Les Seigneurs de Fallaris Tome 3: Garmanie

Chapitre XXI

Un petit cri résonna dans la tente d'Énis qui leva les yeux vers l'entrée de sa tente. Hicham tenait un homme par le bras, et il le jeta sur le sol. Jacob émit un petit cri. Énis ne comprenait pas, que fait Jacob ici?

-Lui! Ici! S'étonna Énis. Mais c'est merveilleux!

Jacob transpirait, les mains liées par une corde, la chemise déchirée, le pantalon recouvert de sable. Il était méconnaissable, maigre, affaibli:

-Je viens de le trouver derrière un muret. Précisa Hicham fier de lui. 

-C'est une excellemment nouvelle. Prévenez Moscov et de Harval. Plus on est de fous plus on rit.

Énis souriait de toutes se dents. Il s'avança vers Jacob qui était à genoux sur le sol, et lui attrapa le visage en serrant ses deux joues d'une main:

-Bienvenu Votre Altesse. Je suis ravi de vous revoir.

Jacob ne dit pas un mot. Il est perdu, pensa-t-il.

Après s'est coupé les cheveux, Daniel tendit la lame à Magnus, une lame de rasoir aiguisée et brillante. Il prit place sur un fauteuil, et mit sa tête en arrière. Sa barbe était recouverte de mousse blanche et onduleuse. Une serviette autour du cou, il dit dans sa barbe:

-À toi l'honneur Magnus.

Daniel savait exactement ce qu'il faisait. Confier ainsi la lame à Magnus, lui dire qu'il avait le pouvoir de le tuer d'un geste, en lui tranchant la gorge, était un moyen d'assoir un peu plus son emprise sur le jeune homme de 21 ans. Magnus pensait que la confiance était installée, alors que Daniel n'y voyait qu'un moyen de montrer qu'il avait le contrôle total. Tremblant comme une feuille, Magnus débuta le rasage avec un soin si grand qu'une veine bleue ressortie de son visage, traversant son front blanc. Même s'il ne laissait rien paraitre, Daniel jubilait intérieurement, il bouillait de plaisir, de confiance en soi. Il ferma les yeux, savourant ce moment, sentant la lame sur sa peau, sentant sa peau devenir lisse à nouveau. Ce visage lui manquait. Son vrai visage, celui de l'Empereur. Magnus repassa une seconde fois, enlevant les poils qu'il avait manqué. Il termina par la moustache et le haut du cou. Il transpirait. Il entailla légèrement Daniel et se confondu en excuse. Daniel ne répondit pas. Il eut juste envie de rire:

-J'ai fini. Murmura Magnus. 

-Le miroir.

Magnus s'empressa de tendre le miroir à Daniel. Ce dernier se regarda en prenant une grande inspiration. Il eut un sursaut. Me voilà, moi, Daniel. C'est enfin moi. Il se toucha le visage, délicatement, doucement, effleurant chaque partie, jusqu'à ses lèvres qu'il tâta. Il jouait un jeu depuis trop longtemps. C'est fini. Il était de retour. Il se leva et s'approcha du miroir fendue, déposant celui à main sur une table. Il sourit de toutes ses dents. Ce haussement de lèvres tout le monde le connaissait trop bien. Elizabeth avait exactement le même. Rafael et Daniel se ressemblaient beaucoup, mais dès que l'un souriait la différence était flagrante. Rafael avait le sourire de sa mère, séducteur, agréable, Daniel avait celui de sa mère, impérieux, menaçant parfois. Il ouvrit une énorme malle, scellé depuis bien trop longtemps:

-Qu'est ce que c'est? Demanda Magnus. 

-Mes uniformes alléniens.

Il sortit un beau costume de général Allénien blanc sur lequel reposait trois médailles, et des cordons jaunes. Les boutons étaient en or. Il cira ses bottes, mit sa casquette blanche entouré de rouge et se redressa, bombant le torse:

-Enfin, je suis de nouveau moi-même.

Magnus le regarda. Il resplendissait. On peut critiquer Daniel, mais son élégance était telle que personne ne pouvait rester insensible. Tout à coup Hicham entra dans la tente: