Coïncidence.

Chapitre 34

  Céleste n'arrivait plus à arrêter de pleurer. Crystal était attachée à un arbre, juste à côté de sa sœur et elle était inconsciente, le visage en sang, presque défiguré, des marques rouges plein les bras, les cheveux emmêlés et collants à cause du sang. Elle avait une boucle d'oreilles en moins et l'oreille en sang elle aussi. Sa robe était déchirée et pleine de terre et de sang. Il n'y avait que du sang, partout, du sang.

Ben Holmes la regardait depuis dix bonnes minutes maintenant, en silence. Céleste avait l'impression de ne plus exister. Son regard de fou n'avait d'yeux que pour Crystal et son sang qui coulait de toutes parts. Soudain, il ramassa les photos de Clémentine qu'il avait laissé tomber lors de l'attaque de Crystal et les regarda.

- Elle était très belle. Si pure. Parce que c'était une enfant. Vous, vous n'êtes plus des enfants et c'est bien moins plaisant de vous tuer. Vous êtes chiantes à vous débattre et à chouiner ! » S'exclama Ben Holmes en rangeant les photos dans sa poche.
- C'est vrai, c'est vrai, reprit-il, et en plus, mon frère qui veut vous protéger à tout prix, qui tombe pitoyablement amoureux d'une gamine de dix-sept ans mal élevée ! Je vais le soulager d'un poids. Je vais vous tuer. Elle d'abord et puis toi après, ma chérie ! »

Il désigna d'abord Crystal qui était toujours inconsciente puis Céleste qui le regardait avec un air horrifié.

- Oui ! Votre fin est proche ! » Termina-t-il en se relevant.

Il se dirigea vers son fourgon, monta dedans et Céleste l'entendit fouiller. Elle tenta alors de réveiller sa sœur en lui donnant de légers coups de pieds mais cette dernière était bien trop assommée. Alors il disait vrai, c'était la fin ? Elles allaient mourir, comme ça ? Ben Holmes ressortit de son fourgon, un revolver dans la main et le pointa sur Crystal. Son regard était si déterminé, qu'il enleva tout espoir à Céleste. Cet homme allait les tuer, l'une après l'autre. Et c'était sa faute. C'est elle qui avait voulu se rendre à cette soirée. A cause d'elle, sa sœur allait mourir dans quelques secondes. Et elle était la prochaine sur la liste ...

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Christopher se redressa d'un bond en prenant une grande bouffée d'air. Immédiatement, il paniqua, alors que des mains tentaient de l'obliger à se recoucher. Il agrippa l'un des bras et le serra de toutes ses forces. Alors, le visage d'une infirmière qui tentait de retenir une grimace de douleur se pencha au-dessus de lui.

- Tout va bien lui assura-t-elle, vous êtes en sécurité, on va vous sortir de là. »
Christopher desserra sa poigne et tira sur le bras de l'infirmière pour qu'elle se penche davantage. Il approcha alors ses lèvres de son oreille.
- C'était un fourgon noir. Il avait des feuilles et de la boue coincées sous les roues. Il faut fouiller la forêt. Ils sont dans la forêt. » Murmura-t-il avec ses dernières forces.
- De qui parlez-vous ? » Questionna la jeune femme en fronçant les sourcils.
- Céleste et Crystal ... Holmes ... C'était Ben Holmes ... » Réussit-il à articuler avant de s'affaler de nouveau sur son brancard.

L'infirmière écarquilla les yeux. Tout le monde à Southport avait entendu parler de Crystal et Céleste Hopper ainsi que de Ben Holmes, un dangereux tueur en liberté qui avait les jeunes filles en vue. Visiblement, le chat avait attrapé les souris. La jeune femme demanda à ce qu'on la remplace et appela immédiatement le shérif de la ville pour lui donner les informations de son fils.

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Derek enleva le cran de sécurité et chargea son arme d'un geste sec. Son regard dur scrutait les bois à travers les vitres du véhicule de fonction du shérif. A l'arrière, les parents des jumelles gardaient eux aussi les deux yeux ouverts. Soudain, le shérif arrêta la voiture. Derek regarda alors plus attentivement les alentours. Son regard s'arrêta sur la route en terre devant eux. Il y avait les traces d'un véhicule avec de gros pneus qui quittaient soudain la route pour s'enfoncer dans les bois.

