Carla

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Dans la salle de réveil.

Bip, Bip, Bip...

Je ne supporte plus ce bruit. J'ai mal partout. Je tente d'ouvrir les yeux mais mes paupières sont trop lourdes. Je n'y arrive pas.

Quelqu'un me parle mais je ne comprend qu'un mot sur deux. Je veux juste dormir.

De retour dans la chambre.

- Je ne vous le dirais pas une autre fois, soit vous faites moins de bruit soit vous sortez. Elle a besoin de calme et de repos.

Je ne connais pas cette voix mais elle vient de me tirer de mon sommeil. Je continue de faire semblant d'être dans les bras de Morphée. Je veux savoir quel est le sujet de discorde. J'ai la certitude qu'il s'agisse de ma grossesse. Avant de remonter ici, le chirurgien a pris le temps de m'expliquer mais la seule chose que j'ai retenu, c'est que mon petit Pokemon va bien. Je sais que je l'ai rejeté au début mais plus rien ne pourra me séparer de lui maintenant. Je pense que mon comportement s'explique par la peur de le perdre et que tout simplement, je me suis protégée à ma manière.

- Paul, ça suffit !

Ma mère est là. Je reconnais sa voix.

- Tu ne peux pas demander à Stéphane de partir. Tu mélanges tout. Je comprend que tu as peur pour ta soeur mais tu vas trop loin.

- Non, il n'est pas fiable. Il l'a quitté une fois, il le refera.

C'est quoi ce bazar. Comment peut-il décider de ma vie pour moi?

- Nous sommes une famille, on l'aidera à élever son enfant et on ne l'abandonnera pas à la moindre difficulté.

Je n'ai pas de mots, je suis sous le choc. Je ne reconnais plus mon frère. Je prie pour que Stéphane se batte pour moi, pour nous. Ma curiosité me pousse à me taire encore un peu.

- Tu m'entend, je ne partirais plus jamais. Tu ne peux pas m'interdire d'être au près d'eux. Il s'agit de ma femme, mon bébé, de nos vies...

Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Malgré tous mes doutes, c'est ce que je voulais entendre.

- Et je trouve que tu as la mémoire courte. Tu m'avais assuré comprendre mon geste et tu me soutenais. Tu as vite retourné ta veste.

Ah non, il ne vont pas s'engueuler à nouveau! Hors de question.

- C'était avant que tu te décides à engrosser ma soeur. Elle a subit assez de merdes comme ça pour en rajouter. Tu ne pouvais pas mettre une putain de capotes!

- Il s'agit peut-être d'un accident mais c'est la plus belle chose qui m'ait arrivé après avoir rencontré ta soeur.

Notre avenir a beau être incertain et nous avons beaucoup de choses à régler mais à cet instant, mon coeur fond.

- Je t'interdis...

Il faut que j'intervienne et vite.

- Tout le monde dehors ! Ne m'obligez pas à appeler la sécurité pour vous évacuer. Qu'est ce que vous ne comprenez pas dans les mots CALME et REPOS? Vous reviendrez quand vous serez calmé. Nous sommes dans un hôpital pas à la foire à mémé.

Je refuse qu'il parte, j'ai trop besoin de lui.

- Non, non, Stéphane, pars pas.

Mes larmes coulent. Je ne veux pas être seule. J'ai trop besoin de lui. J'avais juré ne plus jamais être dépendante d'un homme mais avec lui, je suis sure de pouvoir trouver le juste équilibre.

- Chut, ma puce, je suis là.

J'essaie de me relever pour me blottir dans ses bras mais une violente douleur m'atteint.

- Ne bouge pas, tu vas te faire mal.

- A part Monsieur, les autres vous sortez. Et Madame, je reviendrais avec le médecin d'ici peu pour faire un contrôle. En attendant, pas de stress inutile et au moindre de soucis, utiliser la sonnette pour nous appeler.

Je la regarde s'éloigner et ma main broie celle de Stéphane. Je suis nulle en communication et j'espère qu'il comprendra la signification.

- Carla, je ne vais nulle part et je pense qu'accessoirement mes doigts peuvent encore servir quelques années.

Voilà, ce qui m'a le plus manqué, lui et son humour douteux.

- N'écoutes pas Paul, il dit n'importe quoi.

- Je le sais... C'est l'angoisse qui parle et non lui.

- Il n'avait pas à te parler sur ce ton ni à te demander de me quitter. A aucun moment, il a pensé à moi en te demandant ça.

- Au contraire, tu es sa seule priorité. Il te protège à sa manière. C'est très maladroit mais touchant.

Je n'avais pas vu cela sous cet angle mais je lui ferais quand même la leçon à son retour. Il n'a pas à prendre de décision à ma place.

- Sinon, comment tu te sens?

- Comme si un rouleau compresseur m'était passé dessus. J'ai mal au dos, au cou, au ventre mais du moment que petit Pokemon va bien, le reste m'est égal.

- Pokémon?

Je lui explique donc que c'est le joli surnom de mini-nous.

- Elles ne sont pas moches ces bestioles?

- Tu n'es pas sérieux j'espère. Pikachu est trop choupinou.

Il n'ose pas me contredire mais sa tête me donne envie de rire. Je me retiens car j'ai la sensation que je vais le regretter juste après.

- Tu l'as baptisé comment, toi?

- A vrai dire, je n'avais pas osé y réfléchir. J'ai eu tellement peur.

- Je crois que le plus dur est derrière nous.

Je tente de m'en convaincre aussi sinon je ne vois pas l'interêt de me battre.

Mon regard balaie la pièce et j'en reste bouche-bée.

- Je me suis un peu laissé emporter.

- Tu... Tu as fait tout ça pour moi?

- Oui

Il est parfait. Je suis émue. Personne ne m'avait fait un tel cadeau, auparavant.

- Embrasse-moi.

Il se penche et pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Il se retient et j'en veux plus. Il comprend très vite mon besoin et accentue son baiser.

Un léger toc à la porte rompt le charme de nos retrouvailles. L'infirmière et le docteur qui j'espère auront des réponses à mes questions.

Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant