Mai 1681 :
Un jeune homme habillé galamment et à l'allure frêle s'arrêta devant un couple qui batifolait près des buissons de l'Allée du Roi.
Mal à l'aise devant la scène qui se déroulait sous ses yeux, il fixa le sol au garde à vous, mains plaquées au dos. Il se racla la gorge pour signaler sa présence et cogna frénétiquement les talons rouges de ses souliers, habillés par deux délicats rubans bleus et dorés.
En apercevant son valet Léon, Nicolas écarquilla ses yeux. D'un geste habile, il fit valser la demoiselle qui ricanait et indiqua par des grands gestes à son valet de s'en aller.
« Je suis navré de vous déranger, Monsieur, se hasarda Léon, le regard ne se détachant pas du gravier blanc au sol, cependant... »
La demoiselle sursauta à l'entente de la voix à l'accent rond. Les joues rougies, elle racla sa gorge gênée et recoiffa rapidement ses cheveux blonds ébouriffés par le prince qui laissa tomber sa tête sur son épaule, déçu.
« Ce n'est que Léon, mon valet. Il finira bien par partir, lui susurra Nicolas en jouant avec ses boucles.
― Votre père, Monsieur le Roi... »
À ce nom, la femme aux boucles anglaises couina de surprise interrompant Léon qui s'exaspéra intérieurement. Ce dernier reprit avec un ton indifférent masquant son impatience.
«..souhaite s'entretenir avec vous. »
Nicolas lâcha un grognement.
« N'y a-t-il aucun moyen de s'amuser un peu dans cette cour ? »
Puis en caressant le bout du nez aquilin de la jeune femme au teint aussi fardée que le rouge de sa robe, il s'empressa de rajouter, charmeur :
« Surtout ne bougez pas, ma douce ! »
Et, il vola un baiser à la demoiselle fougueux, au grand dam de Léon qui ne savait plus où se mettre.
Nicolas, après un dernier regard langoureux pour la belle de passage, tourna les talons et suivit son valet. Arrivé à la porte, dans un excès de zèle, il lança un clin d'œil à son admiratrice, qui s'éventa en baissant le regard, rougissante.
« Cinq, quatre, trois..., décompta le jeune homme d'un ton charmeur.
― Je suis fort étonné de savoir que vous savez compter ! commenta avec ironie Léon dans sa barbe.
― Un ! »
Immédiatement, s'ensuivirent des ricanements, des gloussements et des cris hystériques de la gent féminine. Avec plein de condescendant, Nicolas se tourna vers son valet avec un sourire narquois.
« Léon, as-tu pris des notes ? se dandina Nicolas tout en prenant son valet consterné par les épaules. Voici comment l'on traite une femme. »
Léon tenta de se dégager d'un geste d'épaule mais en vain.
« Mon ami, comment se fait-il que j'arrive à semer nos gardes royaux mais toi, jamais ? Es-tu un espion secret de la Cour ?
― Là où les femmes trépassent, le Prince n'est jamais bien loin, rétorqua calmement le valet avec une certaine philosophie. Il suffit de suivre l'odeur de femmes en émoi. Inutile d'être Mousquetaire ou espion pour s'en apercevoir.
― Touché ! », rit Nicolas de bon cœur en donnant une bonne tape dans le dos de Léon, qui lui arracha une grimace intérieure.
« Ah ! Voici, une excellente journée qui s'annonce, mon cher Léon ! »
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Historical FictionAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...