- Pourquoi on s'arrête ? » Demanda Hélène entre deux sanglots.
- Il y a des traces de pneus qui quittent la route. » Expliqua Derek d'une voix plus froide qu'il ne l'aurait voulu.
C'était plus fort que lui. Il était incapable d'être gentil. La rage, la haine, avait pris possession de son corps. Ce n'était plus le même. L'homme qu'il était devenu était prêt à tuer. Et il allait tuer.
- Nous allons devoir continuer à pieds, intervint le shérif, la voiture ne serait pas discrète. Nous devons le prendre par surprise. Il est seul, il n'aura aucun moyen de se défendre si vous arrivons dans son dos.
- Bien. » S'exclama le père des jumelles en sautant de la voiture.
Sa femme le suivit timidement. Le shérif l'arrêta.
- Prenez la voiture madame Hopper et retournez à la ville. » Ordonna-t-il gentiment.
Mais la mère de famille secoua la tête.
- Pas question ! Je viens avec vous ! Ce sont mes filles .... » Hélène se mit à pleurer et à son plus grand étonnement, c'est Derek qui vint se placer face à elle.
- Oui, ce sont vos filles, et on va vous les ramener. Nous sommes déjà trois hommes, vous devez avoir confiance en nous, Hélène. Vous devez avoir confiance en votre mari, ainsi que dans le shérif de cette ville et en moi, l'homme qui aime votre fille si fort qu'il pourrait donner sa vie pour elle. S'il vous plaît Hélène, faites ce qu'il vous dit. Retournez à la ville, rendez-vous à l'hôpital, Christopher à besoin de vous. Je vais vous ramener vos filles, je vous le promets. »

Hélène hocha doucement la tête pendant que des larmes dévalaient ses joues. Elle serra Derek contre elle brièvement puis sauta dans les bras de son mari, l'embrassa, et grimpa dans la voiture. Juste avant de partir, elle serra la main du shérif puis les trois hommes regardèrent la voiture s'éloigner. Une fois qu'elle eut disparu à l'horizon, ils s'enfoncèrent ensemble dans les bois, leur M16 calé contre l'épaule.

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Crystal ouvrit difficilement les yeux. De son œil droit, elle ne voyait pas très bien. Ce qui l'entourait semblait comme flou. De son œil gauche, elle voyait un peu mieux mais elle sentait que du sang chaud et épais coulait juste à côté et était prêt à lui couler dans l'œil. Elle battit des paupières et voulut bouger mais tout son corps la faisait souffrir. Elle prit tout de même sur elle pour se redresser légèrement et regarder sa sœur. Cette dernière pleurait, le regard fixé devant elle, sur le revolver que Ben Holmes tenait pointé sur elle.

- NON ! » Hurla Crystal avec étonnement.
Elle pouvait parler. Elle ordonna à son cerveau de faire bouger ses lèvres. Elles bougeaient. Son scotch avait dû s'enlever quand son agresseur la frappait.
- TUEZ-MOI D'ABORD !! MOI D'ABORD !! » Hurla-t-elle de nouveau en donnant des coups de pieds dans le sol.
Ben Holmes se retourna, visiblement en colère. Il rechargea son arme et la pointa sur elle.
- Vous commencez à me soûler ! C'est terminé maintenant ! » Déclara-t-il en approchant son doigt de la détente.
Céleste avait toujours son scotch sur la bouche mais elle se mit tout de même à laisser échapper des cris aigus et étonnement forts. Leur agresseur se tourna alors vers la seconde sœur, revolver pointé sur son front.
- Ferme-la ! » Ordonna-t-il d'une voix ferme.
- AU SECOURS !! ON EST LA !! VENEZ NOUS AIDER !! DEREK !!! »

Ben Holmes se tourna vers Crystal. Et Céleste reprit ses cris étouffés. Bientôt, les deux sœurs se mirent à faire du bruit en même temps, si bien que leur agresseur passait de l'une à l'autre, complètement perdu, leur hurlant de la fermer mais faisant ainsi encore plus de bruit. Soudain, il hurla si fort, si violemment, que les deux sœurs se turent, les yeux écarquillés de terreur.

- J'ai dis : FERMEZ-LA ! C'est terminé ! »

Un coup de feu retentit. Les oiseaux s'envolèrent précipitamment pour quitter ces bois. Céleste aurait bien voulu elle aussi, quitter ces bois. Mais c'était trop tard. Elle ferma les yeux. Le vent s'éleva soudain. Elle entendit distinctement le bruit d'un corps qui s'écrase dans les feuilles. Les larmes dévalèrent le long de ses joues. C'était fini. Crystal était morte. Elle en était certaine, pas besoin de vérifier, pas besoin d'ouvrir les yeux. Il lui suffisait d'attendre son tour. Et il n'allait pas tarder.