Il ne me regardait plus. On était seuls dans sa planque, mon frère avait disparu et Fredy était introuvable. Gustavo avait été tué par les propres mains de Rajan et ses hommes aussi étaient, je pense, tous morts. Il était à ce moment le plus grand dealer de Colombie ; plus aucune concurrence.
Son regard était perdu dans le vide, il fumait. Je venais juste de lui annoncer la mort de Borris, et je n'arrivais pas à savoir s'il m'en voulait.
"Je suis désolée...
- Ta gueule"Je me sentais au plus mal. Et cette fois, il n'y avait ni Karen pour me réconforter ni personne. Je devais juste être forte. Je me demandais simplement à quoi il pensait.
Il se leva.
"J'ai un boulot pour toi ce soir."
Il n'y eut aucune réaction de ma part. J'étais trop triste pour me plaindre ou bien me réjouir.
"Maintenant casse toi, j'ai besoin d'être seul"
Je comprenais qu'il soit triste mais pourquoi devait il toujours me manquer de respect en me parlant mal ?
Je sortis de cette sorte de cabane et erra dans la rue pendant des heures. J'ignorais si Ayden était mort et cela me tracassait plus que tout. J'en avais marre de devoir le convaincre de venir avec moi et le chercher. S'il était vivant et s'il voulait revoir sa petite soeur, alors qu'il le fasse.
Il me restait un peu d'argent du dernier travail que m'avait donné Rajan. J'allais m'acheter une bouteille d'eau et de quoi manger. Je m'assis sur un banc, seule, et commença à manger.
Des lycéennes passèrent devant moi tout en se moquant. Je pouvais les entendre dire :
"Regardez comment elle est toute sale, ria une
- Et ces cheveux courts la, on dirait un mec"Leurs mots ne me touchaient pas tellement car j'avais des problèmes plus importants. J'avais longuement observé ce quartier pauvre, les passants, les vieux magasins abimés et les maisons collées les unes aux autres.
Le soir, j'avais trouvé un endroit assez caché pour dormir. J'avais eu du mal à m'endormir car j'avais peur qu'un homme me viole. Certes, j'avais une arme, mais certains garçons de ce quartier étaient complètement fous.
Le lendemain matin, c'est le soleil qui me réveilla. Je me levai.
J'avais mangé quelque chose que je venais d'acheter et était allée m'asseoir quand mon regard s'arrêta sur un groupe de trois gars qui m'observaient.
Ils s'avancèrent vers moi.
"Tu serais pas la pute de Rajan toi ?"
Je bondis du banc et lui collai au front mon arme. Sa remarque m'avait vraiment heurtée.
"Redis ça et je tire sale chien."
Ses deux amis étaient prêts à me tirer dessus aussi ; l'un du côté de ma tempe droite et l'autre à gauche. Ils croyaient me faire peur.
"Je veux que tu m'amènes à lui, me demanda celui qui venait de m'insulter
- Tu te démerdes, je t'amènerai nul part, lui dis-je froidement
- Tu vas commencer à m'énerver salope.
- C'est bon laissez-la", ordonna Fredy
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Colombianos
ActionElle savait que la Colombie était un pays dangereux. Elle y vivait depuis toute petite mais jamais elle n'avait été en contact avec les trafics de drogue et les violences. Mais peu à peu, elle allait devenir comme les délinquants qui l'entouraient.