungle dense. Au sommet de l'arbre, elle put enfin contempler l'immensité du paysage targonnais. Et elle put constater que le désert était si loin, qu'elle ne le voyait pas. En bas, Jacob dit:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant