Rencontre décisive

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Putain. 

James augmente ses effectifs. Dans quel but ? Je ne comprends pas. J'avais bien remarqué des changements, notamment dans l'état des garçons, et naïvement je mettais ça sur le compte du contraste entre ce que je vivais et ce qu'ils éprouvaient. Mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il se passe quelque chose, les plans de James ont changés, je le vois, sans réellement pouvoir dire dans quelle mesure. Et surtout, dans quel objectif ?

Si au moins je savais ce que mijote ce connard, je pourrais trouver un moyen de le contrer... 

Mais là, je nage en eaux troubles, et j'ai l'impression de me débattre, tout seul, sans avoir conscience de la profondeur et de la distance à laquelle se trouve la rive. Je m'épuise, à chercher un moyen de m'en sortir, alors qu'il est possible qu'il n'y en ait aucun. Je commence à me demander si toute cette idée de fuite n'est pas illusoire et qu'en fait, je ferai mieux de me laisser porter et de suivre le courant sans essayer de lutter. 

Après tout, je suis toujours en vie. C'est déjà ça, non ? 

Le gosse enfermé à quelques mètres de moi, celui que j'entends pleurer sans savoir à quoi il ressemble, ne parvient plus à maîtriser ses sanglots. Il craque complètement et, même si je ne le connais pas, son désespoir m'atteint. Il fait remuer quelque chose en moi, plus ses pleurs emplissent le silence de la nuit et plus je sens mon bide se retourner. Je suis triste et j'ai peur. Avec lui. Pour lui. 

Aussi, quand l'un des gardes s'approche de la porte et lui intime de se la fermer, sans quoi il lui donnera une bonne raison de chialer, mon sang entre en ébullition. J'ai envie de broyer les os de ce connard entre mes doigts et de le voir agoniser sous mes griffes. Mais je n'en fais rien. 

Encore. 

Ce constat amer s'impose à moi. Je ne fais rien. Depuis que je suis ici, je n'ai rien fait pour me défendre, ou pour défendre les garçons. J'ai avancé mes pions et je me suis assuré une place confortable. Pendant que Josh et les autres souffrent, je me fais coacher pour devenir une machine à tuer, et le soir venu je furète dans l'espoir de trouver une sortie. Pour me donner bonne conscience, et me dire que j'agis pour le bien de tous, alors que, comme toujours, je suis le seul à ressortir gagnant de cette histoire. Il est temps que j'agisse. 

Je m'écarte à reculons de cette scène qui me renvoie à mon impuissance, une fois de plus, et entreprends de regagner ma chambre quand une odeur me fait dévier. Freyja. Je sens son parfum. Mais c'est impossible. Il semble provenir d'un renfoncement dans le couloir. Le petit espace plongé dans l'obscurité, est totalement vide, pourtant son odeur y est omniprésente. Sous mon pied, une dalle s'enfonce légèrement. Putain. Une trappe? 

Dessous, une échelle qui me mène à un nouveau couloir, étroit et humide. 

Sans réfléchir, j'avance. Dans l'obscurité. Guidé par le parfum qui m'a mené ici. J'espère la retrouver. Juste quelques instants. Je ne l'ai plus vue depuis des semaines et aussi étrange que cela puisse paraître, elle me manque. Je m'arrête devant une petite porte métallique, c'est là, elle doit se trouver derrière. L'odeur s'arrête ici, alors que le couloir, lui se prolonge encore à perte de vue.  

Le coeur battant, j'ouvre la porte. 

Elle est là. A quelques pas de moi, appuyée contre un mur couvert de mousse, une cigarette aux lèvres. Il me faut quelques instants pour me rendre compte que je ne rêve pas. Surprise par le grincement métallique, elle a sursauté et manqué de tomber. Elle se tourne vers moi, paniquée. Puis, réalisant que c'est moi, son regard change. Elle a peur. Je lui fais peur ?

- Tyler, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être ici. Tu vas avoir des problèmes

C'est pour moi qu'elle a peur ? 

Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant