Je sens mon corps brinquebaler dans tous les sens, comme si on me berçait, ou qu'on me secouait doucement, puis un mouvement brusque, je glisse sur une surface lisse et je me cogne la tête dans une paroi en métal. La douleur est vive. J'entends une voix lointaine crier "Putain fais gaffe! On doit le ramener vivant".
Il me semble reconnaître le timbre du type en noir qui était devant l'hôpital. Logique, c'est lui qui m'a endormi. Les yeux clos, je me concentre sur mes autres sensations pour avoir des indices sur ce qui est en train de se passer. Le métal froid sous mon corps mou, le ronronnement constant, la position de mon corps, les bras derrière le dos, face contre terre, du plastique autour de mes poignets, quelque chose de collant sur mon visage. D'accord. Je crois comprendre, je suis ligoté, bâillonné, à l'arrière d'une voiture. Une camionnette sûrement, vu la distance sur laquelle j'ai été projeté tout à l'heure.
Et maintenant, la question à un million... Pourquoi ? Pourquoi, est-ce qu'un mec que je n'ai jamais vu de ma vie, décide de m'enlever. Puis ça me frappe, "Bonne nuit Tyler". Putain, ils voulaient mon coloc, pas moi. C'est encore plus incompréhensible, ce mec est une pub vivante pour l'université. Je ne vois pas comment il aurait pu s'attirer des ennuis. Et vu les méthodes employées, il ne s'agit pas d'un bizutage de fraternité, clairement.
La panique commence à s'emparer de moi, mon cœur tambourine dans ma poitrine, j'ai peur de ce que ces mecs vont me faire. Même les gens peu fréquentables que je côtoie, n'emploient pas ce genre de méthode, quand ils ont un problème avec quelqu'un, ils règlent ça à la batte de baseball ou au couteau. Simple et efficace, ils annoncent la couleur tout de suite. Alors qu'endormir quelqu'un, le ligoter pour le conduire quelque part, c'est un truc de psychopathe ça. ils vont m'emmener dans une cave pour me torturer.
Mon esprit fonctionne à mille à l'heure et tous les scénarios que j'envisage n'ont pas d'issue positive. Je finis par me faire à l'idée et me dis qu'au moins une fois dans ma vie j'aurais fait quelque chose de bien. Contre mon gré, c'est un fait, mais j'aurais au moins évité à un type bien de se faire buter.
En toutne chose est sûre, je ne vais pas les laisser faire sans opposer un minimum de résistance.
J'ouvre doucement les yeux, pour observer l'endroit où je me trouve. L'habitacle est baigné d'une lumière filtrée qui provient du pare brise avant, plongeant l'arrière de la camionnette (où je me trouve) dans une obscurité relative. Le type qui m'a endormi est avec moi, il est debout, la tête penchée en avant à cause de la hauteur de toit trop basse pour sa grande taille. Il regarde la route entre les deux appui têtes en se retenant à celui du siège conducteur. De temps à autre, il jette un oeil dans ma direction pour s'assurer que je ne bouge pas, ce que je m'applique à faire, alors que je meurs d'envie de lui sauter au cou. Avec la vitesse et le sol en métal, j'ai glissé jusqu'aux portes arrière.
Parfait.
Je dois arriver à défaire mes liens et je pourrais sauter du véhicule en marche. Si je vais assez vite, je devrais pouvoir y arriver sans que l'autre con ne me tombe dessus. L'ennui, c'est qu'ils ont utilisé des liens de serrage en plastique, ces merdes sont drôlement résistante, j'en sais quelque chose, ce n'est pas la première fois qu'on m'en met. J'ai déjà essayer de les retirer, mais c'est la première fois que j'ai le sentiment que ma vie en dépend.
Le truc, c'est de donner un grand coup sec. Putain, j'y suis arrivé.
Décidément, la peur de mourir est un moteur incroyable. L'adrénaline a un effet dingue sur moi, je me sens plus fort, plus rapide, j'ai même l'impression que mes sens sont décuplés. J'arrive à entendre la conversation du chauffeur et du mec en noir, alors qu'ils chuchotent.
- T'es sûr qu'il dort ?
- Mais oui, tu aurais vu la dose que je lui ai collé. J'ai anticipé, je ne savais pas où il en était dans sa transformation
- T'es sûr qu'on a le bon
- Mais oui, il disait à l'infirmière qu'il a été mordu par un loup
- Ouais...enfin c'est le premier qu'on choppe qui a des tatouages...
- Ahah, des fois, les intellos cachent bien leur jeu.
- Luc...
- Arrête de te faire de la bile Louis
J'ai l'impression que mon sang quitte mon corps, une sensation de froid m'envahit quand je réalise que tout est lié. La morsure, l'enlèvement, tout était prémédité. Je voudrais qu'il me racontent leur plan mais l'envie de fuir et de sauver ma vue est bien plus forte. J'attends que Luc se retourne et ne prête plus attention à moi.
Il se tourne, je me lance. Je me redresse rapidement, mes jambes aussi étaient liées, je m'écroule à plat ventre sur le sol de la camionnette. Je peste et tire un grand coup sur mes liens, que je casse avec une facilité déconcertante. C'est moins solide que dans mes souvenirs... En revanche, pour le côté discret, on repassera. Luc se précipite sur moi, son maudit morceau de tissus à la main, mais je parviens à l'esquiver. Je lui colle une droite dans l'estomac. Il se plie en deux sous l'effet de la douleur. Je profite de sa distraction pour avancer vers les portes arrières, tant bien que mal, se déplacer n'est pas si facile quand le véhicule est en marche. Alarmé par le bruit, Louis se retourne et freine brusquement quand il se rend compte que je suis détaché. Propulsé par la vitesse, je vais m'écraser la face contre le sol. C'est tout ce qu'il fallait à Luc pour se ressaisir, il plonge sur moi et m'immobilise à l'aide de ses genoux avant de me coller sous le nez son foutu bout de chiffon.
- Ne t'en fais pas Louis.. Hein? C'est pas ce que tu me disais tout à l'heure, Luc ?
- Oh ta gueule
Tout tourne autour de moi et je sens à nouveau ma conscience m'abandonner.
Putain.
- Il est mort ? dit une voix que je ne reconnais pas
Je sens un petit coup de pied dans mon dos, suivi d'un "Non, il est encore endormi".
Une odeur âpre me monte au nez, ça sent la sueur, la pisse et ça pue. Le sol sous ma joue est rugueux, on dirait du bitume et je ne sens plus les liens sur mes poignets et mes chevilles. Je me relève d'un bond, prêt à en découdre, mais celui qui se tient devant moi est un parfait inconnu.
Je m'éloigne de lui, en baissant les poings. Je suis dans une pièce sombre, seulement éclairée par une faible ampoule qui pendouille mollement depuis le plafond, il n'y a aucune fenêtre et dans un coin, une porte, faite d'épais barreaux, laisse entrevoir un couloir. Je me précipite vers la seule sortie et colle ma tête entre les barreaux pour voir ce qui se trouve à l'extérieur. Il n'y a que ce couloir, interminable plongé dans l'obscurité. Un coup sur le métal me fait reculer. Il y a deux mecs, sacrément balaises, de chaque côté de la porte. Ils ne me parlent pas mais me font signe de dégager de là.
Je me retourne pour chercher des explications auprès de celui qui m'a réveillé, mais il n'est pas seul. Il se tient face à moi, entouré d'une trentaine de types...
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Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]
WerewolfClark, 23 ans, a l'habitude de faire les mauvais choix. Ce soir là, il sera au mauvais endroit, au mauvais moment, et quand son regard croisera deux yeux rouges dans la nuit, il sera déjà trop tard. Sa vie va prendre un tournant à 180 degrés. Lui...