Chapitre XV

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Le premier coup de canon venu du côté augustin. Une première slave de soldats s'affrontèrent entre les ruines, courant dans tous les sens, armes sur l'épaule, tirant sur des cibles mouvantes Augustines ou Targonnaises. Au premier jour, l'Auguste déplorait des pertes conséquentes, mais rien n'était encore perdu. Dans sa tente, Aysha assistait impuissante aux disputes de Nizar et Aliocha. Les Targonnais avaient été meilleurs que prévu, leurs tirs étaient maitrisés, leurs canons plus récents qu'ils ne l'avaient pensé. Le point tenant sa tête, assise sur son fauteuil, Aysha observait d'un oeil absent la discussion animée:

-Plus de deux cents hommes sont morts hier Général Nizar! Il faut changer de stratégie!

- Vous pensez vraiment qu'une réelle stratégie est possible dans un tel endroit! Certaines bâtisses ont encore leurs sous-sol, qui sait si certains Targonnais ne s'y cachent pas! Hurla Nizar. Le meilleur moyen est d'attaquer de front, de faire un maximum de dégâts pour les affaiblir! 

-Mais c'est nous que nous affaiblirons! 

-Perdre une bataille ne veut pas dire perdre la guerre! 

-Ça suffit!! S'exclama Aysha en quittant sa place. Dégagez! 

-Votre Altesse...Tenta Nizar. 

-Dégagez! Nous reprendrons cette conversation plus tard quand nos esprits seront apaisés! Sortez de ma tente!

Nizar et Aliocha firent une révérence augustine et quittèrent la tente en reculant et en claquant leurs talons de bottes militaires ensablées. Aysha avança vers la table sur laquelle se trouvait des dizaines de documents et une vieille carte de Volulina. Au nom de Tyria...Comment cela allait-il se finir? Dans quoi Jacob avait entrainé son pays d'adoption? Elle pensait sans cesse à lui. Sans cesse. Il avait pleurer à chaque naissance, toujours à chaudes larmes. Aysha avait fini, au bout du troisième, à se moquer gentiment. La vie avait été si belle pendant 8 ans. Ils avaient tellement lutté pour être ensemble pourquoi subitement le sort continu de s'acharner sur eux. Lina avait pleuré durant plusieurs jours après le départ de son père. Elle était en avance intellectuellement, et c'était grâce à l'apprentissage de Jacob qui s'impliquait corps et âme dans l'éducation de ses enfants. Elle se crispa, serrant la table de ses mains, retenant difficilement ses larmes. Elle s'effondra sur la carte, des pleurs agrémentant ses gémissements de peine. Non...Oh non...Pourquoi était-il parti? Elle aurait dû l'enfermer dans une cave et lui faire entendre raison mais non...Il était une esprit libre mais tellement impulsif. S'il n'avait pas été si impulsif l'aurait-il épousé? Non, il aurait suivie sa « destiné » d'Hospodar. Aysha mit plus d'une demi-heure à se ressaisir et seulement parce qu'un canon targonnais fit feu.

Daniel était adossé à un arbre, l'un des rares qui jonchaient le désert. Il fuma à travers sa barbe, la touchant d'un geste délicat. Ce n'était pas lui cette barbe, ce désert...Il sourit mais personne ne perçut ce haussement de lèvres derrière la broussaille de poils. Un canon se fit entendre. Jubilation suprême. Il écrasa sa cigarette d'un geste de chaussure. Il quitta sa tente et traversa le camp, évitant les soldats qui déambulaient entre leurs propres logements rudimentaires, rechargeant leurs armes pour le prochain assaut, sûrement éminent. Daniel se présenta à la tente d'Énis et demanda une entrevue privée. Le Roi accepta, servant un verre de vin à son hôte. Ils s'assirent chacun sur un fauteuil, face à face, près d'eux une table basse où reposaient quelques gâteaux secs et la bouteille de vin:

-Monsieur Moscov. Vous souhaitez me dire quelque chose? 

-Oui. J'ai une proposition à vous faire. 

-Allons bon encore une ! Je vous écoute.

Daniel se pencha en avant, débitant ses paroles avec précision et contenu:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant