Chapitre 1 : Nouveau départ

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"Tu n'es qu'une pute Adrianna !", dit-elle en me poussant brutalement par terre.

Elle venait de claquer la porte de chez elle. Je n'allais pas pleurer. Cette femme n'était qu'une tante éloignée qui m'avait recueilli quand ma mère fut morte. Mon père, lui, était déjà loin. Je ne connaissais même pas son prénom car ma mère avait toujours refusé de m'en parler.

Mais à ce moment, ce n'était pas cela qui me faisait le plus de peine. Ce qui me tracassait vraiment, c'était le fait que dès cet instant j'allais devoir vivre toute seule et me débrouiller par moi même.

Certes, ma tante Maria et moi nous nous détestions mais au moins elle me logeait. Elle venait malheureusement de me mettre à la porte à cause de fausses rumeurs.

Des rumeurs... Cette femme d'une quarantaine d'années n'attendait que ça : la moindre petite chose pour me virer de chez elle. C'était elle la vraie pute.

Je me relevai et tapai derrière mes cuisses et mes fesses pour enlever la poussière qui s'y était installé. J'observai les bidonvilles pour savoir de quel coté je partirai. J'entendis la porte s'ouvrir à nouveau.

"Ada..."

C'était Luis, le petit fils de ma tante âgé de 6 ans. J'étais très attachée à lui. Il couru vers moi et je le pris dans mes bras.

"Tu vas me manquer p'tite tête, murmurais-je, mais maintenant j'ai plus ma place ici, je dois partir"

Je le reposai par terre et lui fit un dernier câlin.

"Tu vas me manquer Ada !, dit-il presque les larmes aux yeux
- Toi aussi Luis. Mais on se reverra. Du moins je ferai tout pour."

Je vis qu'il avait ramené un sac avec certainement mes affaires dedans. Je le pris.

Je m'en allai ensuite.

Je savais très bien où je me dirigeais : chez Karen. Cette fille âgée de 20 ans était ma seule amie. Quand à moi j'en avais 19 et je ne savais toujours pas quoi faire de ma vie. Pour l'instant en tout cas, je crois que j'étais mal barrée pour avoir un bon avenir.

Après de longues minutes de marche j'arrivai devant la vielle maison de Karen. Je frappai à la porte.

"Adriii, dit elle en sautant sur moi, qu'est ce qui t'amène ?!
- Je texpliquerai. Ça va toi ?
- Écoute, bien ! Ça fait longtemps que je t'ai pas vu !
- Moi aussi", souriais-je

Je souris aux deux dames qui étaient assises sur des chaises, en face d'un miroir chacune. Oui, car Karen avait ouvert son propre salon de coiffure chez elle. C'était de cette façon qu'elle gagnait sa vie.

"Merci ma belle, j'aime beaucoup", dit l'une des dames

Au lieu de s'en aller elle prit un magazine et commença à le lire. Apparemment ses clientes aimaient bien passer du temps ici.

"Angie je reviens dès que ton masque est resté assez longtemps"

Karen vint alors vers moi qui était restée debout.

"Viens la Adrianna, assis toi"

C'est ce que je fis.

"Je te fais un soin des cheveux et en même temps tu me racontes tout.
- Mmh. C'est juste que Maria m'a viré.
- Quoi ?! Je savais que cette garce était mauvaise ! Quand j'habitais encore près de chez toi cette sorcière me faisait peur.
- À ce point ?, souriais-je
- Je te jure ! Mais c'est quoi le prétexte qu'elle a trouvé ?
- Elle a dit que tout le monde me traitait de prostituée et que je lui faisais honte.
- Hm je l'ai toujours détestée, et je suis sûre qu'en plus de ça il n'y avait aucune rumeur !
- Tu as tout compris"

Je voyais le regard étonné des dames qui étaient à coté.

"Du coup je sais pas ce que je vais devenir la.
- Manquerait plus que tu sois tueuse à gage", rigolait une dame

Cela nous fit rire.

"Ça pourrait me rapporter beaucoup, réalisai-je
- T'es pas sérieuse ?" M''interrogea une des deux dames

L'ambiance commençait à devenir tendue. Dans le quartier où j'habitais, la violence était très présente et beaucoup de personnes mourraient pour des histoires de vengeances. J'étais même certaine que les deux femmes avaient elles aussi perdu au moins un proche à cause de ça.

Le fait que dans l'endroit où j'habitais, un grand nombre de personnes étaient pauvres, la plupart des jeunes faisaient des choses illégales pour gagner un peu d'argent et survivre.

On peut dire que la violence était un peu dans notre culture.

"Oh et puis c'est pas aujourd'hui que tu vas commencer ça, t'as jamais tué quelqu'un," lança l'une d'elle avec un rire nerveux

À cette phrase, Karen s'était refroidie et nos regards s'étaient croisés dans le miroir. Elle me fixait même. Elle et moi savions très bien que nous pensions à la même chose, mais je ne préférais pas y penser plus longtemps.

"De toute façon ils te violeraient ou te feraient du mal, ajouta Karen, t'as déjà vu une tueuse à gage sérieux ?
- Qui a dit que j'allais y aller en tant que fille ?"

C'est à cet instant qu'elles s'étaient retournées vers moi d'un coup, et que Karen m'avait lancé un regard plein de peur à travers le miroir.

ColombianosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant