Le plan

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Si on m'avait dit un jour que j'appellerais une fille Salicorne et que je sourirais comme un con en la voyant rire, j'aurais demandé qu'on me flanque un bon coup de pied au cul sur le champ.

Mais entre temps, je me suis fait mordre par un putain de loup, la donne à changée et les occasions de rire sont devenues plus rares. Le sourire idiot qui me fend la gueule reste imprimé jusqu'à ce que Freyja s'approche de moi avec une seringue. Je n'ai pas le temps de protester, que le liquide blanc progresse déjà dans la tubulure de ma perfusion.

Putain c'est pas..

Je sens qu'on me transporte, en me tenant par un bras et une jambe, comme un vulgaire sac à patates, et au delà de l'inconfort que ça procure, ça commence à être vexant. On me lâche et je m'écrase face contre terre, une fois de plus.

Après quelques minutes, je reprend possession de mon corps. Je me relève et me dirige dans un coin de la pièce, pour m'isoler du groupe et réfléchir à l'idée qui a prit forme dans mon esprit quand j'étais avec Freyja et qui me paraît, à présent, être la seule possibilité de lutter contre ce nabot qui me retient.

Josh s'approche de moi, le visage défait, il tend une main dans ma direction mais la laisse retomber avant de me toucher, il baisse la tête et murmure:

- Je suis désolé Clark

- Ta gueule

J'ai vraiment besoin qu'il la ferme. Déjà en temps normal je ne suis pas très doué pour échafauder des plans, alors si on vient interrompre mes pensées toutes les trente secondes, c'est peine perdue.

- Non Clark, écoutes moi, je suis vraiment désolé

Putain. Je l'attrape par le col de son t-shirt et le plaque contre le mur, je plante mon index dans son torse avant de me mettre à hurler:

- Ne viens pas me faire chier maintenant avec tes états d'âme mon grand !

Il se fige, surprit et je poursuis, si il a besoin d'entendre ce que j'ai sur le coeur pour me lâcher. Soit.

- Et oui, j'ai bien compris que tu ne m'avais pas tout dit. Je ne suis peut-être pas un petit génie comme vous, mais je suis loin d'être con et je vois quand on se fout de ma gueule. Tu savais, putain! Tu savais que j'allais buter quelqu'un ! Et tu ne m'as rien dit ! Je pensais pouvoir te faire confiance mais on dirait que je me suis planté... Alors, si tu veux parler, je t'écoutes vas-y... Pourquoi tu m'as laissé tuer ce gosse ? A quelle partie de ton plan génial ça appartenait ça ? Parce que j'ai beau être un connard égoïste, c'est le genre de truc avec lequel je vais avoir du mal à vivre...

Josh se racle la gorge, mal à l'aise, il fixe ma main toujours resserrée sur son col en espérant probablement que je le relâche mais comme je n'en fais rien, il se met à parler, nerveux :

- Ecoute, je suis désolé, vraiment. Mais j'avais besoin que tu le fasses

J'ai beau être surpris par son aveux, je ne le lâche pas pour autant, j'ai besoin qu'il continues à parler. Je dois savoir si je peux lui faire confiance ou non.

Putain, j'espère qu'il a une bonne raison. Je ne veux pas me retrouver seul dans cette merde, Josh est le seul à tenir la route dans cette fosse d'intellos, alors je me satisferais de peu mais il doit trouver une excuse valable.

- C'est peu louable, mais s'il fallait que tu tues quelqu'un, comme nous l'avons tous fait avant, c'était pour m'assurer de ta motivation à faire tomber James. Bien sûr, tu étais en colère à l'idée de te faire enfermer de la sorte, mais ta rage devait être plus forte. Je devais attiser ton envie de vengeance pour être sûr que tu sois prêt à tout pour avoir la peau du Grand Chef. Mais au delà du fait que cet acte devait nous garantir ton soutiens, c'était aussi un moyen de catalyser ton sentiment de culpabilité. Après voir commis l'irréparable, tu lutterais de toutes tes forces pour ne plus jamais succomber à l'appel du loup. En revanche, je n'avais pas prévu ce qui s'est passé cette nuit, je ne pensais pas que la victime serait si jeune et... innocente.

Il lève la main et la pose sur mon épaule:

- Si j'avais deviné l'effet que ça produirait sur toi, je me serais interposé. Jamais je n'ai voulu te faire du mal Clark

Je lâche l'encolure du t-shirt et m'éloigne à reculons. Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Ses aveux me font voir Josh sous un jour nouveau. Ce n'est pas seulement un petit génie un peu naïf, c'est aussi un stratège implacable prêt à sacrifier une vie pour arriver à ses fins. Un aspect de lui qui pourrait m'être utile si je veux m'enfuir, mais dont je vais devoir me méfier. Il n'hésiterait pas à me sacrifier pour garantir la fuite de ses amis.

Après un débat intérieur, j'en viens à me dire que je dois inclure Josh dans mes projets, tant que ceux-ci vont dans la même direction. Je soupire, m'approche de lui, et lui flanque un coup de poing dans la gueule.

Si on doit être ensemble dans cette merde, autant remettre les compteurs à zéro.

- L'avantage avec ce que tu viens de me dire... C'est que je ne ressens plus aucune culpabilité à te botter le cul

Josh s'essuie le coin de la bouche d'un revers de main et déjà l'ecchymose qui se formait disparaît.

- Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ce n'est pas une bonne nouvelle pour moi

- En effet...

- Alors tu es partant ? Tu veux essayer de t'enfuir avec nous ?

- T'es sûr que tu es un génie ? Parfois, t'as vraiment des questions à la con.

Il me sourit et fait signe aux autres de nous rejoindre, ils ne se font pas prier et bientôt je suis encerclé d'intellos qui me collent d'un peu trop près, comme ils le feraient avec une fille seule dans un salon du jeux vidéo.

- Alors Clark, comment on fait ? dit l'un d'entre eux

Je jette un regard assassin à Josh, non seulement ce connard leur à tout dit, mais en plus il m'a fait miroiter une échappatoire qu'ils n'entrevoient même pas. Ils n'ont aucun plan et comptent sur moi pour les sortir de là. Préparez vous à rester là un bon moment les mecs ! Parce que je n'ai aucune idée.

Le regard perdu dans le vide, je cherche une réponse à donner et un moyen de me calmer, quand le mur tâché de mon sang m'offre les deux.

- James aime tout contrôler, n'est-ce pas ?

- Oui, mais ça ne nous dit toujours pas comment on va s'y prendre ? Clark.

Ce petit con commence à m'agacer avec ses questions et sa manière pédante d'utiliser mon prénom contre moi. J'aimerais pouvoir faire de même avec lui, mais je ne sais pas comment il s'appelle. Je l'ai surnommé Jimmy Neutron, parce qu'il est petit, qu'il a une drôle de tête et une coiffure de merde.

- On va infiltrer son organisation et foutre le bordel

- Et qui va le faire ?

- Un connard incontrôlable, aka moi

- Super.. et comment? Mônsieur Clark. ironise-t-il

Encore des questions.

Mieux qu'une réponse, je lui fais une démonstration.

Je l'attrape par le cou et lui écrase la gueule contre le mur.

- Comme ça, Jimmy

Quand je le relâche, il s'écrase au sol en tenant son visage entre les mains, je m'agenouille pour lui faire face:

- Ne m'appelles plus jamais Clark. Au fait, les murs sont couverts d'aconit tue loup. Amuse toi bien, connard !

Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant