"Nos ennemis sont plus à craindre dans leur dissimulation que dans leur emportement."
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Gabriel Girard (1747)*** ***
Mars 1668 :
Durant le pluvieux mois de mars 1668, le victorieux souverain Louis Dieudonné parcourut d'un pas décidé les couloirs du modeste château de Versailles, accompagné de ses ministres et d'une foule de courtisans.
Malicieusement, il inclina sa tête avec un sourire gourmand en croisant le regard sulfureux de l'incarnation de Vénus, Athénaïs de Montespan, la dame de compagnie de Marie-Thérèse d'Autriche.
Il déambula dans le couloir d'un pas dansant ! Tout lui souriait ! L'Espagne, son ennemi, s'était pliée face à ses tactiques militaires ingénieuses. Guillaume d'Orange plierait aussi.
Tout le monde parlait du siège de la Flandre en moins dix-sept jours.
Il y a eu César et maintenant il y a lui, Louis XIV !
Ce dernier avait montré aux autres souverains européens qu'il gouvernait d'une main de maître et domptait ses ennemis sans ménagement, à l'image de Bouquet.
Les portes de la salle des Ministres s'ouvrirent immédiatement sur son passage sous un fond musique composée par Lully. Le souverain monta sur le petit podium où quelques valets s'attelaient à le changer alors que le maître de la garde-robe lui proposait des cravates tendues par le porte malle.
Les ministres défilaient un par un devant lui ; il rejetait certains projets, en acceptait d'autres ou demandait conseil à Colbert. Puis, Louis examina attentivement les derniers aménagements proposés par le Nôtre, le Vau et le Brun sous les protestations du surintendant des Finances.
« Colbert, réprimanda le Roi en refusant une cravate pourpre, rien n'est trop beau pour le Roi et la France. Tâchez de vous en rappeler, mon cher ! »
Ce fût à ce moment-là que le valet de chambre Bontemps reçut la nouvelle apportée par un page qui s'était discrètement faufilé dans la foule des ministres. Le premier valet fit un petit signe de la tête au Roi qui ordonna à tous de quitter les lieux. Puis le souverain interrogea son valet du regard.
« Monsieur le Roi, les mousquetaires sont de retour et vous attendent dans votre bureau, informa Bontemps d'un ton neutre.
— Bien », déclara-t-il en descendant du podium alors que l'homme de confiance du roi tira sur une torche.
Un mécanisme s'enclencha dévoilant une petite porte à la dérobée. Ils empruntèrent tous les deux le passage, puis pénétrèrent dans le bureau caché du Roi dans lequel attendaient de Berry et d'Artagnan.
« Quoi ? Répète un peu pour voir si tu es un vrai mousquetaire, toi ! s'emporta le Gascon en tirant sur son épée.
— Je dis juste que la probabilité qu'elle soit sous mon charme est plus importante. Ceci est d'une logique implacable, même un aveugle le verrait ! Franchement, regarde-moi ! Et regarde-toi, tu es si... »
Jacques de Berry renifla d'un air dédaigneux son ami, comme si cela suffisait à exprimer au mousquetaire toute sa supériorité.
« Et toi, tu es si majestueux, de Berry ? », interrompit le Roi d'un ton sarcastique alors que le premier valet lui emboîtait le pas en gloussant silencieusement.
Immédiatement, d'Artagnan fit une révérence en jetant un coup d'œil moqueur à de Berry qui courbait l'échine en bafouillant vaguement quelque chose.
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Historical FictionAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...