Chapitre V

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La petite ville de campagne dans laquelle vivait Tobias le rendait mal à l'aise. Il détestait le trop calme, le trop rien. Il n'y avait rien. Rien à voir, rien à faire, rien à manger à part quelques restaurants miteux, trois exactement. Et le kiosque du coin ne recevait les journaux qu'une fois par semaine. C'était son seul petit plaisir: avoir les infos de l'extérieur. Le magasinier le reconnaissait à présent, même sous une pluie battante, il venait prendre son journal:

-Monsieur Dinkel! S'écrit le magasinier. Je vous ai gardé les meilleurs journaux.

Il lui tendit une pile, résumé de la semaine passée. Souvent Tobias s'asseyait sur un banc, le rare encore debout du parc public au coin de sa rue. Il déplia les journaux un par un, et lisait ce qui l'intéressait. La Une était presque identique depuis une semaine: la guerre. L'armée allénienne était déjà en marche vers Finack, l'armée augustine vers Parlo. Tobias soupira. La guerre...C'était sa faute? Il avait vendu les armes aux Garmaniens. Il froissa un des journaux et le lança dans une poubelle. Il n'était pas à sa place ici, bien au contraire, sa place n'était pas dans un village perdu d'Allénie, ni dans une maison abandonnée dans une rue déserte. Il soupira bruyamment, inspirant toute l'air qu'il pouvait. La voir. Oui, voir Tania. Il voulait la voir. Il jura, et prit le premier bus qui l'emmena à Rebourg. Il trouverait bien un moyen de pénétrer chez les Radmacher.

Le dîner venait de s'achever, Tania monta les marches qui la séparaient de sa chambre. Elle enleva ses chaussures, sa robe, et gratta une cigarette. Le feu crépitait dans sa cheminée. Le froid enveloppait l'air. Tania revêtu une robe de chambre, fine et légère qu'elle affectionnait particulièrement. Elle jeta sa cigarette dans le jeu, et elle fuma une nouvelle. Elle faillit hurler quand une tête apparut à sa fenêtre. Tobias tenait en équilibre sur le rebord, les mains accrochés à un lierre épais et dense. Mais il allait bientôt tomber. Tania ouvrit et chuchota:

-Qu'est ce que tu fais là? 

-Laisse-moi rentrer. Je vais me casser la gueule.

Elle s'écarta, il sauta à pieds joints sur le sol. Il ferma la fenêtre et se tourna vers elle:

-Tania. 

-Tobias.

Ils ne savaient pas comment réagir. Tania pensait ne jamais le revoir de sa vie, elle ignorait si Gabriel avait eu son message, si la libération de Tobias avait eu lieu. Maintenant elle savait. Néanmoins tout ce qu'elle lui avait dit avant que les FPI l'embarquent, elle ne le regrettait. Pas qu'elle ne le pensait pas, au contraire, mais elle regrettait que Tobias le sache à présent:

-Tu me dis pas bonjour? 

-Tu veux dire « bonsoir », il est presque minuit. Dit-elle.

Tobias sentit qu'il n'était pas le bienvenu dans cette chambre, pas comme avant. Il n'attendait rien d'elle. Il ne savait pas à quoi s'attendre en venant ici, mais étant donné son discours avant qu'il parte avec les FPI, il espérait au moins un sourire, un baiser...Rien ne venait. Il avait fait une erreur. Il n'aurait pas dû venir:

-J'ai parlé sur le coup de l'émotion. Commença Tania.

Tobias recula. Il sentit quelque chose se briser en lui. Complètement:

-Je pensais que tu étais amoureuse de moi. Dit-il balbutiant légèrement. 

-Je ne peux pas tomber amoureuse...Tomber amoureuse c'est comme donner un revolver à quelqu'un, le mettre sur son coeur, et lui dire « voilà, je t'aime, soit tu détruis mon coeur, soit tu ne tires pas ».

Elle avait répété ce discours, elle savait exactement ce qu'elle devait dire à Tobias le jour où il réapparaitre peut-être dans sa vie. Elle continua:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant