Stéphane

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Je ne veux plus me mentir ni lui mentir. J'ai plus de trente ans et je sais enfin ce que je veux. Certes, je sais que je viens de dégoupiller une grenade mais je n'en plus de marcher sur des oeufs. Je ne lui demande pas de me rendre la pareille seulement de prendre en considération mes envies. Au lieu de ça, j'ai un corps raide comme un piquet contre moi et dont aucun son ne sort. Il faut que je réagisse avant que l'on aille droit dans le mur. Notre couple ne fonctionnera pas tant qu'elle n'admettra pas ses sentiments. Je suis sans doute encore aller trop vite en lui parlant de mariage et d'enfants mais j'en ai marre de réfréner mes attentes. Elle ne le sait pas mais je me serais contenté de n'importe quelle réponse or elle a choisi le silence. Elle aurait pu crier, hurler que j'étais fou mais non, elle a choisi de se taire. Je n'en peux plus, je ne peux être le seul à vouloir qu'entre nous, ça fonctionne. Je vais devoir trancher et ça sera sans doute ma plus grosse erreur mais c'est pour notre bien.

Je la sers une dernière fois dans mes bras. Chaque cellule de mon corps imprime son odeur. J'en suis malade de me séparer d'elle mais c'est la seule façon pour nous d'avancer et d'espérer plus.

- Ramasse tes affaires, nous partons.

Elle s'exécute sans essayer de me retenir. Je suis déçu mais au moins, cela conforte ma décision.

Le silence dans l'habitacle est lourd et pesant. Avoir une discussion au volant n'est pas appropriée, alors je bifurque dans une allée et serre le frein à main.

- Il faut qu'on discute.

Elle retire ses écouteurs et je n'avais même pas remarqué qu'elle s'était déjà retranchée dans sa bulle. Je sais alors que c'est perdu d'avance, je n'en tirerais rien.

- Carla...

Putain, c'est trop dur. Je ne peux pas la quitter.

- Je pense que l'on devrait prendre un peu de recul. Nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Nous n'aspirons pas aux mêmes choses. J'ai besoin que tu m'aimes autant que je t'aime mais ce n'est pas le cas.

- Je n'ai pas dit ça.

- Non mais tu n'as pas dit non plus, l'inverse. Je te rend ta liberté afin que tu fasses le point sur tes sentiments, que tu réfléchisses à un éventuel avenir pour nous.

Rien ne la fait réagir. Elle est d'un calme olympien. Je vais craquer.

- Tu me quittes?

- Non. Je souhaite faire une pause et que tu me reviennes plus sereine et certaine de vouloir vivre pleinement notre relation. Je ne veux plus des morceaux de toi, je te veux entière et impliquer.

Des larmes coulent et je voudrais la prendre dans mes bras, lui dire qu'on va s'en sortir grandi et plus fort mais je suis mort de trouille. J'aurais voulu qu'elle me retienne, qu'elle se batte...

- Ramène-moi !

- Oui, on part à l'hotêl mais la discussion n'est pas clause.

- Si, je veux rentrer chez moi, maintenant!

Et merde.

Je ne dois pas la contraindre, il faut que ça vienne d'elle mais ça me fait mal. J'ai l'impression que mon coeur m'a été arraché.

Faire nos valises a été un moment éprouvant. Quelques larmes s'échappaient de ses yeux. Putain! Qu'est ce que j'ai fais?

La gérante n'a posé aucunes questions et je la remercie. Elle a du cerner le problème. Je lui ai réglé l'intégralité des deux nuits même si elle ne le souhaitait pas. J'estime qu'elle n'a pas a subir de pertes financières à cause de notre départ anticipé.

Nous sommes désormais devant son immeuble et mes yeux me piquent mais un homme ça ne pleure pas... Je la regarde sortir du véhicule et je m'empresse de l'aider à sortir ses affaires. Pas pour me débarrasser d'elle au plus vite mais pour une dernière étreinte qu'elle me refusera sans doutes.

Je prend son visage en coupe dans mes mains.

- Ce n'est pas un adieu, ma puce mais un au revoir. Je t'aime et ce n'est pas près de cesser mais je ne veux plus d'un amour à sens unique.

- Tu m'avais promis que tu ne m'abandonnerais pas mais tu ne vaux pas mieux que lui.

Elle tente de me repousser mais je la maintiens prisonnière.

- Ne dis pas ça, je serais toujours là pour toi. Si tu as besoin de quoi que ce soit tu m'appelles et j'arrive.

- Tu n'entendras plus jamais parler de moi.

Je vais la perdre.

- Tu n'as pas compris tout ce que je t'ai dis.

- Si, j'ai tout bien assimilé. Tu veux des enfants et te marier, moi non. Donc comme je ne me plie pas à tes exigences, tu m'évinces.

Je ne peux plus supporter d'entendre ce ramassis d'idioties. Comment lui faire comprendre?

- Regarde-moi. Je t'aime et je t'aimerais toujours. Un jour, nous serons ensemble et heureux, je t'en fais la promesse mais avant tu dois régler tes problèmes. Tu dois faire le deuil de ton bébé et accepter l'idée que tu n'es plus seule.

- Je t'interdis de parler de lui. Tu ne sais pas l'enfer que j'ai vécu. Alors, maintenant, tu me laisses partir et tu me fous la paix.

Je la libère et la regarde s'éloigner.

Je sais que je l'ai perdu.

J'ai envie de cogner, de frapper n'importe quoi même si cela ne résoudrait rien mais ma colère disparaitrait un instant. Je vais noyer ma douleur dans une montagne d'alcool juste pour oublier. Oublier ce conflit interne qui s'oppose dans mon cerveau et qui me dit d'un côté que j'ai fais une très grosse boulette et de l'autre que j'ai eu raison.

Une bouteille plus tard, je ne me sens pas mieux. La douleur ne s'efface pas et elle me manque tant... 

Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant