Un pas après l'autre (reecriture)

Carla

Oh la vache. Tout tangue.

Et pourquoi, le sol n'est pas droit?

Ma démarche est peu assurée mais je peux le faire. Un mur sur chaque main, heu non, une main sur  chaque mur. Même mon cerveau est à l'envers. Au bout de ce couloir se trouve ma récompense : les toilettes. Je ne sais pas ce qui m'a pris de boire autant. Enfin si, c'est ce n'est ce connard de Stéphane qui m'a énervée.

   - Un problème, Carla?

Oh, merde. Je ne m'étais pas rendue que je parlais tout haut et surtout qu'il me suivait.

 - Laisse-moi tranquille!!!

- Putain, mais tu tiens à peine debout!

- Qu'est ce que ça peut te faire? Retourne voir ta poufiasse et fous moi la paix!

 Il me tient par la taille mais j'arrive à m'extirper. Il croit quoi, qu'il peut me faire croire à un avenir et finalement pavaner avec une autre à son bras. Les hommes infidèles, j'ai déjà donné et plus jamais, je souhaite revivre ça.

Je suis enfin arrivée à destination. Quel soulagement! L'endroit est désert, je n'ai que l'embarras du  choix. Assise sur le trône, je continue à m'énerver sur les hommes et leurs bites qui contrôlent leur cerveau. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Je vais devenir lesbienne. Entre femmes, on se comprend forcément mieux.

 La porte des w.c claque (je ne dois pas être la seule de mauvaise humeur) et j'entend le cliquetis caractéristique lorsque l'on ferme. Du coup, je n'ose plus sortir. Je commence à avoir la trouille. Il n' y a pas un bruit mais je suis sure qu'il y a quelqu'un d'autre dans la pièce. Je peux même percevoir sa respiration.

- Carla, arrêtes de faire l'enfant et sors. Que tu le veuilles ou non, tu vas m'écouter.

 C'est pas possible, il ne va jamais me lâcher. Cela m'est égal, je resterai dedans. Oh et puis non. Je  n'ai rien à me reprocher, moi. Je finis pas le rejoindre mais je reste les bras croisés, hermétique à ses dires.

- Je ne t'imaginais pas en femme jalouse.

Je ne répond pas. Je ne peux pas contester les faits alors que mon comportement lui a démontré le contraire. Quelle cruche, je suis.

- Ok, tu ne veux pas me parler mais tu vas ouvrir grand tes oreilles. Je suis raide dingue de toi   depuis le premier jour où je t'ai vu. J'ai essayé de lutter mais je ne peux pas. C'est comme ça. Quand je me lève, c'est à toi que je pense. Quand je me couche, c'est toi que je veux à mes côtés. Je veux te faire rire, t'embrasser, te faire l'amour mais tu n'es pas prête. Je l'ai accepté. Je suis d'une patience sans failles pour toi mais je t'interdis de me mettre dans le même panier que ceux qui t'ont fait souffrir. Tu es le centre de mon monde alors ne me reproche pas de me changer les idées avec ma soeur. Quoique, maintenant, je sais que tu tiens à moi.

Mes larmes coulent et j'ai dessaoulé en quelques minutes. Personne ne m'a jamais fait une aussi belle déclaration. Je vais sans doute regretter mon geste, mais à cet instant, il me semble le plus approprié.

Je me jette à son coup et l'embrasse puis m'embrase. Lorsque nos bouches se touchent, tout mon corps réagit. C'est plus que ce que j'aurais pu imaginer ressentir. J'ai chaud, très chaud et surtout j'en veux plus. Je veux sentir ses mains sur mon corps sa chaleur contre moi. Je me presse contre lui quand il me repousse fermement.

- Carla, non, pas... 

Je ne l'écoute plus. Je viens de me faire rejeter en beauté et ça fait mal. Je pensais que je lui plaisait  mais j'ai du mal comprendre. Si boire me provoque des hallucinations, je n'y toucherai plus jamais.

Je me force à garder un visage impassible. Je m'effondrerai quand je serais seule, sans témoins. Finalement, c'est peut-être la solitude qui m'est destinée. Au moins, je ne souffrirai plus. A cet instant, je me fais la promesse que plus jamais, je ne vivrai une telle humiliation.

Je m'apprête à partir quand il me retient. Le contact de sa main sur ma peau me fait l'effet d'une douche froide et je lui administre une claque magistrale.