« Que caches-tu, Aëla ? », demanda simplement Volupia lorsque celle-ci revint.
*** ***
Aëla se raidit derrière le bar. Nerveusement, elle se mordit ses lèvres inférieures, prise en faute pendant que la coquette Volupia pivotait face à sa proie, les yeux grands ouverts. Celle-ci avança son buste et s'accouda sur le comptoir, battant des cils, impatiente d'écouter les confessions de la brune.
Cette dernière serra le chiffon qu'elle tenait entre ses mains, contre elle, préoccupée. Elle était réticente à l'idée de partager ce qu'elle avait appris. Elle n'avait pas envie d'entendre les remontrances de son acolyte lorsqu'elle saurait qu'elle avait sauvé et laissé filer un espion de la Cour qui en avait après la bande.
Aëla prit, donc, une grande inspiration et releva la tête vers la mutine créature qui jouait avec sa chevelure chatoyante.
« Rien ! » mentit l'intrépide jeune femme en reculant.
Sa voix qui partait soudainement dans les aigus la trahissait. Elle se racla la gorge, prétextant un mal de gorge. Elle rangea une mèche derrière son oreille et fixa sa coquette amie qui affichait un léger sourire.
« Je ne te cache rien du tout, reprit-elle d'un ton plus assuré. Maintenant, peut-on revenir à Paul ?
- Ce regard ?
- Quel regard ?
- Tu as les yeux tout écarquillés.
- Je n'ai pas les yeux tout écarquillés.
- Et, tu cocottes*, dit inopinément Volupia en se peignant les cheveux, qui observait avec curiosité Aëla, troublée. Tu cocottes l'homme à des kilomètres. »
Les joues de cette dernière s'empourprèrent d'une manière incontrôlable. Cependant, le rouge était imperceptible à Volupia, grâce à sa peau tannée. Elle croisa ses bras très hauts et bien serrée afin de se protéger du regard perçant de son amie.
« Tu divagues.
- Vraiment ? » rétorqua Volupia une moue faussement ingénue, loin d'être dupe.
La brune à la peau mate reconnaissait l'étincelle qui pétillait au fond des yeux de son amie qui ne présageait rien de bon.
« Puisque tu ne veux pas me dire ce qui s'est véritablement passé, souffla-t-elle, je le devinerais moi-même. »
La Charmeuse, comme l'appelaient les clients de la taverne, approcha son petit nez mutin vers les lèvres corail d'Aëla, poussant cette dernière dans l'embarras.
« Tu es une vilaine petite cachottière ! Tu rentres tout échevelée, ta tunique est déchirée, pointa-t-elle nonchalamment, et tu changes subitement de sujet. « Mon cœur se languit de vous. Je ne puis souffre plus longtemps de votre absence », cita-elle en inclinant sa tête, ravie. Cela te rappelle quelque chose ?
- Rien du tout, répondit Aëla dans un éclat de rire en haussant les épaules, masquant son trouble. Cela est niais à souhait !
- Ton nez s'allonge. As-tu cru que je n'avais pas remarqué la lettre que Constant a écrite ? Et, avant que tu ne le blâmes. Non, il ne m'a rien racontée. Il a été muet comme une tombe. Je l'ai juste lu par-dessus son épaule puis je l'ai vue te la donner. Aëla, c'est très vilain de jouer de mentir ! »
Avant qu'Aëla ne puisse s'expliquer, l'insolente Volupia fit un clin d'œil puis se leva de son tabouret. Une main sur les hanches, elle claironna pleine d'enthousiasme vers la salle enfumée par l'odeur épicée :
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Ficción históricaAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...