Stéphane

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Qu'est ce que j'ai fais?

Qu'est ce qui m'est passé par la tête?

Je m'étais promis de ne pas la faire fuir et j'ai fais exactement le contraire. J'ai été incapable de la retenir et maintenant, elle n'est plus là. Je n'aurais pas dû essayer de l'embrasser, c'était beaucoup trop tôt. J'aurais dû essayé de la faire parler pour comprendre cette douleur que je lis dans ses yeux et qui la hante. Elle souffre le martyr, il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Elle est magnifique, petite, brune avec des yeux bleus d'une pureté éclatante mais d'une tristesse infinie. Pourtant, lorsqu'elle sourit, je pourrais me mettre le monde à ses pieds.

Je n'ai aucun moyen de la recontacter et savoir si elle va bien. Je pourrais prendre son numéro de téléphone dans son dossier au cabinet mais c'est contre mon éthique professionnel et je voudrais que ça soit elle qui me le donne. Je pourrais aussi aller chez elle mais je ne pense pas être la personne qu'elle souhaite voir aujourd'hui.

Hugo m'a téléphoné entre deux patients. Il a remarqué que mon moral n'était pas au mieux. Nous nous rejoignons ce soir au bar pour en discuter et décompresser. Je n'avais pas prévu de sortir mais bouger me fera le plus grand bien. J'ai aussi le frigo à remplir et cette tache ne fait pas partie de mes passe-temps favoris. Cuisiner à deux doit être plus agréable. J'aimerais rentrer du travail et me mettre derrière les fourneaux pour lui préparer un savoureux repas mais je me contente de plats préparés pour le moment. Il y a un traiteur dans la rue commerçante à coté de chez moi et j'avoue que je trouve ça très pratique.

Je me ballade dans les ruelles depuis une heure. Mes courses sont pratiquement terminées. Il ne reste plus qu'à passer au pressing. Je ne peux pas m'empêcher d'observer les familles qui se baladent, les couples avec leurs mains entrelacées et de les envier. C'est ça que je veux connaître avec les joies mais aussi les inquiétudes que cela peut apporter.

Nous sommes installés à notre table préférée depuis au moins une heure quand Julie et Anne font leur entrée. Une pointe de déception me remplit quand je vois qu'elle n'est pas là. Perdu dans mes pensées, je n'ai pas vu qu'Hugo les avait hélé et invité à se joindre à nous. Quand mon cerveau se reconnecte, elles sont en train de s'assoir et Hugo fait la conversation en se concentrant sur Anne. Les présentations sont inutiles, nous nous croisons régulièrement. Julie est rouge comme une tomate. Deux options : elle a vraiment très chaud ou c'est mon ami qui ne la laisse pas indifférente. Je parierai plus sur la deuxième option. Je vais voir si je peux créer une occasion ce soir pour mon ami. Enfin, s'il comprend ma manoeuvre qui ne sera pas forcément très subtile. Les femmes ont vraiment un don pour que ça ait l'air naturelle.

- Vous êtes redevenues un duo?

Ma question est nulle et sort de nulle part mais je vois un sourire se dessiner sur les lèvres d'Anne. Elles se regardent et éclatent de rire.

- Tu es très observateur ce soir. Tu es déçu?

- Heu... Je m'informe seulement.

- Nous avons laissé un message à Carla mais ce soir, elle n'était pas disponible.

Pas disponible? Avait-elle rendez-vous avec quelqu'un, un homme ce soir?

Tant de questions me viennent à l'esprit et je sens la jalousie m'envahir. Je sais bien qu'elle est libre, qu'elle n'a aucun compte à me rendre. Julie pose sa main sur mon avant-bras et me dit tout bas qu'il y a forcément une explication. Je la regarde avec étonnement.

- Comment as-tu deviné?

- A ta façon de le regarder. C'est flagrant. La seule a ne rien voir, c'est elle. 

- C'était elle.

Je me sens à l'aise avec Julie. J'aime sa façon de vous amener à se confier. C'est une oreille attentive que j'apprécie. Après avoir fini de tout lui raconter, je me rends compte que nos deux autres convives ont aussi écouter mon récit. Je pensais qu'ils étaient trop occuper à se chamailler sur leurs histoires d'entretien des pièces communes de leur immeuble pour m'entendre. Anne est la première à crier ou plutôt hurler qu'elle s'en doutait.

- Nos voisins n'ont pas besoin de connaitre les détails de ma vie privée, Anne!!!

- Pardon mais mon grand, tu vas ramer avec elle. Elle se confie très peu et se contente de raconter des banalités sur sa vie. Bon courage.

- Ton soutien et tes encouragements me vont droit au coeur.

- Je veux bien t'aider mais là, je ne vois pas comment. Je vais mener mon enquête.

Hé oui, qu'est ce que je vous disais tout à l'heure, les femmes et la subtilité. Elles décident de passer la voir demain soir avec des pizzas pour l'amadouer et pour se faire une soirée filles. Mes oreilles vont siffler, je pense.

La conversation se poursuit pendant deux heures. Tout y passe, nos emplois, nos anecdotes vécus... La première à exprimer un bâillement et vouloir rentrer est Julie. J'ai pour principe de ne jamais laissé une femme rentrer seule surtout la nuit.

- Hugo, tu m'avais pas dit que tu voulais te coucher tôt ? 

Anne pouffe et se retient d'exploser de rire.

- Oui, tu as raison. J'ai rendez-vous avec ma comptabilité demain matin si je veux pouvoir profiter du reste de ma journée.

Nous les regardons s'éloigner et lançons les paris sur le déroulement de leur nuit. Je penche plus pour une nuit agitée mais Anne est persuadée qu'il ne se passera rien. Qui de nous deux a raison ou tort? 

Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant