Mauvaise idée...

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Le bourdonnement incessant que j'entends depuis près de dix minutes vient à bout de mon sommeil, si bien que lorsque je me saisis de mon téléphone, ma patiente a déjà atteint ses limites.

Je jette un regard mauvais à l'écran et ne peux retenir un soupir quand je vois que c'est ma mère, je décroche, bien que je saches exactement ce qu'elle va me dire.

Nous avons eu cette conversation des centaines de fois.

- Allô ?

- Oui maman

- Clark ! Enfin, j'arrive à te joindre, ça fait des heures que j'essaye de t'appeler...

- Je dormais

- Sérieusement ? Il est 14h !

- Justement !

- Chéri... soupire-t-elle à bout de patience elle aussi. C'est justement pour ça que je t'appelais...

Elle me fait le même laïus à chaque coup de téléphone, je n'ai pas besoin de prêter attention ce qu'elle me dit, je connais son discours par cœur à force. Mes parents sont très déçus de mon comportement, ils s'attendaient à un changement de ma part quand je leur ai dit que je voulais aller à l'université. Ils pensaient que j'arrêterais mes conneries et me déciderais enfin à faire quelque chose pour mon avenir, bla, bla, bla...

Comme si, en m'éloignant d'eux et de leur surveillance, j'allais soudainement changer et me transformer en gentil petit étudiant. N'importe quoi. C'est tout eux ça. Ils croient que les problèmes se règlent tout seuls. Comme si, en laissant les choses entre les mains du destin, tout allait s'arranger. Bien sûr, c'est beaucoup plus confortable que d'avoir à se remettre en question et de réellement travailler pour que la situation s'améliore.

Beaucoup de mes amis m'enviaient d'avoir des parents comme eux. C'est vrai, n'importe quel adolescent aimerait avoir un père et une mère comme les miens, qui me laissaient boire et fumer à ma guise. Parce que, selon eux, je devais me faire mes propres expériences et qu'au final je me rendrais compte que ce n'était pas très sain. Il fallait simplement que je m'en rende compte par moi-même. Alors, peut-être que cette éducation laxiste à fait des miracles sur ma sœur, qui étudie en médecine aujourd'hui. Pour moi, en revanche, ça a eu l'effet inverse. Elle s'est épanouie, alors que je me suis perdu. Je suis comme une mauvaise herbe, qu'il faut contrôler, contenir, sans quoi je m'étends, j'envahis tout l'espace et je prend toute la place, ravageant tout sur mon passage.

Seulement, mes parents ne sont pas prêts à l'entendre, ils ne sont pas prêts à se remettre en cause. Alors, pourquoi le ferais-je ? La situation me convient, telle qu'elle est. Alors si quelqu'un doit agir, c'est eux, certainement pas moi.

- Tu fumes toujours?

Cette question là, en revanche, c'est nouveau. Comme un gamin prit sur le fait, j'hésite avant de répondre. Je suis, en effet, en train de me rouler un joint en ce moment même, mais lui dire ne me semble pas être une bonne idée.

- Oui

- Clark...

Encore un soupir exaspéré, ça devient une habitude en ce moment. Elle inspire brusquement, comme elle le fait toujours quand elle s'apprête à me réprimander, et je devine que je ne vais pas aimer ce qu'elle est sur le point de me dire.

- Ton père et moi en avons plus qu'assez de ton comportement. Nous espérions que tu étais assez mature pour prendre tes décisions et te rendre compte que tu suis un mauvais chemin. Mais puisque tu en es visiblement incapable, nous allons devoir prendre des mesures...

Je me retiens de rire devant cet air si déterminé. Je me demande à quel moment de ma vie ont-ils pu croire que j'allais changer? Je n'ai pourtant rien fait pour les laisser espérer... Je me demande bien ce qu'elle va pouvoir me sortir comme mesure correctrice. Ils vont peut-être m'interdire de rentrer à la maison tant que je ne retourne pas en cours. Peu importe, je pourrais faire mes conneries plus librement... Je n'aurais pas à leur rendre de compte tous les trois mois. Je souris doucement en attendant d'entendre ma "punition" et allume le joint que je tiens dans ma main.

- Nous te laissons jusqu'à la fin du trimestre pour nous prouver que tu es prêt à faire quelque chose de ta vie. Sans preuve de ton implication, nous te couperons les vivres

Quoi ? Elle n'est pas sérieuse ! C'est impossible ! Comment peuvent-ils passer du laxisme le plus complet à ... ça ?

- Quoi ? Mais ça fait moins d'un mois ! Comment veux-tu que je vous prouve quoi que ce soit en si peu de temps... J'ai besoin de plus d'un mois !

- Je suis désolée Clark, mais je pense que nous t'avons laisser sufisamment de temps. Tu dois reprendre ta vie en main mon garçon. Je suis désolée... J'espère que tu te rendras compte que c'est pour ton bien que nous faisons ça. Je t'aime...

Elle raccroche.

Je reste comme un con, assis sur mon lit, mon joint pendant au bout de mes lèvres. La fumée me fait un drôle d'effet en bouche, comme un arrière goût amer. Je répète les mots de ma mère dans mon esprit, sans arriver à en assimiler tout le sens.

La façon qu'elle a eut de me dire au revoir était étrange, c'est comme si elle me faisait ses adieux... et en un sens, c'est le cas. Elle est persuadée que je ne ferai rien, comme à mon habitude, et elle a raison. Ils seront obligés de me couper les vivres et je ne retournerai plus jamais chez eux. Je me rends à l'évidence, je ne reverrai plus mes parents et je vais devoir me débrouiller par moi-même à partir de maintenant.

Je ne sais pas à quoi ils pensaient, mais il est évident qu'en me mettant au pied du mur comme ils viennent de le faire, je vais me tourner vers la solution de facilité.

Facilité qui porte le nom de Mark, dans le cas présent.

- Ouais, répond-il d'une voix rauque

Je suppose que je le réveille, comme on m'a réveillé, il y a quelques minutes.

- Ouais, mec, excuse moi de te réveiller, mais j'aurais besoin d'un service...

- Ne me dis pas que tu as déjà fumé tout ce que je t'ai donné hier soir...

- Non

Presque...

- J'aurais besoin d'un boulot...

Je l'entend qui se redresse dans son lit, il rit comme un con. Mark m'a déjà proposé plusieurs fois de bosser pour lui et j'ai toujours refusé, alors m'entendre lui demander ce service, ce doit être jouissif pour lui.

- Enfin ! Monsieur Clark se décide à accepter les basses besognes

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça connard

Je déteste mon prénom, et il le sait. Il n'y a que ma mère qui peut m'appeler comme ça, et elle ne le fera probablement plus maintenant. Je ressens un petit pincement au cœur à cette idée. Elle a beau être agaçante, je l'aime quand même. Il faut croire que le sentiment n'est pas réciproque, puisqu'elle n'a pas hésité à me rayer de sa vie.

Qu'est ce qui m'arrive ? On dirait une gonzesse, reprend toi K !

Je tire une latte sur mon joint pour chasser toutes ses pensées cucul et reprend le cours de ma conversation.

- Alors, tu vas m'aider ? Oui ou merde?

- Rendez-vous au même endroit que d'habitude, à 19h

Et il raccroche.



Bonjour à vous,

je me lance dans un style nouveau... J'espère que ça vous plaira !

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensé, si je dois faire des modifications, ce que vous avez aimé, ce que vous n'avez pas aimé. Et likez si ça vous a plu :-)

Des bisous

Alien <3

Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant