NdA: Chapitre Inédit et sujet à une correction
La porte, sur laquelle étaient peints deux anges joufflus, l'un assis sur un nuage avec un arc et le second survolant une couronne, se ferma délicatement sur une dame qui avait pris soin de retirer le pan de sa bouffante jupe albâtre afin de ne pas l'abîmer.
Pendant qu'un laquais retirait le petit escabeau, le portier informa, d'un simple signe de tête, de démarrer au cocher.
Le véhicule, que bien des courtisans auraient jugé trop sobre pour la Reine de France, traversa le jardin verdoyant puis la fontaine de la cour carrée du Palais du Louvre.
A travers la grande fenêtre inondée par les rayons encore chauds de ce soleil d'Automne, Nicolas suivit du regard le fiacre s'éloigner rapidement par la somptueuse colonnade de l'aile Est du château escorté par les soldats de la garde royal et les mousquetaires de la première compagnie.
Autour de lui, des tailleurs ajustaient la veste d'un pur bleu-roi, sortie du porte-malle que portaient des garçons sous le regard inquisiteur du grand maître de la garde-robe. Un bras suspendu dans le vide, Nicolas leva les yeux vers le fronton central duquel le buste du Père du peuple français, son père, l'observait impassiblement avec ce front haut et ces yeux froids qui lisent en vous comme dans un livre ouvert.
« Qui veux-tu être, Nicolas ? Un prince craint par mes sujets, par mes courtisans ou un vulgaire prince que l'Histoire ne retient pas,s'adonnant à ses piètres passions comme ton insipide frère ? Au lieu de s'intéresser aux intérêts de la France ? » grondait la voix majestueuse et sèche de la statue de son père.
Dépité, Nicolas se rembrunit aussitôt, pendant qu'un nuage traversa obscurcissant le ciel.
Même ici, dans ce petit havre de paix que lui offrait le Louvre, tout lui rappelait la cour insidieuse de Versailles et l'omnipotence de son père. Quoi qu'il fasse ou qu'il aille, il était presque impossible de ne pas sentir l'étouffante présence du Roi-Soleil. Il desserra le col de sa chemise, à la surprise des tailleurs qui restaient figés, apeurés comme pris en faute. D'un geste de la main, il les congédia, préférant rester seul face à cet illustre père.
*** ***
« Un prince de sang ne peut agir comme un vulgaire roturier », dit calmement le roi pendant l'office.
Debout à la droite de son père, Nicolas lança un clin d'œil coquin à Mademoiselle de Rosebourg, ravissante dans sa robe verte qui se trouvait à la tribune de la gauche, où les dames de la Cour prenaient place. Gênée, elle esquissa un sourire avant de croiser l'air contrariée de la Montespan et se concentra sur l'office.
« Ce prêche est si ennuyant qu'il faut bien trouver une distraction quelque part. Aimer votre prochain, dit-on j'applique ce principe à la lettre », murmura Nicolas assez fort en direction de son père, le sourcil levé fièrement.
Derrière lui, la gracieuse princesse de Conti réprima un rire à la réflexion de son demi-frère tandis que le Grand Dauphin assassina du regard ce cadet qui se croyait si malin. Louis fulminait et croisa les bras, contrarié de ne pas être au côté du roi, place qu'il légitimait. Non, il avait fallu que le roi choisisse cet éffronté, impotent et ingrat frère auprès de lui pendant la grande messe.
Devant l'agitation, Marie-Thérèse qui occupait la place à la gauche du roi, s'interrompit un instant , le chapelet entre les mains. Tendrement, la Reine de France se pencha pour observer ce charmant fils barbu qui lui souriait de toutes ses dents en haussant les épaules, comme un enfant pris en fautes. Elle plissa les yeux où quelques ridules apparaissaient autour des petites tâches brunes, comprenant rapidement la situation et lui fit un petit signe complice. Puis elle observa son mari qui ne lui prêtait pas le moindre égard avant de porter toute son attention sur l'autel en bronze doré où le prêtre prêchait.
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Ficción históricaAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...