Prologue

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- Mes recherches sont soit publiées, soit confidentielles. Je ne sais pas qui vous croyez être, mais je ne vous dirai rien avant de savoir où je suis, qui est à l'origine de tout cela, pourquoi et comment je me suis retrouvée ici. Et, accessoirement, il serait souhaitable de me laisser m'installer plus confortablement. Ce genre de position n'est pas très adapté aux exposés longs et fastidieux...

Une femme était retenue immobile, couchée à même le sol au milieu d'une pièce nue, sans meubles, et dans laquelle on ne percevait aucun bruit de l'extérieur. Ses yeux étaient initialement recouverts d'un bandeau, mais celui-ci avait glissé. A son grand effarement, à ce moment-là, elle avait découvert que ce qui l'empêchait de se mouvoir n'était autre que des liens immatériels, ou du moins invisibles à l'œil nu. Pour un esprit rationnel comme le sien, la chose était difficile à accepter.

L'homme qui la questionnait depuis des heures était grand, avait le visage recouvert d'une cagoule, et sa voix avait l'écho métallique des timbres modifiés artificiellement. Il était vêtu d'une drôle de cape qui semblait sortir tout droit d'un film fantastique.

- Tu finiras bien par parler, sale Sang-de-Bourbe, cracha-t-il.

- J'ai passé l'âge de me faire insulter. Soit dit en passant, ce serait sans doute plus efficace si je comprenais ce que vous baragouinez, répliqua la femme avec toute la dignité que lui permettait sa posture.

- Tu te crois plus intelligente que tu ne l'es vraiment. Tu vas voir ce qui arrive aux vieilles moldues présomptueuses dans ton genre !

La femme n'eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit. L'homme cagoulé sortit un bâton de bois de la poche de sa longue cape, et l'agita.

Durant la seconde qui sépara le mouvement de la baguette et le jaillissement du sort, personne n'aurait eu le temps de penser à quoi que ce soit. Mais la femme qui était ligotée n'était pas n'importe qui. Elle avait le cerveau bien fait, et réfléchissait vite. Elle comprit en un instant que tout ce sur quoi son monde était bâti était faux. Que cet homme n'était pas fou, et que le bâton qu'il tenait dans la main était bien ce qu'elle craignait qu'il fût : une baguette magique, ou tout autre artefact du même acabit. Elle comprit aussi qu'elle ne pourrait pas bouger, et qu'elle ne pourrait pas éviter l'étrange phénomène que cet homme, visiblement mal intentionné, était en train de produire.

- Endoloris, avait-il marmonné d'une voix rauque.

La femme n'eut plus le temps de réfléchir à quoi que ce soit. Elle se mit à hurler comme elle n'avait jamais hurlé, ce qui n'était pas étonnant : elle avait mal. Mal comme elle n'avait jamais eu mal. 

Principe de complémentaritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant