« Monsieur de Langlée, je vous laisse les esquisses sur votre petite table ! », s'écria Pénélope de Berry dans l'arrière-boutique du tailleur le plus prisé de la capitale.
Pénélope se trouvait seule dans l'atelier, les couturières étaient toutes attelées à faire certaines retouches auprès des clients.
Elle se tourna vers les étagères dans lesquelles étaient rangées, dans un désordre apparent, des multitudes d'étoffes. De Berry admira l'arc-en-ciel de couleur devant elle.
Ses doigts effleurèrent des bandes de tissus aussi variées que colorées allant du taffetas, de dentelle, du coton jusqu'à la soie la plus raffinée.Un doux sourire se dessina sur son joli minois. Elle connaissait les moindres recoins de cet atelier, maintenant. C'était son refuge, son havre de paix. Elle aimait effleurer, toucher, sentir les tissus pour s'en imprégner pour ses créations.
Plongée dans sa rêverie où mille esquisses prenaient forme, son pied buta contre un rouleau. Elle tenta de se rattraper. Dans sa chute, elle manqua justesse de se cogner contre la table où gisaient aiguilles, épingles, strass, boutons et perles de nacre.
Pénélope se redressa en s'appuyant contre la table faisant tomber au passage quelques boutons de nacre, éparpillés au sol.
« Bon sang », jura-t-elle.
Pénélope retroussa ses jupons puis se baissa. Elle les ramassa en maudissant sa gaucherie. Une certaine nostalgie serra son cœur. Elle n'était peut-être prête à quitter ses lieux. Elle se remémora le jour où elle avait franchi les portes du célèbre tailleur. La petite voix d'Aëla résonna en écho dans son esprit, comme un fantôme du passé.
« Pourquoi ne rentres-tu pas dans cette boutique ? Que risques-tu ? »
La douce Pénélope en avait bien envie mais elle se l'interdisait de peur d'embarrasser sa famille et son nom. Elle passait tellement de fois devant la devanture du tailleur avec sa domestique Jeanne et Aëla, sa sœur de cœur. Elle rêvassait devant et admirait tant les magnifiques robes dans lesquelles se pavanaient les femmes les plus élégantes de la Capitale. Oui, la jeune Pénélope rêvait et enviait secrètement que son trousseau regorge des semblables. Cependant de la Noblesse, elle n'en avait que le titre.
Dès que l'innocente enfante rentrait chez elle, elle s'empressait de monter quatre à quatre les escaliers, comme pour ne pas laisser l'inspiration filer. Essoufflée, elle entrait dans l'exiguë chambre qu'elle partageait avec Aëla. Pénélope s'asseyait sur le cabinet bien sommaire et ordonné. Elle prenait un papier et son fusain. Comme un chef d'orchestre, elle dessinait les modèles dont elle avait mémorisé, minutieusement et précision. Aucun détail ne lui échappait, la forme de la robe, le tissu, la dentelle, et autre pierreries. Lorsque le croquis était fini, elle ramena délicatement quelques mèches blondes qui auréolaient son visage, en détaillant son dessin d'un œil expert. Avec un enthousiasme, Pénélope de Berry se levait, et présentait son dessin à Aëla qui un livre à la main et un bâton, de l'autre, s'entraînait aux armes.
Celle-ci s'arrêta émerveillée :
« Mademoiselle De Berry, en voici bien du talent ! Vous voyez lorsque vous le voulez, dit-elle en imitant le maître de danse.
―Oh Aëla ! Peux-tu cesser un instant ? Dis-moi ce que tu en penses ! demanda nerveusement Pénélope.
― Que tu devrais avoir plus confiance en toi ! Et, qu'il est temps que tu imagines enfin tes propres robes, lui avait lancé cette dernière en s'écroulant sur le lit.
― Tu me flattes uniquement pour vendre mes dessins, rabroua Pénélope mal à l'aise devant les louanges d'Aëla.
― Comment oses-tu ! », se releva Aëla indignée.
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Historical FictionAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...