Quelques heures plus tard, une main enfantine aux tâches de rousseur retira avec vigilance le torchon mouillé qui reposait sur le front de Nicolas plissé. Elle posa le dos de sa main sur son front encore chaud. Avec soulagement, elle se rendit compte que la fièvre était tombée. Rêveuse, elle s'attelait à détailler chaque détail de ce visage qu'elle trouvait parfaitement proportionné.
« Arrête de rêvasser ! Il repartira dès qu'il ira mieux.», grogna Anselme en posant un vase d'eau sur la table en renversant quelques gouttes d'eau sur la table.
D'humeur grincheuse, il se hissa sur la commode en bois où la cape de Nicolas y était déposée pendant que Sophie essorait le chiffon plongé dans l'eau glacé du vase.
« Enfin s'il se réveille un jour, continua-t-il sceptique, peut-être qu'il ne devrait pas se réveiller, parce qu's'il tombe sur Aëla, il signe son arrêt de mort. Guillotine ! C'est tout ce qu'il avait sur lui ? lança Anselme en prenant la cape.
Elle s'arrêta un moment pour surveiller son frère qui fouillait sans aucune honte.
« On ne t'a jamais dit de ne pas toucher aux affaires des autres.
― Vis dangereusement, Sophie ! Tu étais d'accord pour le rouler tout à l'heure ! Tu as changé d'avis, peureuse ! Pourquoi ? Quand ?
― Je ne veux tout simplement pas avoir plus d'ennuis. Regarde où cela nous a conduits. Je suis consignée avec toi !
― Dans ce cas-là, il peut être dangereux. Tu connais l'adage prudence est mère de sûreté ! »,lança-t-il malicieusement en jouant des sourcils.
Désabusée par autant de bêtises, Sophie leva les yeux et frappa la main baladeuse avec le torchon, d'un coup sec. Anselme lâcha immédiatement la cape en rognonnant quelques jurons. L'avertissement de sa cadette ne l'empêcha pas de recommencer dès qu'elle eût le dos tourné. Elle soignait le barbu convalescent, avec beaucoup trop d'attention, selon lui.
En sentant le linge humide et froid sur son front, Nicolas revint à lui dans un soubresaut. Il entendait quelques échos de voix. Il tenta de bouger mais une migraine fulgurante matraquait sa tête l'empêchant de bouger. Dans les vapes, il attrapa brutalement la forme obscure qui l'attaquait.
« Où suis-je ? », demanda-t-il brusquement.
Ce dernier parvint à distinguer les traits encore flous d'une fillette penchée sur lui qui avait hoqueté de surprise.
« Lâche-la, immédiatement ! »
Nicolas se releva péniblement et pivota la tête vers la voix hargneuse. Un garçon roux, plus petit que Louis-Auguste, sauta de la commode l'air renfrogné. Il était prêt à lui bondir dessus, comme un chien après son os.
« Qui êtes-vous? Et que fais-je ici ? articula Nicolas difficilement d'une voix pâteuse.
― Ton pire cauchemar, Belle Gueule, dit sérieusement Anselme.
― Anselme ! s'égosilla Sophie pendant que son frère éclatait de rire à s'en taper le bide.
― Si tu voyais ta tête, Belle Gueule ! Détends-toi on est des anges venus te sauver. Cela te convient mieux, Sophie ? »
Pendant que les deux enfants se disputaient, le prince balaya la chambre exiguë en s'adossant contre le bois de lit. Le matelas froid et dur était loin de son confort habituel. La persienne délabrée éclairait la mansarde à la lumière orangée du soleil couchant, laissant transparaître les particules de poussière qui enfumaient la pièce. Une musique paillarde et des cris couvraient de temps à autre les voix des enfants.
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Historical FictionAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...