Carla

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Je suis enfin chez moi et cela fait un bien fou. Le seul bémol est l'omniprésence de Stéphane et Paul. Je n'ai aucun moyen de souffler. Ils sont en permanence sur mon dos. J'en ai marre de répéter à longueurs de temps que je vais bien, que non, je n'ai pas mal et encore moins faim. Je sais que c'est égoïste mais je donnerai tout pour une heure de tranquillité, de silence. Leurs intentions sont bonnes mais j'aimerai me retrouver seule pour réfléchir et faire le point. De gros changements sont à venir et des décisions à prendre.

- Carla, ça va? Tu as besoin de quelque chose ?

Je n'en peux plus. Cela fait au moins dix fois que Paul me pose cette question. J'ai essayé de lui dire gentiment qu'il pouvait me laisser seule et qu'au moindre problèmes, je le contacterai. Rien n'y fait, il refuse de partir. Il faut que trouve un moyen de lui fausser compagnie, je veux juste une heure de paix.

- J'ai faim, tu pourrais aller me chercher un éclair à la fraise à la boulangerie s'il te plait?

Je prie pour qu'il morde à l'hameçon.

- Tu abuses. J'ai promis à Stéphane de ne pas te quitter des yeux.

J'aurais du me douter qu'il n'était pas étranger à ce maternage.

- Tu n'oserais quand même pas priver ton neveu ou ta nièce d'un super gâteau?

J'appuie sur la corde sensible et je n'en suis pas fière.

- Ok mais c'est bien pour que Pokémon m'aime. Indique-moi le chemin et je fais l'aller-retour. Par contre, c'est entre toi et moi ?

- Promis.

Il va me tuer...

La porte se referme, je m'empresse de mettre mes chaussures, mon blouson et j'attrape mon sac. La douleur me rappelle très vite à l'ordre et m'oblige à ralentir le rythme.

Le moment crucial est là. Je dois traverser le hall et sortir sans le croiser. Si je tombais sur lui, il m'étriperai sur place. Pour le moment, mon plan se déroule comme sur des roulettes. Je viens de sortir de l'ascenseur et il n'y a personne. Pour plus de sureté, je décide d'utiliser la porte arrière du bâtiment. Le chemin sera un peu plus long mais je peux le faire. Le médecin ne m'a pas interdit de marcher, seulement d'y aller à mon rythme.

Je suis installée sur un banquette dans un coin reculé, au salon de thé. J'ai commandé une infusion et différentes mignardises étant donné que je n'arrivais pas à choisir, j'ai décidé de toutes les gouter. Un pur régal pour les papilles.

Je commence à culpabiliser et au lieu de réfléchir, je me torture l'esprit. Ils doivent être fous d'inquiétude. Je regarde mon portable et j'ai une multitude d'appels en absence et de messages dont un de Stéphane qui me bouleverse.

Je suis fou d'inquiétude ma puce. Je t'aime et je ne veux pas vous perdre.

Qu'est ce qui m'a pris de m'enfuir comme ça? Un ras le bol, oui mais je ne suis pas certaine qu'il le comprenne. Je pourrais peut être mettre ça sur le compte des hormones. C'est une possibilité à ne pas exclure. J'entendais souvent mes amies le dire : ce n'est pas moi, ce sont mes hormones, quand des énormités sortaient de leur bouche.

En attendant, il faut que je prévienne Stéphane, ce n'est pas humain de le laisser dans le doute.

Je te demande pardon. Tout va bien, j'avais besoin d'être seule. Je rentre d'ici peu.

Mon téléphone vibre à nouveau, c'est lui. Je vais être maman, il est plus que temps que j'assume mes erreurs sinon quel exemple, je vais lui donner à cet enfant. En tout cas, pas ceux que m'ont inculquée mes parents.

- Je suis désolée.

- Dis moi où tu es s'il te plait?

Rien qu'à l'intonation de sa voix, je ressens sa panique.

- Au bonheur du palais

- J' arrive

- Non. Je rentre dès que j'ai terminé.

- Je serais là dans cinq minutes.

Il n'écoute rien, ce n'est pas possible. C'est lui, encore lui et toujours lui. Si je n'étais pas aussi fatiguée, je partirai dans la direction opposée.

Il n'a pas perdu de temps. Il est déjà sur place et accompagné de mon frère. Je vais passer un sale quart d'heure.

- Ne me refais jamais une peur pareille.

Paul aurait des mitraillettes à la place des yeux, je serai déjà morte.

- Je ne sais pas quelle idée saugrenue est montée dans ton cerveau mais je suis vraiment en colère après toi. Maintenant que je suis rassuré, je vais vous laisser mais il va me falloir quelques jours pour digérer. Je te téléphonerai quand je serais calmé.

Je hoche la tête et le regarde s'éloigner. De toute façon, je n'ai rien de plus à ajouter.

- Tu as chamboulé ma vie, mon monde en peu de temps. Une tornade qui balaye tout sur son passage. Je comprend que tu es peur, je suis moi-même effrayé mais tu ne peux pas fuir de cette façon sans tenir compte des autres.

- Cela fait beaucoup et j'avais besoin de méditer sur tous ces évènements. Vous êtes constamment sur mon dos et je n'y arrive pas.

- Au début, je voulais poser des congés pour passer la semaine avec toi mais je ne l'ai pas fait pour ne pas t'étouffer. Au final, le résultat obtenu est identique. Je marche constamment sur des oeufs pour ne pas te froisser.

- Je ne sais pas où j'en suis ni où on va et ça me fout la trouille. Je ne voulais plus être enceinte et j'y suis à nouveau. Tout s'emmêle...

Ce n'est vraiment pas évident de se faire comprendre.

- Alors que proposes-tu? Je ne peux pas tout deviner si tu ne t'exprimes pas.

- Je veux qu'on discute et qu'on règle certains points. J'ai besoin de me projeter même si c'est contraire à tous mes anciens discours.

Il me sourit et je comprend qu'il a une idée derrière la tête.

- Nous pouvons commencer par réfléchir à notre futur logement. Nos foyers respectifs ne sont pas adaptés et j'ai repéré quelques endroits à te montrer. Avant d'hurler, on regarde tranquillement et on avise. On ne fait rien dans la précipitation, juste une présélection. Ok?

- Ok


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⏰ Dernière mise à jour : Jan 24, 2017 ⏰

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Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant