C'était à cet instant qu'une silhouette cachée sous une grande capuche apparut sur le toit. Le souffle court, Pénélope murmura :
« Robin... »
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La jeune de Berry scrutait avec curiosité la silhouette impressionnante perchée sur le toit de la chaumière. Une brise caressait ses cheveux blonds tandis qu'elle s'avança pour mieux observer celui que Paris nommait le voleur au grand cœur.
Un léger frisson lui parcourut l'échine qui mettait tous ses sens en éveil. Une sensation étrange lui transcendait son corps, cette sensation qui vous assène lorsque vous êtes témoin d'un événement peu ordinaire.
A sa gauche, se trouvait un groupe d'enfants perdus. Ces enfants livrés à leur propre sort, qui prenaient les rues de la Capitale comme un vaste labyrinthe, jetaient des petits cailloux à deux hommes, aux regards hagards, attachés par leur bas de chemises. Ligotés, traînés dans la boue de Paris, les vêtements déchirés par un affrontement violent, les gabelous baissèrent honteusement leurs têtes, humiliés par les jurons et les fustigations de la foule.
Juste à la droite de Pénélope de Berry, deux jeunes hommes élégamment vêtus, droits comme des piquets, contemplaient ébahis et perplexe l'inattendu spectacle qui s'offrait à eux.
Théophile, plein de dédain, ne cessait de tripoter nerveusement avec son chapeau tandis que Nicolas, mi- amusé, mi- surpris, examinait minutieusement la scène. Son regard passa tour à tour sur une fillette couverte de bleus visiblement violentée, puis sur les deux collecteurs d'impôts apeurés et honteux, pour s'arrêter sur un drôle de personnage fin et masqué.
Pénélope ne faisait ni attention à la foule qui crachait sa colère, ni aux deux jeunes hommes ni aux enfants perdus, trop concentrée à essayer de distinguer la mystérieuse ombre perchée sur le toit.
Puis d'un battement de cils, un simple clignement de paupière, l'homme avait disparu laissant Pénélope, Théophile et Nicolas ébahis.
« Mais qui est-ce donc ? s'enquit patois Théophile en se recoiffant.
— Où est passé-t-il ? Où est ce fameux Robin ? », murmura-t-elle en le cherchant du regard.
Frustrée, elle soupira en serrant les pans de son jupon. Elle n'aimait pas ce fripon que La Gazette décrivait de voleur, de scélérat, d'imposteur s'amusant à détruire de la réputation de Paris mais il risquait sa vie pour une famille dans le désespoir. Alors, pourquoi son cœur battait-il ainsi ? Pourquoi était-elle si déçue en s'apercevant que l'ombre avait disparu ? Au fond d'elle-même que connaissait-elle vraiment de cet homme? Était-il aussi dangereux ? Avait-elle raison de se méfier et de le mépriser autant ?
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Fiction HistoriqueAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...