Chapitre XI

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Une bombe tomba tout près d'eux, un avion survola la capitale Garmanienne, et bombarda les points stratégiques. On distinguait sans mal le logo de l'UACN. Sur terre l'armée allénienne marchait en cadence sur des routes troués et déformés par les bombardements. Finack était loin d'être en champs de ruine, mais bientôt cela allait être le cas. Tobias, dans son uniforme de soldat, était accroché d'une main sûre au char qui avançait sur les routes presque inexistantes. Son casque, agrémenté d'un aigle à trois têtes, sur le crâne, son fusil sur l'épaule, Tobias était devenu un soldat modèle. Néanmoins retourner à Finack après tant d'année, lui fendait le coeur et lui prenait tout son souffle. Ça y est ! La capitale était là sous leurs yeux. Des dizaines d'avions tournaient dans le ciel et de temps en temps, un objet, un projectif, tombait de l'un d'eux et explosait sur un bâtiment. Des centaines de point de fumés traversaient le ciel bleu, et le recouvraient de gris. Tout sentait la cendre, et le sang. Le char, et d'autres rentrèrent dans la ville. La population avait fuit, où se cachait dans les recoins les plus sombres de la capitale. Ainsi tout était désert, seuls quelques soldats Garmaniens étaient là, mais enchaînés, gardés jalousement par les soldats Alléniens. L'armée contre-révolutionnaire, remontait le pays, armés grâce à l'intervention de Tobias. Ils arrivèrent devant le parlement garmanien sur lequel il ne restait plus rien, sauf des brisques, et un toit troué. Le char s'arrêta. Tobias descendit avec d'autres soldats, et ils regardèrent ensemble le drapeau allénien gravir ce qui le séparait du ciel gris de fumée. La ville venait de tomber. Des hourras émanèrent des bouches des soldats, et des pleures recouvraient les joues de Garmaniens ayant assisté à la scène. Les révolutionnaires et leur armée avait fuit vers l'ouest. Le sergent responsable du régiment de Tobias dit:

-Vous avez quartier libre jusqu'à demain midi ! Prenez soin de vous ! 

-Oui Sergent! Dirent-ils en coeur.

Tobias ne voulait voir qu'une chose à Finack. Une seule personne. Il devait traverser tout Finack pour cela, mais il le ferait.

Finack était l'ombre d'elle même. Capitale autrefois ordonnée, faite de briques rouges, de bâtiments droits, de routes perpendiculaires, parallèles, elle n'était plus que des bâtiments à moitié debout, des routes recouvertes de gravas, et des hommes et des femmes cherchant péniblement un moyen de se nourrir, ou tout simplement de survivre. Devant autant de misère, Tobias éprouva une immense culpabilité. N'allait-il pas aidé les contre-révolutionnaires à s'armer? Et l'Allénie à entrer en guerre? Il entendit une explosion, et un avion voler. La guerre était loin d'être finie. Il marcha des heures et des heures, évitant les regards des Garmaniens, saluant ses camarades Alléniens qui profitaient de la ville. Il reconnut brusquement, comme un coup dans l'estomac, la maison de sa mère. Elle était encore sur pieds, mais l'intérieur semblait avoir été saccagé. Il hésita un instant avant de pousser la porte de la petite maison en briques rouges comme toutes les autres. Marchant sur des bouts de bois déchiquetés, il retenu son souffle intensément, comme-si une simple respiration aurait pu faire effondrer la maison. Le couloir, malgré son état, n'avait pas changé. Il restait même quelques photos accrochées au mur. Il reconnut sa mère et lui, il devait avoir 6 ans pas plus. Il ne pleura pas, il avait assez pleuré à la mort de sa mère, son deuil était fait, même si l'absence le submergeait encore. Il posa sa main sur la rambarde des escaliers, des éclats de bois, des échardes dépassaient. Sa chambre, première ouverture à droite. Il poussa la porte qui grinça. Ici, dans ce lit simple et petit, il avait passé sa première nuit avec Maria, ils s'aimaient tellement. Il ne pensait connaître une seule femme dans sa vie...Mais la vie en a voulu autrement. Cette fois encore il ne pleura pas, il n'avait plus de larmes. Quittant précipitamment la maison, en jurant de ne jamais y retourner, le passé appartient au passé, il claqua la porte.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: GarmanieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant