Stéphane

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Je cours le plus vite possible. Les gens doivent me prendre pour un fou mais ça m'est égal. Depuis que je la connais, Carla n'a jamais demandé de l'aide à qui que se soit alors le fait qu'elle le fasse m'inquiète au plus haut point.

Je m'acharne sur l'interphone mais elle ne m'ouvre pas. Heureusement, Hugo arrive au même moment. Je m'empresse de lui résumer la situation et je cours dans les escaliers pendant qu'il va chercher le médecin.

Je tambourine à sa porte. L'inquiétude grandit de minute en minutes. Avant d'aller chercher le concierge, je tente d'abaisser la poignée. Victoire, elle n'avait pas pris le temps de verrouiller.

- Carla.

Je hurle et l'anxiété me ronge.

Une voix faible m'indique sa présence dans le salon. Je la vois pliée en deux, agrippée à l'accoudoir du fauteuil, du sang macule son bas. Je prend sur moi pour ne pas lui communiquer mon angoisse et je l'aide à s'allonger.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ma puce?

Je me languissais de prononcer ses mots mais j'aurais aimé d'autres circonstances.

- J'ai eu des douleurs plus ou moins importantes depuis ce matin. Je ne sais pas pourquoi et je saigne...

- Oui, j'ai vu. Le docteur sera vite là.

En effet, quelques minutes plus tard, ils sont arrivé. J'entend Hugo jurer mais je ne le reprend pas, seule Carla compte.

Le médecin l'ausculte et prend rapidement la décision de l'évacuer au CHU de Nantes après s'être entretenu avec ses confrères au téléphone. Les pompiers ne plus tarder et je tourne en rond. Ne rien pouvoir faire pour la soulager m'est insupportable. Je donnerais tout pour être à sa place et qu'elle ne souffre plus.

Hugo m'entraine de force à l'écart. Je suis près à lui sauter à la gorge. Je refuse de la quitter des yeux.

- Aide-moi à lui préparer un sac avec quelques affaires de rechange et sa trousse de toilettes. On va les suivre en voiture.

- On?

- Oui, on. Je refuse de te laisser conduire dans cet état et tu ne pourras pas monter avec eux.

Je me tais mais sa réaction me touche. C'est un ami et un vrai. Je lui prépare quelques vêtements pendant Hugo vide la salle de bains. Je m'apprête à lui poser une question qui me brule les lèvres mais les secours viennent d'entrer.

Carla est très agitée et je m'empresse de la rejoindre pour la calmer.

- Chut, je suis là.

- Me laisse pas.

- Plus jamais...

Je pose un baiser délicat sur son front et m'éloigne pour les laisser faire leur travail. Je n'ai pas fait deux pas que je la vois se débattre alors qu'ils essaient de prendre ses constantes.

- Carla, il faut que tu te les laisses faire.

Je pose mes mains sur ses épaules pour l'apaiser.

Un brancard arrive et le transfert s'effectue. Il la descende dans le camion mais elle me réclame. Ils me laissent quelques minutes pour lui parler.

- Je ne vais pas pouvoir monter avec vous. Je risquerais de les gêner et ils ont besoin de toute la place possible pour te soigner. Je serais juste derrière en voiture.

- Non...non...

Elle me fend le coeur. Sa détresse est palpable et je me sens si impuissant.

- Tout va bien se passer.

- Promis?

- Oui

Je l'espère de tout mon coeur et j'espère ne pas m'être avancé trop vite.

Le véhicule file à toute vitesse, sirène hurlante et nous avons beaucoup de difficultés à les suivre. Nous commençons à les perdre de vue.

-Accélère !

Je trépigne, m'impatiente.

- Je fais ce que je peux mais la circulation est dense!

Nous approchons du périphérique mais il est complètement saturé. J'ai la poisse!

- T'énerver ne nous feras pas aller plus vite!

- Je sais mais tu as vu le sang. De quoi, cela peut venir?

Il me dit ne pas savoir mais son regard est fuyant. Je ne sais pas ce qu'il me cache mais je vais vite le découvrir.

Il nous aura fallu presque une heure pour rejoindre l'hôpital. J'ai cru que j'allais péter les plombs. N'importe quoi a pu lui arriver pendant ce temps. Je ne suis pas croyant mais j'invoquerais tous les dieux pour pouvoir l'aider.

Je ne sais même pas où me diriger mais heureusement, Hugo connait les lieux grâce à un stage qu'il a fait dans ces locaux. Il m'entraine vers l'accueil où je dois patienter. D'autres personnes attendent leur tour et je dois prendre sur moi.

La secrétaire a un sourire avenant et nous demande la raison de notre présence. Je résume la situation en précisant qu'il s'agit de ma femme, sinon aucune information ne pourrait m'être divulguée. Je ne fais pas partie de sa famille. Grâce à son nom et prénom, elle retrouve vite sa trace et m'indique qu'elle est hospitalisée dans une autre aile, celle du pôle mère-enfant. Je ne comprend pas pourquoi elle n'est pas en service général. Hugo me souffle alors que le service gynécologique se situe à cet endroit aussi. Une idée folle me traverse l'esprit mais je dois me tromper, le scénario ne peut pas se reproduire deux fois.

- Ne te mets pas martèle en tête tant que l'on ne sait pas.

- Tu as raison.

Pourtant, mon instinct me souffle que j'ai raison. Je le sens tout au fond de moi. C'est surréaliste car la protection a craqué qu'une seule fois. J'espère sincèrement me tromper car elle ne s'en remettra pas et moi non plus.

Nous atteignons enfin le lieu indiqué et je dois encore attendre. J'ai de plus en plus de mal à me contenir. J'ai envie de passer devant tout le monde et de la retrouver au plus vite.

L'infirmière me communique sa chambre et je me retiens de courir. Hugo va patienter dans la salle d'attente, il préfère nous laisser seul.

Je suis devant la porte et je frappe deux petits coups et entre. Elle parait minuscule dans ce lit, toute recroquevillée.

- Je suis là, ma puce.

Elle se retourne et des larmes ruissèlent sur ses joues.

- J'ai cru que tu ne viendrais pas

- Je te l'ai dit, je ne te laisserais plus jamais. Que t'a dit le médecin?

Son corps est secoué de spasmes.

- Je suis désolée, je suis désolée...

Je n'ai pas le temps de lui demander plus d'explication que quelqu'un entre dans la chambre.

- Je suis le docteur Martin et le spécialiste qui va suivre votre femme. La situation n'est pas aussi noire qu'elle le croit et je compte sur vous pour la raisonner.

- Je ne comprend pas.

- Il faut intervenir pour retirer le kyste. Cela reste une opération qui comme toute comporte des risques mais je pense pouvoir l'enlever sans dommages pour votre enfant.

Je ne me sens pas bien, je suis obligé de m'asseoir.

Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant