Carla

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Je n'ai pas réussi à bosser efficacement de l'après-midi. Il m'a bien énervée. Il veut quoi le beurre, l'argent du beurre et la crémière. J'ai déjà franchi un grand pas mais il ne s'en rend pas compte. Je lui ai confié mes doutes, mes peurs... C'est la première fois que je fais preuve d'autant de franchise. Nous ne sommes pas au même stade de notre relation. Pour moi, elle est naissante. Pour lui, elle est établie.

J'ai essayé de lui faire comprendre mon point de vue mais il s'est emballé. Ma vie s'est effondrée une fois, pas deux. Je préfère qu'on y aille doucement et que nos fondations soient consolidées.

Je voudrais seulement qu'il m'écoute. Je me mets à sa place du mieux que je peux, ce n'est pas évident. J'ai longtemps fui mon attirance pour lui. Il doit avoir peur que je m'échappe à nouveau. Je lui ai envoyé un premier message mais sa réponse était froide. J'ai tenté un deuxième pour désamorcer le conflit et rien.

Je me remet à travailler mais le coeur n'y est pas. Je regarde mon téléphone toutes les cinq minutes. C'est absurde, il est en sonnerie. Je ne peux que l'entendre mais au cas ou un dysfonctionnement se serait produit.

Enfin d'après-midi, je décide d'aller faire quelques longueurs. Rien de tel pour me calmer et prendre soin de ma ligne. Le bonheur est totale quand je me rends compte que je suis seule. J'enchaine brasse, crawl et ça me fait un bien fou. 

Lorsque je remonte chez moi, il me reste une heure pour me doucher et me préparer. J'ai largement le temps. 

Dans dix minutes, nous avons rendez-vous chez le docteur. Je ne sais pas si nous nous rejoignons sur place ou s'il passe me prendre. Le temps passe et il faut que je prenne une décision avant d'être en retard. C'est bon, j'y vais seule. Alors que j'ouvre la porte, il est là devant moi.

- Désolé, je ne suis pas en avance, mon dernier client m'a pris plus de temps que prévu.

 - J'allais partir sans toi...

Nous prenons l'ascenseur sans que l'un de nous ne prononce un mot. Je ne supporte plus ce silence.

- Il faut que l'on en parle!

- Pas maintenant!

Son ton est cinglant. Je frissonne.

Nous sommes dans la salle d'attente. Un froid glacial règne dans la pièce. On pourrait entendre les mouches volées. Vivement que ce mauvais moment soit passé et que je rentre chez moi. Au programme : pyjama, un bon livre et un pot de crème glacé noix de coco coulis de chocolat. Rien de tel pour les moments de déprime. La consultation d'avant vient de se terminer, ça va être à nous.

- Madame, Stéphane, si vous voulez bien me suivre.

- Carla, appelé moi Carla.

Il me serre la main. Sa poignée est franche et son visage sympathique. Je ne l'avais pas encore rencontrée, seulement sa secrétaire. Lorsque j'avais eu la confirmation que l'appart est à moi, j'étais venu me présenter et voir si mon dossier médical pouvait être transféré ici. Heureusement, il y avait encore de la place. C'est tellement plus pratique d'avoir un cabinet au rez de chaussée que de faire des kilomètres lorsque l'on est malade.

- Asseyez-vous, je vous en prie.

Son regard alterne entre Stéphane et moi. Je pense que la tension doit être palpable.

- Bien. Stéphane m'a fait part de l'incident qui s'est produit hier soir. Je comprend vos interrogations Carla et elles sont légitimes.

Enfin quelqu'un qui est de mon côté.

- Le dernier bilan de mon patient est très récent et négatif. Il m'assure de ne pas avoir eu de rapports entre temps. Quant à vous Carla, votre dossier n'est pas encore arrivé alors j'ai pris soin de contacter votre ancien médecin. Idem, lors de votre dernier contrôle, vous étiez négative.

- Alors concrètement, on fait quoi?

- Mettre en place un traitement préventif ne me semble pas approprié. Tout comme faire un dépistage maintenant. Je vous laisse tout de même le choix.

Il n'a pas tort, j'en suis consciente. C'est son métier, il ne jouerait pas avec notre santé et Stéphane, non plus. Pour la première fois, il s'exprime.

- Je laisse Carla décidé. Pour ma part, je lui fais confiance, moi.

 Aïe, ça fait mal.

- Très bien, je me range à votre avis.


- C'est parfait. Je vous fais une ordonnance pour un nouveau test à réaliser dans trois semaines- un mois. En attendant, préservatif obligatoire.
Carla, avez-vous un moyen de contraception?

- Oui, j'ai un stérilet.

Il semble surpris de ma réponse mais s'abstient de tous commentaires. 

- D'accord. Je vais en profiter pour réaliser un bilan complet. Le transfert de vos antécédents peut prendre du temps et ainsi, j'aurais au moins quelques données vous concernant. On ne sait jamais, cela pourrait être utile.

Nous prenons congé en le remerciant d'avoir pris le temps de nous recevoir si rapidement.

Alors que je prend la direction de mon glacier préféré, Stéphane m'emboite le pas. Il m'attrape le bras et me traine avec lui.

- Chez toi, maintenant.

Je n'apprécie pas le ton avec lequel il s'adresse à moi. Je tente de me libérer mais il resserre son emprise. Tant bien que mal, je finis par ouvrir la porte de mon logement. Il la claque en la refermant.

- Chambre tout de suite!

Quel muffle!

Il commence par me plaquer contre le mur, je le repousse.

- Tu me fais quoi là?

- Je te montre à qui tu appartiens. Tu as besoin en urgences d'une piqure de rappel. 

Il recommence et mon corps ce traitre en réclame encore. Je suis faible, trop faible.

 - Enlèves le bas.

Je suis trop excitée pour m'offusquer.

- Parfait. Tu mouilles déjà.

Je n'ai pas le temps de répliquer qu'il me soulève et me pause sur la commode. Mes jambes se nouent autour de lui. Je n'ai pas le temps de réaliser qu'il m'a déjà pénétré. Son va et vient est plus intense, plus bestial. J' y suis presque, je le sens.

- Touche-toi ma puce

Heu! Il est sérieux là?

- Donne-moi ta main.

Il me guide vers le bas et m'imprime le mouvement. Il me faut que quelques secondes pour décoller.

Il se retire et me laisse exténué.

- Où est rangée la poubelle s'il te plait?

Je relève la tête et distingue qu'il tient un préservatif entre ses doigts. Prise dans l'action, j'avais complètement oublié. Je suis vraiment une cruche. Après la crise que j'ai fais hier, la moindre des choses seraient que j'y pense.

- Sous l'évier dans la salle de bain.

Il revient dans la pièce et me regarde avec un sourire au coin de ses lèvres.

 - Maintenant, on peux parler. 

Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant