Chapitre XII

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Le soleil descendait sur le sable chaud. L'arène de Volulina allait devenir l'épicentre du monde connu pour quelques minutes ou heures. Énis attendait debout, les mains jointes devant lui, deux généraux près de lui, l'encadrant. Enfin Aysha arriva avec Nizar et Aliocha. Énis émit un sifflement d'admiration. Aysha d'Auguste était à la hauteur de sa réputation. Une beauté digne de son hérédité. Ils se firent face, s'observant tels deux animaux prêts à se sauter dessus et à se mordre. Énis tendit sa main, son bras était droit, étendu à son maximum. Aysha ne répondit pas à ce geste, elle dit:

-Tu voulais me rencontrer.

-Oui.

-Pourquoi?

Le tension était telle que Nizar avait du mal à respirer. Jamais l'arène n'avait abrité un tel combat:

-Se battre ne sert à rien. Sourit Énis mesquin. Marchandons.

-Que veux tu marchander?

-J'ai plusieurs choses qui t'intéressent. Jacob, Rafael par exemple.

Aysha se pétrifia de rage. L'évocation de son demi-frère et de son époux lui faisait monter une telle colère que Nizar s'approcha d'elle comme pour la calmer de sa présence. Elle le repoussa d'un geste sans le toucher. Énis était fier de son effet, le point sensible d'Aysha était Jacob:

-Que veux-tu contre eux? Dit-elle impatiente.

-L'Auguste.

Elle crut à une plaisanterie mais Énis était très sérieux:

-Un royaume pour un homme. L'Auguste contre Jacob.

-C'est impossible et tu le sais très bien. Je ne céderais pas un territoire pour un homme, qu'importe de qui il s'agit.

Le soleil venait de disparaitre. La lune prenait place, éclairant les visages de ses maigres rayons de lumière:

-Rends moi Jacob et je te permettrai de repartir sans aucune casse.

-Ah! Quelle humour Aysha! Tu n'as pas changé!

-Je ne plaisantais pas. Nous pouvons avoir un accord qui satisfera les deux parties.

-Je veux ton empire tout entier, c'est la seule chose qui me satisfera.

-Tu es venu me solliciter une entrevue pour me dire une aberration pareille. Tu pensais vraiment que j'allais accepter.

Il haussa les épaules:

-J'ai ouï dire que tu tuerais père et mère pour Jacob. Ah! Mais n'as tu pas déjà tué ton père?

Aysha eut envie de frapper Énis au visage, voire de l'étranger de ses propres mains. Il sourit. Il était venu la narguer, lui dire en face qu'il avait le droit de vie ou de mort sur Jacob. Cette entrevue n'avait qu'un but: énerver Aysha pour qu'elle commette une faute durant les futurs combats. Agacer l'adversaire pour le pousser à la faute. Aysha était une personne rationnelle sauf en ce qui concerne Jacob et ses enfants, elle perdait totalement le sens des priorités:

-Bon, puisque nous ne pouvons pas nous mettre d'accord, fit Énis, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses. La déclaration officielle de guerre.

-En effet.

Les Généraux retenaient leurs souffles, écoutant attentivement ce qui allait suivre:

-Moi, Aysha d'Auguste, Tariqua d'Auguste, déclare officiellement la guerre à Énis Abenon, Roi du Targon, ici à Volulina.

-Moi, Énis Abenon, réponds à cette déclaration.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant