Epilogue

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10 mois plus tard:

Le mégot pendu au bord des lèvres, j'observe le tumulte des étudiants pressés qui s'agitent autour de moi sans que leur impatience ne m'atteigne. Assit sur un banc dans la cour de l'université, les jambes repliées sous moi, je regarde les cercles de fumée monter dans les airs, puis disparaître dans un courant d'air froid. 

Une petite nana tirée à quatre épingles, passe à côté de moi, ses livres sous le bras. Elle marche lentement, pour ne pas glisser sur une plaque de verglas dissimulée par la neige, son regard alterne entre le sol, et moi. Une fois passée à ma hauteur, elle se retourne pour me toiser avec mépris et marmonne quelque chose entre ses dents. " C'est n'importe quoi, cette fac, ils laissent entrer le premier camé venu pour peu qu'il paye ses frais". Elle pensait probablement que je ne l'entendrais pas, mais même si je n'ai eu à planter mes crocs dans personne ces derniers moi, mon ouïe de loup est toujours aussi afûtée, elle. Je lui adresse un sourire pincé, et lui répond suffisamment fort pour qu'elle m'entende "Le camé t'emmerde, ma petite chatte. Et si j'étais à ta place je me regarderais dans le miroir avant de commencer à juger les autres sur leur apparence." 

J'imagine que ce qui l'a amenée à penser que je suis le genre de mec à passer plus de temps à user ses jeans sur les tabourets des pubs que sur les bancs de la bibliothèque n'a rien à voir avec mon allure, mais est plutôt dû à l'odeur que je dégage. Comme la nicotine n'a plus aucun effet sur moi, je m'autorise de temps à autre un petit joint, et celui que je tiens en main en ce moment est particulièrement chargé. 

On doit le sentir à dix mètres à la ronde, mais ça m'est égal, j'en avais trop besoin. 

Après la semaine chargée que je viens de passer, ma tête est sur le point d'exploser, il me fallait une soupape de décompression. Et puis, j'attend dans le froid depuis presque une heure, ça méritait bien une petite compensation... 

Je cale mon mégot entre mes lèvres, déplie une jambe et sort de la poche arrière de mon jogging, mon portable en train de vibrer. 

Trois nouveaux messages reçus:

16h56 : [ Freyja : J'en peux pluus !]

16h57 : [ Freyja : Il ne s'arrête plus de parler ]

16h59 : [ Freyja: Pars sans moi, je vais te ralentir... Un débat vient d'éclater, je suis coincée jusque 22h au moins ]

Je souffle sur mes doigts, pour les réchauffer et tape rapidement :

17h01 : [ Moi : Avoue, c'est toi qui as lancé le sujet... ] 

17h05 : [ Freyja : Non... ]

17h05 : [ Freyja : Si... ]

Je souris en rangeant mon téléphone. Elle se plaint de ne jamais sortir à l'heure, mais c'est la première à poser des questions pièges à trois minutes de la fin du cours. Je le sais, j'ai assisté à plusieurs de ses classes. Elle est incorrigible, mais elle s'épanouie enfin dans ce qu'elle fait. Libérée du joug de James, elle a pu se tourner vers sa vraie passion, l'architecture. Alors que moi, j'ai renoué avec mes amours de jeunesse, mes ambitions étouffées dans l'oeuf par mon manque de confiance en moi et l'impression d'être un raté fini, le soin des animaux. Elle m'apporte tout le soutien dont j'ai manqué dans ma jeunesse et si j'ai pu rejoindre les bancs de la fac ce n'est que grâce à elle et à l'héritage de sa famille. Que ce soit du point de vue sentimental ou professionnel, il n'y a qu'à elle que je dois mon bonheur actuel. Aussi, je m'en voudrais de la priver, simplement parce que je dois attendre un peu. Rien ne presse, je n'ai rien de mieux à faire de toute manière, et de multiples distractions sous les yeux pour passer le temps. 

Eclat d'ambre [Terminé ; en attente de correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant