Prologue

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Printemps 1667 :

Une douce soirée de printemps 1667, un carrosse à quatre chevaux filait à toute allure sur les routes tortueuses de Paris. Des éclats de rire entremêlés à des cris d'enfants s'en échappèrent.

« Oh Papa, racontez-nous encore une fois les aventures de Sindbad ! s'exclama la fillette en claquant de ses petites mains mates.

— Non Père ! Combien de fois devrions-nous l'écouter, protesta le garçon assis à côté d'elle.

— Autant de fois que je le voudrai, rétorqua la petite fille, n'est-ce pas Papa ?

— Contez-nous plutôt les aventures de ce sultan qui délivra le Roi de France. »,proposa-t-il en posant ses mains sur les genoux de son père sans écouter sa voisine de voyage.

Celle-ci fronça les sourcils, croisa les bras avec une moue autoritaire en direction de son frère provoquant un fou rire général.

« Voilà qui est bien fâcheux ! », dit le père avec une pointe de malice dans ses pupilles noires.

Celui-ci se tourna sérieusement vers sa jolie épouse en passant son immense main dans sa grosse barbe poivre et sel.

« Ma mie, que me conseilleriez-vous ? L'histoire de Sindbad, le marin ou l'histoire de Soliman, le Magnifique ? »

La mère de famille se détourna de la longue lettre qu'elle lisait puis se jeta un regard plein de tendresse et de malice à son époux.

« Je ne sais point, mon tendre mari », répondit-elle

Elle replia le document qui était en sa position puis vint en déposer un doux baiser sur sa joue.

« Comment allons-nous faire pour départager tes enfants ? Devrions-nous en faire d'autres plus sages pour régler le problème ? », s'en amusa-t-elle en se tournant élégamment vers ses enfants.

La plus jeune avait une à la mine boudeuse et capricieuse tandis que le second arborait un air perplexe et fier, digne d'un prince.

« Ce serait une excellente idée, ma douce.

— Oui. délibéra l'élégant garçon avec plein de dédain. Surtout qu'on a vu ce que cela donnait avec la seconde. Je ne suppose que je ne peux vous en vouloir, mes chers parents, d'avoir voulu égaler l'inégalable. »

Le père et la mère s'échangèrent un regard complice puis se mirent à rire de bon cœur devant la réflexion de l'aîné. Malgré son aspect imposant voire effrayant, le père avait un visage joufflu dont les rides au niveau des yeux trahissaient son naturel rieur et joyeux.

« Tu devrais être heureux d'avoir une sœur comme moi. Toi qui n'es pas très malin. Allons, papa, les aventures d'un marin sont tellement plus passionnantes que celui d'un roi. »

La cadette implora du regard son père sous celui noir de son frère puis lui tira la langue avec dédain.

« Mon cher mari, devons-nous utiliser des moyens peu recommandables pour choisir entre nos enfants ? »

La mère de famille enlaça la main de son mari d'un geste gracieux tout en lui lançant un regard espiègle. L'amour et la complicité de son couple uni ne pouvaient échapper à personne.

« Qu'avez-vous à nous offrir ? » questionna le père aux enfants.

Alors que le jeune garçon se tourna vers la fenêtre pour réfléchir à une proposition, la fillette, elle, s'avança vers son père pour pouvoir le chatouiller. Lorsque le carrosse s'arrêta soudainement.

Sous l'effet du choc, la fillette tomba sur les fesses et grimaça de douleur pendant que son frère, qui n'avait rien raté de la scène, s'esclaffa.

Aëla - La Légende de la Princesse De MoretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant