Chapitre 1 : The Selfish Gene (Richard Dawkins)

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- Mais...

- Non, Hermione, je ne retournerai pas à Poudlard.

Hermione fixait Harry, un air d'incompréhension totale peint sur le visage.

- Mais tu disais toujours...

- Oui, l'interrompit-il à nouveau. J'ai toujours dit que Poudlard était ma maison, que je n'étais heureux que là-bas. Mais je n'y retournerai pas.

Il ne trouvait pas les mots pour le lui expliquer. Il n'avait jamais eu de famille. Son enfance avait été celle des mal-aimés : inexistante. A vrai dire, elle avait commencé quand Hagrid lui avait offert le gâteau écrasé, la nuit de son onzième anniversaire. Pour la première fois de sa vie, on l'avait considéré comme un enfant, et pas seulement comme l'un de ces cadeaux qu'on déteste et qu'on ne peut jeter sous peine de créer des conflits avec la personne qui l'a offert : ces objets laids qu'on est forcé de voir chaque jour, et qui nous pourrissent l'existence. Avec Hagrid, il avait appris, envers et contre les Dursley, qu'il avait aussi le droit d'être aimé. En arrivant à Poudlard, il avait découvert un endroit à lui, où on ne le repoussait pas toujours dans les coins, où on ne lui demandait pas de faire comme s'il n'existait pas. Bien au contraire, d'ailleurs. Il y existait peut-être même trop à son goût.

Mais il y a toujours un moment où l'oiseau doit quitter son nid. L'enfant grandit et quitte la maison de l'enfance, et c'est ainsi qu'il entre dans l'âge adulte. Au début, c'est difficile, et puis on se rend vite compte qu'on est heureux d'être parti. C'est exactement ce qu'avait ressenti Harry en quittant Poudlard après sa sixième année. Quand il était revenu s'y battre, il avait remarqué exactement la même chose que tous ces enfants qui reviennent en visite chez leurs parents : il aimait toujours cet endroit, mais ce n'était plus chez lui. Il avait fait tout ce qui était en son possible pour aider à la reconstruction de l'école après la bataille, plus certain chaque jour qu'il n'avait plus rien à y faire.

Il avait tenté d'expliquer cela à Hermione, mais son amie n'avait rien compris. Pour être plus exact, elle avait plutôt refusé de comprendre. Elle avait eu une maison, qu'elle avait abandonnée elle aussi en modifiant les souvenirs de ses parents. Le fait qu'elle tarde tant à les retrouver le prouvait bien : elle aussi rechignait face aux souvenirs d'enfance. Poudlard n'était pas un lieu porteur d'une telle symbolique : elle pouvait quitter l'école et y retourner sans avoir l'impression de régresser et d'oublier ses acquis.

Alors, Harry avait pris le parti de cesser de s'expliquer. Quand son amie le questionnait, il se contentait de couper court à la discussion. La jeune fille avait vite compris son manège, mais au lieu de changer de sujet, elle insistait.

- Je crois que Ron m'appelle, fit-il avant qu'elle puisse avancer un énième argument.

Il se leva et quitta précipitamment la table de la cuisine du Terrier où Hermione était en train de cosser des petits pois – à la moldue, évidemment. Harry entendit encore Molly s'exclamer :

- Mais où va-t-il comme ça ?

Mais il monta les marches au pas de course et se retrouva rapidement dans la chambre de son meilleur ami.

- Encore ? demanda ce dernier.

Harry hocha la tête. Ron aussi avait décidé de ne pas retourner à Poudlard. Il avait un instant songé à devenir Auror lorsqu'on lui avait offert une place à l'école, mais avait finalement renoncé : il s'était assez battu pour toute une vie. George avait besoin d'aide pour la boutique qu'il allait rouvrir au mois de septembre, et son cadet n'avait jamais été un grand adepte des prouesses académiques. Il préférait faire rire plutôt que de traquer les psychopathes. Il avait donc essuyé les mêmes remarques que le Survivant.

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