Massoa était devenu depuis trop longtemps une ville qui abritait les plus grands navires militaires de tous pays. Ici, étaient basés des immenses bateaux de guerres armés prêts à partir vers Balsam en renfort. Dans un uniforme de l'armée Manaée, Ida de Harval attendait, les mains posées sur la rambarde du balcon du palais du gouverneur. Elle se savait à sa place, sans se sentit à sa place. Il y avait ce moment parfois où elle se demandait sérieusement si le but de sa vie était réellement d'être comme sa mère. Jacob aurait dû être Hospodar même il renonça, puis Magnus avait ce caractère effrayant..Le destin. Elle se tourna vers Pia qui était assise à un bureau, lisant à grande vitesse tous les rapports que lui envoyait les Amiraux sur leurs bateaux qui voguaient sur la mer de Juin. Elle ne soupirait jamais, ne se plaignait jamais, ne disait jamais un mot plus haut que l'autre. Si Ida admirait sa mère, voire l'enviait, elle ne désirait en rien prendre son rôle. Devenir Hospodar, une horreur. Malgré l'ambiance de guerre qui régnait, c'est à dire l'anxiété, la peur, le mort, tout cela à la fois, il faisait étrangement beau, et calme. Ida s'approcha de sa mère et lui dit:
-Dis moi maman, que vas-tu faire quand nos soldats retrouverons Magnus?
Pia leva les yeux vers sa fille:
-Que veux-tu dire?
-Vas tu le punir pour ce qu'il a fait à Jacob?
-Évidemment.
-De quelle manière?
-Ida. Tu poses trop de questions. Je n'ai pas encore réfléchie à cela.
-Pourquoi me mens-tu? Dit Ida d'un ton apathique.
Pia ramena ses mains vers son menton comme-si elle tentait de rentrer en pleine réflexion. Ida connaissait bien sa mère. Pia de Harval savait exactement ce qu'elle allait faire, ce que voulait faire, ce qu'elle pouvait faire:
-Oui, Ida, je sais ce que va devenir ton frère, mais tu n'as pas à le savoir.
Ida ne rajouta rien. La conversation pouvait se conclure ainsi, mais elle continua:
-Je me souviens du jour où Jacob m'avait emmené à la mer. Il me portait sur ses épaules en me promettant que l'immensité de l'océan me permettrait de m'échapper quoi qu'il arrive.
Pia écouta attentivement sa fille qui s'exprimait avec nostalgie et regret:
-Il avait cette manière de dire les choses. Sourit timidement Ida. Il voyait toujours du bien partout même chez Magnus.
-Il s'est trompé à de nombreuses reprises. Fit Pia.
-Oui, mais pour lui, cela restait la vérité quoi qu'il arrive.
Pia admira un instant sa fille. Sa toute dernière. Elle était si belle, grande, de longs cheveux blonds, des yeux clairs et perçant, ce petit nez. Mais ce qui la marquait le plus c'étai son profil, il était impérieux, droit, fier, fin, elle semblait respirer la confiance en soi, la suffisance ce qui lui donnait une grande beauté. Et Pia soupira. Sa fille haussa un très fin sourcil blond parsemé d'étonnement:
-Tu viens de soupirer.
-Je suis un être humain Ida.
Un domestique apporta une lettre urgent de Taurin:
-Ah! C'est papa.
Ida s'empara de la missive et lut à haute voix dès que le domestique fut parti:
)Mes deux amours, tout d'abord, vous me manquez terriblement. Il ne se passe pas grand chose à Taurin, je gère comme tu me l'as toujours appris mon amour, calmement L'ambassadeur du Limar me demande encore la main d'Ida pour le second fils du Sultan ou le premier je ne sais pas. J'ai refusé. Nous avons d'autres chats à fouettés, même si je suis contre la violence animal. Bref, là n'est pas la question. Comment allez-vous? Revenez-moi vite, avec Magnus de préférence. Avez-vous des nouvelles des nos petits-enfants? Je regarde chaque jour notre album de famille, et je ne peux pas dormir sans savoir s'ils vont bien. Je t'aime. Je vous aime. Harald.
Ida ferma la lettre et la remis à sa mère. Pia la parcouru chérissant chaque mot que son époux pouvait lui écrire. Mais comment Magnus avait pu devenir de la sorte, si cruel, alors qu'Harald était de loin le meilleur des hommes et des pères? Il avait soulevé une question importante: les enfants. Pia pensait sans cesse à eux. Ne sont-ils pas une extension de Jacob, son fils parfait? Il fallait les retrouver. Où étaient-ils? Tout à coup, Alexane pénétra dans la pièce en compagnie de deux généraux Alléniens. Ida salua sa cousine d'un baiser affectueux sur la joue. Puis Alexane se tourna vers sa tante lui faisant même une révérence. Il était temps de discuter sérieusement:
-La première partie de la flotte est aux portes de Balsam. Précisa Pia. Et nous pouvons avoir espoir de gagner cette guerre rapidement.
-Penses-tu? S'inquiéta Alexane. Je connais Daniel, il est coriace. Il a forcément une idée derrière la tête, bien plus qu'une simple bataille navale qu'il est sûr de perdre.
-Peut-être, mais remporter cette bataille serait déjà un pas vers l'avant. Anticiper les faits et gestes de Moscov et de ses alliés. Nous devons conserver notre puissance d'attaque, en laissant une partie de nos forces ici.
Alexane fit « non » de la tête:
-Je préconiserais de tout envoyer. Il faut que cela finisse vite.
-Cela serait très imprudent de notre part. Car nous ignorons totalement ce qu'il compte faire.
-Capturons-le. Proposa Alexane.
-Voyons! Alexane! S'énerva Pia brusquement. Le capturer! Il faut l'anéantir! S'il reste en vie ses partisans auront l'espoir affiché de le libérer et de le mettre sur ton trône!
-C'est mon cousin.
-Je suis ta tante. Il a tué ton cousin, il doit mourir! Pas de discussion!
Alexane n'osa rien redire. Pia avait l'ascendant sur elle. Ida observa la scène et promit de ne pas se laisser faire comme sa cousine.
Il pleurait souvent. Rafael le berçait, sa petite tête contre son coeur. Il chantait la berceuse d'Alice en espérant qu'il se calme, cependant Anwar était toujours en pleurs. Le but du couple était de confié les quatre enfants à leur grand-mère paternelle. Néanmoins Rafael était attaché à ces enfants et la perpective de les envoyés à Taurin, probablement, lui fendait le coeur. Il n'avait pas le choix. Ils n'étaient pas en sécurité ici, surtout à Massoa en zone de guerre. Alors que les oeuvres d'art du Nouveau-Duché continuaient à sortir du navire, Rafael et Alice étaient déjà au milieu des rues de la ville. Il fallait trouver l'endroit exact où Pia avait poser son centre de commandement. Alice précisa, à juste titre, que la procédure normale était d'installer le chef du commandement d'une armée alliée dans le demeure du gouverneur de la région, ou l'hôtel de ville. En effet les drapeaux manaés flottaient au haut de l'édifice politique qu'étai la mairie de Massoa. La sécurité était impressionnante. Alexane étant présente auprès de sa flotte, les deux services de sécurité, celui de Pia et celui d'Alexane, étaient là. Alice arrêta Rafael d'un geste de la main:
-Je connais forcément quelqu'un qui est rattaché au service de sécurité de l'Impératrice Alexane. Mais avant, je pense que les enfants doivent se reposer, manger, se laver.
-Tu as raison. Dit-il.
-Trouvons un hôtel et après je chercherai un moyen de parler à un proche de Pia afin de lui annoncer notre arrivée à Massoa.
Ils pénétrèrent dans le premier établissement hôtelier sur leur chemin. Sofiane et Samira furent les premiers endormis, alors que Lina réclama une berceuse. Alice s'en chargea pendant que Rafael nourrissait Anwar. Lina s'assoupit sur un canapé. La ville de Massoa s'agitait doucement avec la présence de tous ces soldats. Le bébé dans ses bras, Rafael posa sa joue contre son petite crâne chaud. Tout à coup, l'enfant calme, leva la tête vers son oncle. Rafael eut envie de pleurer, se sentant désemparé, incapable d'articuler. Anwar d'Auguste n'aura aucun souvenir de la personne qui lui a légué ce regard. Il le verrait chaque jour en portrait, ou écouterait qu'il y était dans les mots de sa mère...Pauvre enfant. Pauvre destiné.
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Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: Garmanie
Historical FictionHistoires politiques, amoureuses et fictionelles sur un monde dominé par les Seigneurs de Fallaris. http://lesseigneursdefallaris.tumblr.com/ Tome III: Garmanie "Le plus beau jour de la chute d'un tyran, c'est le premier" Tacite Huit ans aprè...