Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]

Nouvelle aire

Les garçons me regardent, sans comprendre pourquoi je viens d'éclater la tête d'un des leurs contre le mur. Pour des génies, ils sont foutrement longs à la détente. Josh se précipite sur Jimmy Neutron. Une fois rassuré sur son état, le grand blond se lève et me pousse, visiblement énervé:

- Putain, mais ça va pas ou quoi ? On est censé se serrer les coudes, Clark

Ils me saoulent ces petits cons, déjà ils ne comprennent rien à rien, et en plus, ils se servent de mon identité comme d'une arme qu'ils retournent contre moi. Josh me regarde, furieux, prêt à me sauter dessus et à me casser la gueule, je le sais, j'ai appris à reconnaître les signes précurseurs. Pupilles dilatées, poing serrés, narines frémissantes, le roi des geeks à toute la panoplie du mec qui s'apprête à me refaire le portrait.

Aussi, quand il se jette sur moi, je ne suis pas surpris et j'évite facilement les coups qu'il essaye de me porter. Il a beau être plus habitué à toute cette merde loup-garouesque, j'ai bien plus d'expérience en matière de combat rapproché.

J'attrape son poing et m'en sers comme d'un levier pour retourner son bras, mon pied dans son dos, je lui applatis la tête contre le mur, avec moins de hargne que je ne l'ai fait avec Jimmy Neutron. Il a beau être agaçant par moment, mais j'apprécie Josh. Sans compter le fait que j'ai suffisamment mis à l'épreuve son pouvoir de cicatrisation ces derniers jours.

A cet instant, j'ai besoin qu'il m'écoute et immobilisé dans cette position, il n'a pas vraiment d'autre choix. Je profite d'avoir l'ascendant sur leur chef pour transmettre un petit message à ses compagnons, pour qu'ils comprennent à qui ils ont affaire:

- Un conseil, ne t'en prends jamais à quelqu'un qui n'hésitera pas à te faire la peau. C'est clair ducon ? Et vous tous, bande de tarés, ne vous mettez pas en tête que vous pourrez vous en prendre à moi impunément. Le premier qui s'avise à lever le petit doigt sur moi, je lui arrache les dents une par une et je m'en fais un collier ! On est d'accord ? Je murmure pour que les gardiens n'entendent rien

Ils hochent tous la tête mais je devine qu'ils ne prennent pas mes menaces au sérieux.

- Une dernière chose ! Le prochain qui m'appelle Clark, je l'envoie rendre une petite visite à Freyja

Je relâche Josh et fait signe aux garçons de me suivre dans un coin, pour leur faire part de mon plan avant que l'un d'entre eux ne foute tout en l'air. Jimmy Neutron est chargé de faire du bruit pour couvrir notre conversation, ce qu'il fait avec brio. Il gémit comme une fillette dans les oreilles des gardiens, leur réclamant un examen médical.

- Bon à votre avis, bande de débiles, comment je vais réussir à infiltrer l'organisation ? En demandant poliment ? Non, James est un connard mais il n'a pas l'air stupide, il va avoir besoin de preuve. Je dois lui faire voir que je suis de la même trempe que lui, que je suis impitoyable et que j'en ai rien à branler de vous.

- Et tu ne crois pas que lui avouer ta véritable identité pourrait jouer en ta faveur ?

C'est une bonne question que vient de me poser le petit rouquin. Je prend quelques secondes pour y réfléchir, c'est vrai qu'en lui parlant de mes frasques j'accéderais plus rapidement au statut que je vise.

- Non, il vaut mieux le laisser dans l'illusion. S'il apprend qui je suis vraiment, il va utiliser les mêmes moyens de pression sur moi, et je n'arriverais plus à avancer. J'ai beau être un enfoiré, s'il menace ma mère, je risque de flipper.

- Et ça ne te dérange pas de risquer la vie de la mère d'un autre ?

Si bien sûr, mais à choisir, je préfère épargner la mienne. Comme les petits génies ne doivent rien savoir de mes états d'âme, je lui répond, sur un ton faussement détaché:

- Non, je m'en contrefous

Je suis le seul à pouvoir entreprendre cette mission, et c'est ma capacité à me foutre de tout qui va me sortir de cette merde. Je dois faire abstraction de mes sentiments, si maigres soient-ils, pour pouvoir réussir ce que je m'apprête à entreprendre. Pour pouvoir tenir le coup, ils ont besoin de garder espoir, je dois maintenir cette confiance absurde qu'ils ont placé en moi pour qu'ils croient que nous avons une chance de nous en sortir. Ce dont je doute.

Mes intentions n'ont pas changées, je veux toujours me suicider, mais il m'apparaît clair qu'on ne me laissera pas faire ici. Alors quitte à mourir, autant que ce soit en essayant d'aider ces garçons.

Josh intervient et interrompt le fil de mes pensées:

- Tu sais que tu vas devoir tuer ?

Hélas oui. J'ai envisagé cette possibilité, la mort de ce gamin pèse toujours sur ma conscience, mais grâce à ma moralité douteuse, j'ai trouvé un subterfuge pour m'accommoder de ce que je vais devoir faire.

- Ouais je sais, mais je suis prêt à le faire pour nous sortir de là

Les garçons me fixent, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Oui, je le ferai, ils semblent penser que je me sacrifie pour la bonne cause mais ce n'est pas le cas. Je me dis simplement que les gens qui traitent avec James ne valent pas mieux que lui. Ils sont tous, tout autant que ce nabot ringard, des salauds qui exploitent les gens et n'hésitent pas à faire la peau au premier qui se mettrait en travers de leur route.

Débarrasser le monde de pourritures telles que James, ne me semble pas être une si mauvaise action que ça.

C'est un des avantages quand on a passé la moitié de sa vie à faire des conneries, la ligne entre le bien et le mal est fine et modulable, je peux faire les pires crasses et dormir comme un bébé la nuit suivante sans problème. Enfin, jusqu'à la mort de ce gosse.

Cette merde est trop barrée pour que j'arrive à vivre avec. C'est comme si on crachait sur le cadavre de ce gamin, un glaviot pour chaque seconde où je suis toujours en vie.

Je baisse la tête et soupire un grand coup, je lève les yeux et murmure un petit:

- Désolé les gars

Je vois qu'ils ne comprennent pas et c'est normal. J'ai volontairement passé sous silence la partie où je sors de cette cellule pour me retrouver devant le Grand Chef. Je ne pense pas qu'ils auraient opposé une quelconque résistance, mais j'ai besoin de l'effet de surprise pour rendre la scène crédible.

Sans leur en expliquer d'avantage, j'enclenche la seconde partie de mon plan.

J'attrape Josh par le col, ma victime favorite, et le bourre de coups de poings. Les autres essayent d'intervenir pour me maîtriser mais n'y parviennent pas. Ma rage a prit le dessus et je fais mon possible pour l'alimenter, je fournis à mon cerveau les images dont il a besoin pour rester dans cet état de tension.

Devant moi, je ne vois plus mes compagnons de cellules mais une multitude de clone de James. Toutes ces images créées de toute pièce prennent un malin plaisir à détruire toutes mes sources de joie, torturant ma mère, brûlant mon herbe, s'en prenant même à Freyja. La seule qui ait réussi à faire naître un sourire sur mes lèvres depuis que je suis captif.

Cette dernière image m'atteint plus que les autres et me fait perdre le contrôle.