L'assaut

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Quand j'ai repris connaissance, les gyrophares étaient déjà en chemin et le feu s'étendait aux arbres alentours. J'ai hésité à reprendre ma place sous les branches tombantes mais je me suis dis que j'avais suffisamment perdu de temps. J'ai repris la I-354 dans le sens inverse, m'éloignant ainsi des camions de pompiers, mais aussi du manoir de James. Mais ça n'avait pas d'importance, il fallait que je fasse un détour de toute manière. Je devais aller chercher les... accessoires... nécessaires à la suite du plan. 

Garé aux abords du manoir, je descend du SUV qui se rehausse légèrement après ma sortie. Mais ce n'est pas le retrait de mon poids qui suffira à soulager les essieux du véhicule surchargé. A bonne distance, j'observe le bâtiment et ses alentours qui semblent si paisibles d'où je me trouve. Et malgré ma détermination et le fait que j'ai décimé une bonne partie de l'effectif de James, j'ai le sentiment d'avoir une boule de plomb dans l'estomac. Je crains qu'elle ne s'envolera qu'une fois toute cette histoire terminée. 

Et il est temps de mettre un terme au règne despotique du nabot. 

Je soupire une dernière fois et ouvre le coffre du SUV, duquel je tire une meuleuse. Avec laquelle j'entreprend de couper la grille qui entoure le jardin. Je pourrais tout à fait l'escalader et entrer discrètement. Mais ça ne me serait d'aucune utilité. Puisqu'une fois à l'intérieur, les gardes qui protègent l'accès au manoir fondraient sur moi comme une nuée de mouche sur un bel étron. Je ne veux pas qu'ils me tombent dessus. Je veux qu'ils viennent à moi. 

J'entends des cris, des souffles bruyants et des cœurs affolés. Ils arrivent. Quand les faisceaux de leur lampe torche éclairent à quelques mètres de moi, j'ouvre la portière de la voiture. Je libère mes "otages". BigJim, Léo, Erik, Sean et Brett.

Enfin mes otages... mes appâts plutôt. 

Sous la menace, et probablement grâce à mon autorité d'alpha, j'oblige mes nouveaux Bêtas à entrer dans le jardin. J'ai besoin qu'ils fassent diversion, pour que de mon côté, je puisse m'introduire dans le bâtiment rapidement. Si je devais réduire au silence tous les effectifs de James, il aurait le temps de partir avant que je n'arrive à lui. La meuleuse toujours en main, j'escalade la grille à une centaine de mètres de l'affrontement et traverse le jardin en longeant les arbres et les murs qui se dressent devant moi. A proximité de la porte que j'ai emprunté pour sortir la dernière fois, j'inspire profondément avant d'enfoncer à nouveau mes doigts dans mes oreilles. La même douleur, le même bourdonnement que la dernière fois. Mais surtout, la même angoisse. A l'exception qu'aujourd'hui, je ne m'enfuis pas, je me jette dans la gueule du loup. 

Devant la porte métallique, je donne un coup de meuleuse dans la serrure pour la faire céder, puis un coup de pied pour libérer l'accès. La porte s'ouvre, j'imagine qu'elle grince, même si je n'entends pas. Quoiqu'il en soit, je n'ai nullement besoin de mon audition pour savoir que ce faisant, j'ai déclenché une alarme. La lumière rouge clignotante est suffisamment explicite. Je me dirige en direction des cellules où sont emprisonnés les garçons quand mon audition revient brusquement. Un nouveau bourdonnement suivi d'un sifflement strident me terrassent. 

Je m'agenouille un instant, une main posée au sol pour retrouver mon équilibre mis à mal par le retour de mes capacités auditives quand la voix de James me parvient par les hauts-parleurs. 

" Tyler... Tyler... Tyler..." Il s'interrompt, avant de se mettre à rire comme le psychopathe qu'il est. 

" Tyler ! Si j'étais toi, je viendrais dans mon bureau tout de suite." 

Je lève les yeux au ciel et rejette cette idée d'un hochement de tête. Il croit avoir une quelconque autorité sur moi ? Il est encore plus taré que je ne le pensais. 

" A moins que tu ne veuilles jamais revoir tes petits copains vivants... Ou ma chère soeur."

Mon coeur chute dans ma poitrine alors qu'il se remet à rire. Sans réfléchir d'avantage, je me mets à courir, ignorant mon instinct qui me hurle qu'il s'agit d'un piège. Je dois les sauver. Je dois la sauver. 

Je détourne le regard du couloir qui mène aux cellules et monte à l'étage du dessus. Celui où se trouve le bureau de James. Sans m'annoncer je pousse la porte entrouverte, après tout, il m'attend. Je suis accueillis par le canon d'une arme, pointée entre mes deux yeux. 

- Tyler ? Te voilà enfin, je t'en pries, entre. dit-il en agitant son bras libre en direction d'un fauteuil de cuir. 


Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant