Chapitre 28 : Poussières d'étoiles

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Chapitre 28 : Poussières d'étoiles (Hubert Reeves)

Drago se rongeait les sangs. Il était au Terrier depuis plusieurs heures, et ne songeait même pas à s'en plaindre, signe qu'il était particulièrement troublé. Effectivement, la maison, si on pouvait appeler cela comme cela, menaçait de s'effondrer, effectivement, les meubles n'allaient pas les uns avec les autres, effectivement rien n'était droit ou symétrique dans ce qu'il voyait... Il était assis sur une chaise un peu bancale, devant une table de bois brut... Mais il devait être honnête avec lui-même, il n'en avait absolument rien à faire.

Lui, Drago Malefoy, réputé pour son impassibilité et son absence d'empathie, ne se reconnaissait pas... Et pas seulement parce qu'il ne songeait pas à se plaindre d'être entouré de Weasley, dans une maison de Weasley... Non, s'il ne se reconnaissait pas, c'est parce qu'il était mort de trouille, mais pour quelqu'un d'autre.

Il avait tempêté, insisté : il aurait voulu participer à l'expédition, ne pas laisser une de ses seules amies risquer sa vie sans pouvoir rien y faire. Et surtout, il avait conscience que cette bataille-là était décisive, et qu'un échec ce l'Ordre entérinerait une défaite cruelle et permanente.

Vouloir prendre des risques pour quelqu'un d'autre ? Insister pour mettre sa vie en danger ? Heureusement que son père n'était pas là pour voir ça... Une petite voix dans la tête de Drago lui soufflait qu'il était devenu bien idiot, mais il était trop inquiet pour lui accorder la moindre importance.

Drago n'en pouvait plus de son rôle d'agent double, il en avait assez d'être pris pour un moins que rien par les Avant-Coureurs et par Pansy, de devoir mentir quinze fois par jour, et faire semblant deux fois plus, pour avoir la plus petite information... En fait, il avait envie que l'Ordre réglât leur compte aux Avant-Coureurs une bonne fois pour toutes.

Il deviendrait un héros, il demanderait la main d'Elizabeth, il...

Non ! Il devait arrêter de rêvasser. Si l'Ordre gagnait, cela ne changerait rien pour Elizabeth.

A côté de lui, il perçut un ronflement sonore.

Weasley.

Enfin, vu le lieu, cette remarque avait peu d'intérêt. Il allait vraiment être contraint à les appeler par leur prénom. Ron, donc. Comment pouvait-il dormir alors que sa famille et ses meilleurs amis étaient en train de se battre ? Pourquoi avait-il accepté si facilement de rester ici, soi-disant pour « coordonner les opérations » ?

Il ne coordonnait rien du tout, il s'était contenter d'alterner entre des périodes de sommeil et des phases de veille où il n'était que l'ombre de lui-même : le regard dans le vide, il ne parlait à personne, ne faisait rien... Hermione avait raconté à Drago ce qui était arrivé à la petite amie de Weasley.... Ron. Mais la petite amie allait mieux, apparemment, et rien ne justifiait une telle apathie.

Drago s'éclaircit la gorge.

- Weasley ?

Ron ne réagit pas.

- Weasley !

Il ouvrit un œil, aperçut Drago, le referma.

- Mais réveille-toi bon sang !

Enfin, il leva sa tête rousse et jeta un regard vide autour de lui. Il n'avait même pas l'air bougon. Drago ne le connaissait pas vraiment, mais il ne le reconnaissait pas non plus.

- Comment peux-tu dormir dans un moment pareil ? s'agaça-t-il.

Weasley haussa les épaules, et s'apprêtait à poser une nouvelle fois la tête sur la table...

Principe de complémentaritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant