Retrouvailles nocturnes

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- Non, mais t'es pas sérieux Clark, tu vas pas faire ça, quand même ?

Putain, je crois que je préférais quand Tyler faisait dans son froc à l'idée que je le bouffe. Depuis qu'il a compris que je ne le toucherai pas, il ne veut plus se la fermer. Et bien sûr, monsieur a un avis sur tout. Le geek accro aux séries pour ados a pris le dessus sur le scientifique , et il n'arrête pas de me prendre la tête avec mes responsabilités en tant qu'Alpha. 

Il essaye de m'apprendre à être un bon loup-garou, ce con. 

Il me ferait presque rire, s'il n'était pas si chiant. 

- Si, Tyler, j'ai bien l'intention de le faire, dis-je finalement, sur un ton las

- Alors, désolé de m'immiscer dans la conversation K., mais je suis d'accord avec l'asperge

- L'asperge ? Non mais pour qui il se prend le hipster crado, là ?

Ils m'épuisent tous les deux. Tout à l'heure, ils semblaient à peine s'intéresser au fait que je sois toujours en vie, et maintenant, ils se prennent pour des stratèges de guerre et essayent de me faire changer d'avis alors que je suis en chemin pour rencontrer Mark. 

Non mais ils étaient où, ces trois derniers mois ? 

Depuis que j'ai été enlevé, j'ai dû prendre mes décisions seul. Et si je dois avouer que le fait d'avoir des alliés est plutôt agréable. Je n'ai pas besoin de leur avis. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. 

- La ferme ! crié-je pour mettre un terme à leur chamaillerie. T'as une meilleure idée Ty' ? 

Il fait non de la tête, aussi je me tourne vers Trevor et le questionne à son tour, silencieusement. 

- Alors, à moins que vous ayez une meilleure idée, ou même une idée tout court. Vous êtes mignons, mes petits chats, mais vous la fermez...

- Mes petits chats ? relève Trevor

- Ouais, je suis devenu sentimental pendant mon absence. Fais toi une raison, ducon

D'un geste de la main, je fais comprendre à mes deux copilotes un peu trop bavards, que l'heure n'est plus à la conversation. Nous ne sommes plus qu'à quelques centaines de mètres de mon point de rendez-vous avec Mark.
Le parking de la bibliothèque. 

Probablement le dernier endroit que j'aurais choisi. Mais je n'ai pas eu le choix, Mark deale toujours ici, si je voulais le voir, il fallait que je vienne. J'espère simplement que cette affaire sera vite réglée, je n'ai aucune envie de m'attarder ici. Ce lieu déclenche en moi une vague d'émotions que je ne parviens pas à maîtriser. 

Je suis en colère, triste et terrifié. Me tenir à nouveau sur le bitume crasseux de ce parking fait remonter tous les sentiments que j'ai ressenti ce soir là. J'ai l'impression qu'en me tenant là, j'appelle le destin pour qu'il revienne me chercher, et qu'il me fasse revivre le calvaire dont je viens de réchapper. 

Pourtant ce n'est pas le cas, je n'ai plus rien à voir avec celui que j'étais à cette époque. Ce soir, je viens en conquérant. Ce soir, c'est moi qui ai les cartes en mains, j'ai le pouvoir. Et cette soirée marque le début d'une nouvelle aire. 

Tourné vers le petit bosquet d'où est sorti le premier loup, il y a trois mois, j'entends Mark approcher. Les semelles de ses baskets défoncées crissent légèrement à chacun de ses pas sur le bitume. Avant même qu'il n'arrive à ma hauteur, je sens son parfum au rabais, dont l'odeur trop musquée ne parvient pas à camoufler les relents de transpiration qui émanent de ses fringues crasseuses. 

Il est là, à quelques pas. Je peux le sentir, il sent la dope, la baise, la peur et le désespoir. 

Des odeurs que je n'aurais jamais cru associer à Mark. Ce connard imbu de lui-même qui ne se laissait dicter sa loi par personne. Pas même Alvares. N'avait, comme il le disait, ni dieu, ni maître. Il faisait les choses à sa manière, ou il ne les faisait pas. Et cette liberté, pour un petit con comme moi qui voulait se lancer dans le business, ça faisait rêver . C'est pour ça que de tous les dealers de la ville, je ne voulais bosser que pour lui. Même s'il faisait figure d'ovni dans le quartier, ce mec était mon modèle. Il avait un code de conduite et il s'y tenait, mais surtout, il avait un vrai sens de la dignité. Et ça, ça ne courrait pas les rues. Surtout dans cette branche. 

Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant