Il faisait nuit, une nuit noire comme rarement on en voit, sans lune, ni étoile. Gabriel devait écarquiller les yeux, et pourtant il ne voyait rien. Il était arrivé en train, un train clandestin, et quelques pots de vin avaient pu le faire arriver au Romaland sans encombre. Gabriel devait rencontrer le général en charge des forces de Radmacher dans le sud de la Garmanie, les derniers bastions de résistances aux révolutionnaires. Il avait un nom : Eisenmann. Les armes étaient dans le train, un train court, seulement deux wagon et l'avant. Le conducteur était un ami de Gabriel, payé une belle somme. Une gare déserte accueilli le train. Un calme immense effrayant accompagna son arrivée, et son arrêt brutal. Au loin, un panneau annonçait « Garmanie ». Gabriel descendit du train et gratta une cigarette. Tout à coup, une femme débarqua dans un uniforme militaire garmanien. Elle était grande, comme beaucoup de Garmanienne, la peau pâle, les yeux foncés et grands, des lèvres fines et pincées, et un air austère qui semblait ne jamais pourvoir quitter son visage. Elle était accompagnée d'une dizaine d'hommes. Elle fit un salut militaire et se présenta:
-Générale Eisenmann.
-Gabriel.
-Nous venons réceptionner la livraison et effectuer le dernier payement, comme stipuler dans le contrat entre mon Empereur et Monsieur Dinkel.
- Parfait.
-Les Garmaniens sont des personnes de paroles. Affirma Eisenmann.
-Je n'en ai jamais douté. Sourit Gabriel. Tout est l'a dedans.
Il pointa du menton le train. La petite lumière de la gare les éclairait doucement. La tension était palpable, et l'enjeu était énorme. Gabriel ordonna d'un geste qu'on montre le contenu des wagons. Eisenmann vérifia scrupuleusement la cargaison. Les soldats Garmaniens s'emparèrent des armes avec jubilation et envie. Ils se voyaient déjà tuer quelques révolutionnaires. Gabriel les laissa faire, comptant plusieurs fois la liasse de billet qu'il avait entre les mains. Eisenmann s'approcha de lui et lui dit avec son accent garmanien:
-Tout est parfait. Voici un message pour vous.
-Un message? De la part de qui?
-Je ne peux rien dire.
Gabriel ouvrit la lettre qui portait le sceau garmanien. Il regarda en premier la signature : Tania Radmacher Duchesse de Munovrie, Comtesse de Dala. Rien que ça. Gabriel n'en revenait pas:
Monsieur,
Votre ami, Tobias Ronor est actuellement enfermé à la prison de Rebourg. Voici de l'argent pour le libérer. Vous pouvez employer des mercenaires pour faciliter votre tâche. Libérez le. Je vous en conjure. Ne lui dite pas que cela vient de moi.
Bien à vous.
Gabriel plia la lettre. Tobias avait toujours eu le chic de se retrouver dans des situations rocambolesques. Tania Radmacher était prête à payer pour libérer ce gamin. Gabriel eut un sourire mi-amusé, mi-narquois. Tania Radmacher était tombée amoureuse de Tobias. Les femmes avaient tendance a aimé Tobias assez rapidement. Charmant, amusant, sûr de lui, Tobias avait tout pour plaire. Néanmoins Gabriel lui avait connu peu de conquête sérieuse. Surtout depuis la mort de Maria dont Tobias parlait peu comme une blessure intense et ouverte. Il mit la missive et l'argent dans sa veste. Eisenmann lui serra la main et monta à son tour dans la train. La livraison effectuée, Gabriel repartit en train, le civil cette fois. En arrivant à Macan, il commençait à recruter des mercenaires. Tobias détestait les prisons, il avait tendance à y faire n'importe quoi.
Le prisonnier hurla. Le gardien attrapa Tobias par les aisselles et le retint de donner un nouveau coup à son camarade de cellule. Transpirant de honte et de sang, Tobias avait envie de se défouler sur cet idiot qui l'avait insulté sans raison valable, à ses yeux. Trainant Tobias, les gardiens le mirent à l'isolement. Ils se fient insultés de toutes parts, se débattant comme il pouvait, juste pour « faire chier » les gardiens comme il disait. Il avait pleinement conscience qu'il était incapable de fuir face à autant de geôliers, mais il se débattrait jusqu'à la mort. Il fut balancé violemment dans une minuscule cellule moisie. La prison de Rebourg était de loin la pire du pays et ce malgré les réformes entreprises après la troisième révolution, nom donné à la période durant laquelle Alexane accéda au pouvoir. Tobias hurla, tapa la porte avec les poings:
VOUS LISEZ
Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: Garmanie
Ficción históricaHistoires politiques, amoureuses et fictionelles sur un monde dominé par les Seigneurs de Fallaris. http://lesseigneursdefallaris.tumblr.com/ Tome III: Garmanie "Le plus beau jour de la chute d'un tyran, c'est le premier" Tacite Huit ans aprè...