Sonné par mes derniers mots, James ne dit plus rien. Déçu d'avoir encore visé à côté, il se tasse sur son siège, la mine basse. Et c'est aussi bien comme ça. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine et si je ne savais pas que c'est impossible, je dirais qu'il est prêt à jaillir hors de mon corps, ou mieux, d'imploser. Bien que, vues les découvertes que j'ai fait ces derniers temps, je ne devrais jurer de rien.
Quand j'arrête le moteur au pied de l'entrepôt, j'ai la bouche sèche et la poitrine en feu. C'est maintenant que tout se joue. Et je n'ai jamais été aussi terrifié. Peut-être parce que je m'inquiète de ce qui est en train de se passer à l'autre bout de la ville, en ce moment même. Pourtant je ne devrais pas. Si j'avais encore des doutes quant à l'amitié qu'il me porte, il m'a prouvé ces derniers jours que je pouvais avoir pleinement confiance en lui. Trevor a décroché au bout de deux sonneries et n'a pas hésité une seule seconde lorsque je lui ai demandé de me venir en aide. S'il n'avait pas accepté, je l'aurais supplié, promis monts et merveilles pour qu'il m'apporte son soutien, et je ne le remercierai jamais assez de m'avoir éviter cette corvée. Je ne suis pas du genre à supplier en temps normal, mais avec James qui me fusille du regard, encore moins. J'ai besoin qu'il croit que je gère la situation. Pour qu'il perde cette foutue confiance qui exaspère et me donne envie de lui arracher les entrailles.
J'ai conseillé à Tre' de prendre son arme avec et d'entrer en contact avec Kenz. Lui aussi je l'ai transformé, mais ce pauvre gosse n'avait rien demandé à personne. Contrairement aux types qui se trouvent en ce moment sur la banquette arrière, ce jeune a encore (à peu près) les mains propres. J'aurais voulu lui épargner d'avoir à prendre part à tout ça, mais sachant que la vie de Freyka est en jeu, j'ai renoncé à mes belles idées. S'il doit se salir les mains pour la sauver, je m'en moque. Du moment qu'elle me revient saine et sauve.
Je descend de voiture et jette la cigarette que j'avais allumée sur le trajet pour essayer de me calmer. Un nouvel échec cuisant. La nicotine n'a plus d'effet sur moi, il semblerait.
Je fais signe à mes Bêtas de me suivre, confiant James aux mains de Erik. Le plus grand et le plus impressionnant des trois. S'il n'est pas tout à fait de la même carrure que Nina ou l'autre Balaise, il n'en est pas loin pour autant. Avec un surveillant comme lui, James devrait se tenir à carreaux. Je me dis que j'aurais pu le laisser dans la voiture, mais c'est un risque que je ne suis pas prêt à courir. Seul, il aurait pu trouver un moyen d'obtenir du renfort ou de s'enfuir, plus simplement. Autant le prendre avec nous, quitte à nous servir de son corps comme bouclier s'il le fallait.
J'inspire à fond avant d'entrer, cette fois je n'ai pas de plan, aucune connaissance des lieux, et surtout pas la moindre idée de ce qui m'attend de l'autre côté de la porte métallique qui scinde la façade en deux. Mais je me dis que vue la taille du bâtiment et le nombre d'otages qui s'y trouvent, les gardes doivent être en nombre ici. Trevor et Kenz n'auraient jamais pu s'en sortir seuls. J'ai fait le bon choix.
Sans perdre une seconde, nous nous élançons à l'intérieur de la bâtisse laissée à l'abandon. Même si je ne dois leur obéissance qu'au nouvel instinct animal que je leur ai insufflé, c'est agréable de se sentir épaulé. Sans compter que je vais avoir besoin de l'aide de mes Bêtas, ce soir. Pour rendre justice. Une vision tordue et personnelle de la justice, mais tout de même.
Quand nous passons la grande porte, que Sean et Brett ont soulevé sans la moindre difficulté, une vague d'odeur nous submerge. La peur. La douleur. La colère. Mais surtout... l'essence. Il me faut quelques secondes pour passer outre la sensation d'effroi qui me submerge, lorsque je vois de hautes flammes danser au fond du vaste entrepôt. Elles commencent à lécher les murs, engloutissant dans leur progression les meubles et les détritus qui jonchent le sol. Et au milieu de ces murs de taules avalés peu à peu par les flammes, se dresse une cage d'acier. Dans laquelle se trouvent mes amis.
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Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]
WerewolfClark, 23 ans, a l'habitude de faire les mauvais choix. Ce soir là, il sera au mauvais endroit, au mauvais moment, et quand son regard croisera deux yeux rouges dans la nuit, il sera déjà trop tard. Sa vie va prendre un tournant à 180 degrés. Lui...